Les secrets de la nouvelle offensive du Polisario en Amérique Latine et aux Caraïbes

La Havane: le chef du polisario, Brahim ghali, a été reçu, hier mardi par le nouveau président cubain, Miguel Diaz-Canel.

La Havane: le chef du polisario, Brahim ghali, a été reçu, hier mardi par le nouveau président cubain, Miguel Diaz-Canel. . DR

Après Mexico, où il a été accueilli par le Sénat jeudi 29 novembre, le chef du Polisario a mis le cap mardi 4 décembre à la Havane, où il a reçu le soutien du nouveau président cubain, Miguel Diaz-Canel. Décryptage.

Le 05/12/2018 à 12h42

Le chef du polisario poursuit sa quête de soutien en Amérique Latine et aux Caraïbes. Après le Mexique, où il a assisté à l'investiture samedi 1er décembre du nouveau président élu, le castro-chaviste Andrés Manuel López Obrador (A.M.L.O), Brahim Ghali s'est en effet rendu à La Havane, où il a été reçu en audience hier mardi 4 décembre par le nouveau président cubain, Miguel Diaz-Canel, élu en avril dernier, en remplacement de Raul Castro, frère du "lider" Fidel Castro.

"Lors de cette rencontre, le président cubain a réaffirmé la solidarité de l'île avec la cause sahraouie et le soutien à son droit à l'autodétermination", rapporte l'agence Granma, porte-voix du parti communiste cubain.

Bien sûr, ce soutien n'a rien de secret, la république cubaine n'a eu de cesse de l'apporter publiquement à la "rasd" depuis 1980, année à laquelle le Maroc avait rompu ses relations diplomatiques avec la Havane, en protestation contre la reconnaissance de la "rasd".

Mais voilà, les relations entre Rabat et La Havane ont été rétablies en avril 2017 grâce à la diplomatie proactive du roi Mohammed VI. Près d'un an plus tard, le 29 juin 2018 précisément, un ambassadeur marocain a été installé pour la première fois à la Havane, en l'occurence le socialiste Boughaleb El Attar. Le 28 août dernier, c'est au tour d'Elio Eduardo Rodríguez Perdomo de remettre ses lettres de créance au MAECI, Nasser Bourita, en tant qu'ambassadeur plénipotentiaire et extraordinaire de son pays au Maroc avec Résidence à Paris.

Depuis, plus rien ou presque. Après la percée royale entamée dans la "citadelle" cubaine -jadis forteresse imprenable, tellement elle était acquise au tandem Alger-Polisario-, la diplomatie marocaine ne s'est pas manifestée pour occuper le terrain, encore moins pour anticiper une "riposte" ennemie qui était plus que prévisible.

Mais passons, car ce qui était vrai de Cuba l'était aussi du Mexique. Là encore, notre diplomatie, officielle et parallèle comprise, a péché par une absence d'anticipation inquiétante de ce qui allait advenir dans ce grand pays d'Amérique latine, soit l'arrivée au pouvoir du nouveau président élu du Mexique, en l'occurence Andrés Manuel López Obrador, d'obédience castro-chaviste.

Or, le soutien marqué aujourd'hui aussi bien par Mexico que par la Havane à l'entité "rasd" est susceptible de fausser le jeu de la diplomatie marocaine. Ce soutien tombe à un moment où le front polisario a en effet perdu "du poil de la bête", depuis fin octobre dernier, en raison de la résolution à charge adoptée par le Conseil de sécurité, qui a renvoyé à dos et le front séparatiste et son mentor Alger, appelée à "s'impliquer pleinement" dans le nouveau processus mis en place par l'envoyé personnel du SG de l'ONU, Horst Köhler, à l'initiative de la "table ronde initiale" qui s'ouvre ce mercredi, en présence du ministre algérien des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel.

C'est dans ce contexte que s'inscrit le périple latino-américian du chef du Polisario, qui s'y est rendu pour briser l'isolement où il se trouve actuellement. Qu'a fait la diplomatie marocaine, pour ne pas parler des partis de gauche, ou ce qu'il en reste, pour contrer cette "offensive"?

Par M'Hamed Hamrouch
Le 05/12/2018 à 12h42