Les vraies questions que le SG de l’ONU a évité d’évoquer à Alger et Tindouf

Le SG de l'ONU, Ban Ki-Moon, a été reçu ce dimanche à Alger par le président Bouteflika.

Le SG de l'ONU, Ban Ki-Moon, a été reçu ce dimanche à Alger par le président Bouteflika. . dr

Ban Ki-Moon a évité d’évoquer avec ses hôtes, à Alger et Tindouf, les sujets qui fâchent et ils sont pourtant nombreux. Au-delà des sentiments obligés, rien de concret en dehors de la reprise du ballet d’un émissaire qui se serait lui-même fait désavouer pour son parti pris en faveur du Polisario.

Le 07/03/2016 à 00h07

Les espoirs fondés, à l’autre bout de la frontière, sur la visite de Ban Ki-Moon, -la première qu’effectue un SG de l’ONU dans les camps de Tindouf-, ont bel et bien été douchés. Du côté de la population séquestrée, ou de celui des ONG de défense des droits de l’Homme, ou encore celui des observateurs, le constat est commun. Rien de concret n’aura été apporté par cette visite, en dehors de quelques formules de «tristesse» et de «compréhension» face au calvaire insoutenable d’une population qui, après plus de quarante ans de rétention, ne demande plus qu’à desserrer la poigne d’une direction corrompue et rompue à l’art du mensonge. Comme celui de ces «territoires libérés», qu’elle a essayé vainement de faire accréditer lors du déplacement de Ban, hier samedi, à la localité marocaine de «Bir Lahlou» évacuée par les Forces armées royales dans un geste de bonne foi, ni plus ni moins, après la conclusion de l’accord du cessez-le-feu du 15 octobre 1991.

Quant à ce "congrès des donateurs" attendu en Turquie au profit des «peuples réfugiés», et dont Ban Ki-Moon se fait le VRP, personne n’y croit vraiment, du moins depuis la sortie, en février 2015, du rapport accablant de l’Office européen de lutte anti-fraude, épinglant ouvertement le Polisario et son sponsor officiel, Alger, pour le détournement de l’aide humanitaire internationale destinée à la population séquestrée.

Pourquoi le SG de l’ONU n’a-t-il pas évoqué cette question avec les dirigeants du Polisario, sachant que leur implication dans ce vol infamant a bel et bien été démontrée dans le rapport de l’OLAF ? Pourquoi le SG de l’ONU a-t-il ignoré les appels des ONG internationales, dont celui de Human Rights Watch, pour intervenir auprès de la bande à Mohamed Abdelaziz afin de libérer les jeunes sahraouies naturalisées espagnoles retenues contre leur gré dans les camps de Lahmada Tindouf ? Il est passé où, ce fameux «droit du peuple sahraoui à l’autodétermination» ?

Celui-là même que le SG de l’ONU, ou son émissaire, veut bien évoquer à chaque fois qu’il s’agit de la population des provinces sahariennes dont la situation, de l’avis du monde entier, reste de loin meilleure que celle prévalant dans les camps du mal où des pratiques de la tristement célèbre époque de l’esclavage continuent d’avoir lieu.

Pourquoi le SG de l’ONU ne s’est-il pas inquiété pour ces femmes séquestrées, réduites au statut inhumain de «machines à reproduire des enfants», dont des mineures de 12 et 13 ans ?! Ban Ki-Moon ne sait-il pas qu’une commission dite du «peuplement» a été mise sur pied, lors du 14e congrès du Polisario (fin décembre 2015), pour institutionnaliser cette «reproduction forcée» destinée au «remplissage» des camps et, du coup, à la justification des aides internationales qui n’ont d'ailleurs jamais réellement profité à qui de droit ? Voilà des questions que le SG de l’ONU a pris le soin de ne pas évoquer à Tindouf, juste pour ne pas fâcher une direction qui ne représente qu’elle-même, pour ne pas parler d’Alger, parrain officiel de cette plus grosse imposture qu’ai jamais connue l’histoire !

Et tant qu’à parler d’imposture, il y en a une que le SG de l’ONU a cautionnée ce dimanche même à Alger quand il a déclaré être «impressionné» par le plan Bouteflika dit d’«amnistie et réconciliation» ! Un plan destiné davantage à protéger les responsables du génocide de la décennie noire (années 90) que les victimes tragiques (250.000 morts), sans compter leurs familles éplorées.

Quant à l’annonce de la reprise d’un nouveau ballet diplomatique de l’émissaire du SG de l’ONU pour le Sahara, là encore il faut se rendre à l’amère évidence : que peut-on attendre d’un "médiateur" qui s’est lui-même fait désavouer par son flagrant parti pris en faveur du Polisario ? Qu'a fait cet ancien ambassadeur US à Alger, en dehors du circuit lassant de ses périples répétitifs ? Les «réunions informelles», dites-vous ? Circulez, il n’y a plus rien à cacher ! Ban Ki-Moon, autant que son Envoyé personnel, ont échoué. Et ce n’est pas demain la veille que ces deux-là, qui plus est sont en fin de mandat, puissent apporter quoi que ce soit, pour faire bouger les lignes!

Par Ziad Alami
Le 07/03/2016 à 00h07