Maroc-Espagne: un voisinage difficile au gré de l’Histoire

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Revue de presseKiosque360. De l’occupation arabo-musulmane à la Marche verte, la blessure de l’armée, des partis et des medias espagnols n’a jamais été cicatrisée. L’affaire Brahim Ghali ravive cette hostilité mais nos voisins du Nord oublient que le Maroc d’aujourd’hui est plus fort que celui d’hier.

Le 28/05/2021 à 22h34

Les relations maroco-espagnoles traversent aujourd'hui une crise diplomatique et politique grave qui rappelle celle de l’ilot Leila qui a failli causer une guerre entre les deux pays en 2002.

Mais la donne a changé car le Maroc d’aujourd’hui n’est pas celui d’hier tant sur le plan militaire, diplomatique qu’économique. Encore faut-il savoir qu’en accueillant sur son sol un polisarien, ennemi du Maroc, l’Espagne ne fait que raviver une traitrise et une hostilité qu’elle voue à notre pays depuis des siècles.

Le quotidien Al Massae, qui consacre un dossier à cette crise dans son édition du week-end (samedi et dimanche 29 et 30 mai), rappelle que cette haine couve depuis l’occupation de l’Andalousie par les musulmans en 711, puis la guerre civile espagnole (1936) avec les «Marocains» de Franco et la Marche verte (1975) qui a obligé l’armée espagnole à quitter le Sahara marocain.

Depuis, aussi bien l’armée que les partis de la droite extrémiste et conservatrice n’ont jamais cessé d’attiser la haine contre le Maroc. Ils en ont fait un fonds de commerce pour réveiller les sentiments patriotiques des Espagnols et s’en servir à des fins électorales.

Les deux partis d’extrême droite et d’extrême gauche, respectivement VOX et Podemos, créés en 2014, ne ratent aucune occasion pour fustiger le royaume.

Le premier, qui déteste les immigrés non-européens, traite le Maroc comme un ennemi dont, dit-il, il faut prendre garde en appelant à une augmentation substantielle du budget de la défense. Le deuxième a fait du Polisario sa cause principale, à tel point qu’il en est devenu le porte-parole, le défendant dans toutes les circonstances. Entre ces deux organisations, on trouve les deux principaux partis qui se sont succédés à la tête du gouvernement, le Parti populaire (PP) et le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE).

Le PSOE a entretenu de bonnes relations avec le Maroc dans les années 70, 80 et 90 quand son ancien président Felipe Gonzales tissait une relation d’amitié avec son homologue de l’USFP, feu Abderrahmane El Youssoufi. D’ailleurs, la position de ce parti s’est démarquée lors de la crise de l’ilot Leila, quand il avait critiqué la politique poursuivie par le gouvernement d’Aznar (PP). Sauf qu’aujourd’hui, c’est le PSOE qui dirige ce gouvernement hétérogène qui a provoqué la crise avec le Maroc et que c’est au tour du parti populaire de critiquer sa gestion de ce krach. Une crise dans laquelle les medias espagnols jouent un rôle on ne peut plus négatif en taxant le royaume de tous les maux avec une nostalgie coloniale qui ne trompe personne.

Même le journal El Mondo, pourtant proche des communistes, ne cache pas sa nostalgie de l’ère coloniale tandis que son confrère El Espanol verse, sans scrupules, dans une idéologie raciste. Mais c’est l’armée espagnole qui voue une haine viscérale au Maroc. Une armée, qui même après le retour à la monarchie, continue à s’immiscer dans la politique dite de souveraineté et des affaires extérieures en s’opposant avec hargne à la rétrocession de Sebta et Mellila au Maroc.

Le quotidien Al Massae rapporte que les Espagnols n’arrivent pas à oublier la colonisation arabo-musulmane de la péninsule ibérique du début du VIII siècle jusqu’à la fin de XV siècle. D’ailleurs nos voisins de l’Est continuent à fêter la date anniversaire de la remise de la clé de Cordoue à la reine Isabelle de Castille par le dernier roi des Beni Al Ahmar, Abdallah Assaghir. Depuis, la blessure andalouse n'a jamais été cicatrisée et s’est transformée en idéologie de l’intolérance et du fanatisme contre les musulmans qui seront soit contraints de se reconvertir au christianisme soit massacrés durant la période de la Reconquista.

La reine Isabelle, qui a mis fin au règne de l’islam en Andalousie, n’a jamais caché sa haine pour les musulmans et surtout envers les Marocains. D’ailleurs, dans son testament, elle a demandé aux Espagnols de continuer à christianiser le Maroc et l’Afrique tout en leur rappelant que si l’Espagne veut vivre en paix, il faut veiller à ce que le Maroc demeure toujours ignorant et pauvre.

Cinq siècles après ce testament, les responsables espagnols sont toujours nourris par cette hostilité envers le Maroc et semblent enclins à exécuter les dernières volontés de la reine Isabelle de Castille.

Sauf que les temps ont changé et que le Maroc d’aujourd’hui n’est pas celui d’hier, ni encore celui de 2002 quand l’Espagne avait bombé le torse en déployant son armada militaire lors de la crise de l’ilot Leila. Le Maroc a tiré tous les enseignements de cette crise et remédié à tous ces points faibles pour que cet incident ne se répète plus. Non seulement le royaume a renforcé sa puissance militaire jusqu’à réduire considérablement l’équilibre des forces avec le voisin du Nord, mais il a consolidé son économie et renforcé ses relations diplomatiques et militaires avec ses vrais alliés et à leur tête les Etats-Unis.

Par Hassan Benadad
Le 28/05/2021 à 22h34