Maroc-Ethiopie: un partenariat stratégique pour une Afrique qui bouge

Haile Mariam Dessalegn et Mohammed VI.

Haile Mariam Dessalegn et Mohammed VI. . Dr

L’Ethiopie, où le roi Mohammed VI entame ce jeudi une visite officielle, est l’un des pays de la Corne d’Afrique bien positionnés pour donner l’impulsion nécessaire à la nouvelle dynamique voulue par le souverain à cette Afrique qui bouge.

Le 17/11/2016 à 20h47

Deuxième pays le plus peuplé d’Afrique avec 97 millions d’habitants en 2015, l’Ethiopie a réalisé une croissance spectaculaire de 10% en moyenne par an, durant la dernière décennie. Il s’agit d’un élan historique de développement dans un pays bien parti pour accéder au groupe des pays à revenu moyen dans les dix années à venir.

Certes, de nombreux défis restent à relever dans cette nation de l’Afrique de l’Est, en particulier dans les domaines relevant du développement humain. Mais les observateurs sont optimistes quant à l’avenir de ce pays vers lequel les yeux sont rivés, le considérant comme l’une des destinations les plus prometteuses des investissements en Afrique.

Les rapports internationaux corroborent cette hypothèse, même s’ils soulignent que le pays a besoin d’amorcer une réelle diversification de son économie pour saisir pleinement les opportunités de croissance qui s’offrent.

En effet, l’agriculture demeure la locomotive par excellence de l’économie éthiopienne, contribuant à hauteur de 42 % au produit intérieur brut (PIB), créant 75 % des emplois. Le secteur représente aussi 80 % des exportations du pays.

En dépit de cette importance, le secteur n’arrive pas à fonctionner à plein régime pour satisfaire les besoins d’une large population, en raison notamment de la vulnérabilité de l’Ethiopie aux aléas climatiques.

Par ailleurs, le pays, en particulier la capitale Addis-Abeba, est un grand chantier ouvert avec des travaux de construction en effervescence, témoignant du dynamisme de cette grande nation. Des infrastructures aux industries, en passant par les services, le pays offre de nombreuses opportunités d’investissement.

Il s’agit de données d’une grande importance qui ne manqueront pas de se refléter positivement au niveau des relations entre le Maroc et l’Ethiopie.

Le royaume, qui continue sereinement sa projection africaine, fort en cela de son niveau de développement et de son image de prospérité, est en train d’élargir et de renforcer sa base d’alliances vertueuses dans tout le continent, à la faveur des déplacements du souverain dans les différentes contrées africaines.

Il s’agit d’un dynamisme que nulle force ne saurait freiner car résolument orienté vers l’accompagnement de cette Afrique nouvelle dans sa détermination inébranlable de se défaire de ses anciens démons et des forces qui la tirent vers le bas Ceci, à travers des desseins séparatistes révolus et l’étouffement des rêves des populations de lendemains meilleurs.

Après le Rwanda et la Tanzanie, où les visites royales ont été un franc succès sur tous les plans, l’étape éthiopienne envoie un signal supplémentaire quant à l’enracinement du leadership panafricain du Maroc.

Ce premier périple royal en Afrique de l’Est est porteur des bonnes espérances au regard du nombre et du caractère stratégique des conventions de coopération signées entre le Maroc et les pays visités jusque-là par le souverain.

Il s’agit d’une région d’une grande importance géostratégique pour le Maroc et pour sa vision africaine, fondée sur le co-développement solidaire et le partenariat gagnant-gagnant.

Les observateurs de la scène africaine soulignent que le Maroc vient à la rencontre de ses frères africains avec un agenda économique, traduit dans les faits par des projets concrets d’investissement et des joint-ventures dans des secteurs à forte valeur ajoutée. Ceux-ci se distinguent par leur capacité de toucher directement le vécu de la femme et de l’homme africains, partant de la vision royale selon laquelle l’investissement économique est essentiel pour le développement humain et, par ricochet, pour la paix et la sécurité.

Et ce n’est pas par hasard si le Maroc se positionne désormais comme le deuxième investisseur en Afrique. Nombreuses sont les analyses qui envisagent une plus forte percée du royaume en Afrique subsaharienne dans les années qui viennent, citant la présence de plus en plus forte des compagnies et des banques marocaines partout dans le continent.

Les médias locaux ont mis en avant ce caractère stratégique du déplacement du roi Mohammed VI en Ethiopie, estimant que la levée du drapeau marocain à Addis-Abeba, capitale de l’Afrique, devra traduire cette mobilisation qui ne cesse de se renforcer en faveur du retour du royaume au sein de sa famille institutionnelle africaine, représentée par l’Union africaine (UA), dont le siège se trouve à Addis-Abeba.

Des experts, cités par les médias éthiopiens, ont souligné que le périple royal en Afrique de l’Est a été "une grande victoire diplomatique" pour le Maroc, qui vient avec des projets de développement et une volonté de travailler avec ses frères africains pour un continent non seulement développé et uni, mais également à l’abri des menaces du radicalisme et de l’extrémisme.

Il s’agit, en fait, du fondement même de cette vision royale pour l’Afrique, articulée par le souverain dans son discours fondateur prononcé en 2014 à Abidjan, appelant l’Afrique à avoir confiance en elle-même et les Africains à regarder vers l’avenir avec volontarisme, espoir et courage.

Abdelghani Aoufia

Le 17/11/2016 à 20h47