Mauritanie: le Polisario s’en prend vivement au MAEC, Ismail Ould Cheikh Ahmed

Ismail Ould Cheikh Ahmed, ministre mauritanien des Affaires étrangères.

Ismail Ould Cheikh Ahmed, ministre mauritanien des Affaires étrangères. . DR

Pour avoir affirmé, jeudi dernier, que la diplomatie mauritanienne travaillera désormais dans le sens d’une solution politique rapide au conflit créé autour du Sahara, le ministre mauritanien des Affaires étrangères a été vivement pris à partie par les sites du Polisario.

Le 14/11/2019 à 10h34

Ismail Ould Cheikh Ahmed, ministre des affaires étrangères, de la coopération et des Mauritaniens de l’extérieur, a présenté, jeudi dernier, lors d’une conférence de presse post-Conseil du gouvernement hebdomadaire, les grandes lignes de la dynamique qui sera imprimée à la diplomatie mauritanienne sous le mandat du nouveau président, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani.

Sur le plan régional, en particulier, Ismail Ould Cheikh Ahmed a affirmé que le conflit du Sahara n’a que trop duré et qu’il est temps d’y mettre fin pour ouvrir la voie à la construction maghrébine, ou du moins à des relations bilatérales apaisées et fructueuses entre voisins maghrébins. Il a ainsi ajouté que malgré sa position de neutralité, la Mauritanie ne restera plus les bras croisés, mais s’inscrira dans une dynamique visant à rapidement trouver «une solution politique, durable et acceptable par toutes les parties en conflit».

Intervenant une semaine après l’adoption quasi-unanime de la résolution 2494 du Conseil de sécurité sur le Sahara, et un jour seulement après le discours du roi Mohammed VI à l’occasion du 44e anniversaire la Marche verte, résolution et discours royal qui ont réaffirmé que l’initiative d’autonomie est la seule solution crédible au conflit créé autour du Sahara, la déclaration du chef de la diplomatie mauritanienne est allée dans le même sens.

Une position qui a vivement irrité le Polisario, qui a d’abord tenté de faire le dos rond, avant de se déchaîner, à travers ses médias, sur le chef de la diplomatie mauritanienne.

«Ce que vient de dire Ould Cheikh Ahmed, ce n’est pas seulement un changement de la politique mauritanienne (sur le Sahara) depuis sa nomination au sein du gouvernement, mais aussi un nouveau marchandage des positionnements diplomatiques auquel cet homme nous a habitués, en penchant politiquement et en gravitant dans la galaxie du Maroc», écrit un site proche du Polisario.

Insulté d’abord comme étant un «diplomate sans gloire», puis un «pantin de l’Arabie saoudite» dont il a «partialement servi l’agenda au Yémen», Ismail Ould Cheikh Ahmed est «soupçonné» de s’adonner à un «jeu de trouble» en vue de revenir à l’ONU en tant qu’envoyé personnel du SG de l’ONU au…Sahara!

Faisant preuve de myopie, les médias du Polisario insinuent que l’actuel ministre mauritanien des Affaires étrangères a été renvoyé de son poste d’envoyé spécial du SG de l’ONU au Yémen après «seulement trois courtes années». Ils oublient ainsi qu’ils s’en prennent à une grosse légume du milieu diplomatique, puisque Ismail ould Cheikh Ahmed a fait toute sa carrière, et alors qu’il n’était encore âgé que de 26 ans, au sein du système des Nations unies (de 1986 à 2018). Durant ces 32 années à l’ONU, il a dirigé nombre de missions de l’UNICEF et du PNUD à travers le monde, tout en occupant plusieurs fois les postes de représentant ou envoyé spécial de SG de l’ONU (en Syrie, Libye, Géorgie, Congo-Kinshasa).

Pour rappel, le 26 septembre dernier, les médias du Polisario s’en prenaient déjà au nouveau président mauritanien, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani. Ce dernier, dont l’élection qui, soit dit en passant, a été très mal accueillie par les dirigeants du Polisario, fut accusé de ne pas avoir consacré un seul mot, dans son discours prononcé le 25 septembre devant la dernière Assemblée générale de l’ONU à New York, à ce que les médias du Polisario ont appelé la «cause sahraouie». Or, là aussi on oublie que l’ancien président Mohamed Ould Abdelaziz a clairement balisé la voie à son successeur, en affirmant sans ambages lors des derniers mois de son mandat, qu’il n’y a pas de place pour un Etat entre le Maroc et la Mauritanie.

Par Mohammed Ould Boah
Le 14/11/2019 à 10h34