PAM-Istiqlal: guerre par «marabouts» interposés

Hakim Benchamach (PAM) et Nizar Baraka (PI).

Hakim Benchamach (PAM) et Nizar Baraka (PI). . DR

Revue de presseKiosque360. Selon le PAM, le parti de l’Istiqlal aurait profité du Moussem annuel de Moulay Abdeslam, dans le Nord, pour mener une campagne électorale avant l’heure et asseoir sa mainmise sur les conseils des communes avoisinantes.

Le 05/07/2019 à 22h44

Les deux principaux partis de l’opposition, le Parti authenticité et modernité (PAM) et le parti de l’Istiqlal (PI), viennent d’ouvrir un nouveau front dans leur guerre. La rivalité électorale, principalement dans les régions du Nord, s’est déplacée en effet sur le terrain religieux et plus spécialement dans la zaouïa de Moulay Abdeslam Ben Machich.

Cette confrérie religieuse au rayonnement, qui dépasse l’échelle régionale pour épouser tout le territoire national, est souvent considérée comme un tremplin électoral pour dominer les cinq communes qui composent la circonscription électorale abritant le mausolée de ce marabout, commente le quotidien Assabah dans son édition du week-end des 6 et 7 juillet.

D’où son intérêt qui va en grandissant avec l’approche des échéances de 2021.

Lundi 1er juillet a eu donc, comme chaque année, l’ouverture du Moussem de Moulay Abdeslam, dans la commune de Tanzert. Pour l’occasion, la direction de l’Istiqlal s’est déplacée sur les lieux à la tête d’une forte délégation «dans le but d’instrumentaliser cette manifestation, à caractère religieux et spirituel, à des fins électorales et politiques, profitant du rayonnement et de l’aura de la zaouïa ainsi que de son influence locale et nationale», rapporte le quotidien, citant un communiqué du PAM.

Vraisemblablement mécontent, le PAM a saisi les ministères de l’Intérieur, de la Justice, ainsi que des Habous et des affaires islamiques pour enquêter, d’une manière globale, sur d’éventuels cas d’instrumentalisation des marabouts à des fins politiques ou pour mener une campagne électorale avant l’heure. Le PAM appelle, par la même occasion, ces trois ministères à veiller à la stricte application de la loi, notamment le Dahir royal 1-14-104 qui interdit aux imams et autres préposés religieux d’exercer, durant de l’exercice de leur mission, toute activité politique ou syndicale.

Cela dans le but d’éviter toute influence des imams, préposés religieux sur les choix électoraux des citoyens, et plus particulièrement les disciples de ces confréries religieuses, précise-t-on.

Par ailleurs, poursuit le communiqué du PAM repris par Assabah, ce n’est pas une première dans le genre, puisqu’il y a à peine quelques mois, l’Istiqlal avait déjà fait une sortie similaire dans le but de profiter de l’influence de la zaouïa pour élargir et consolider sa base électorale dans la région de Larache.

Ainsi, souligne le quotidien, en mars dernier, la direction du PI a mené une campagne de communication qui l’a conduite jusqu’au siège de la Zaouïa machichia, en passant par le Cercle de Béni Arouss. Une rencontre publique a donc été organisée dans les locaux de la zaouïa et les disciples, « les Chorfa alamiyine», étaient invités à s’asseoir» sur l’estrade aux côtés des membres de la direction de l’Istiqlal. Bien plus, insiste le quotidien citant toujours le communiqué du PAM, les membres de la zaouïa sont même allés jusqu’à faire le porte-à-porte pour inviter les imams des petites mosquées avoisinantes pour assister à ce meeting.

Comme quoi, il est difficile, par les temps qui courent, de savoir à quel saint se vouer. (Ceci, bien entendu, en attendant la version du parti de Baraka).

Par Amyne Asmlal
Le 05/07/2019 à 22h44