Parution. 1999-2019: quand le développement des provinces du sud du Maroc est devenu inclusif

Lycée dans un quartier moderne de Dakhla.

Lycée dans un quartier moderne de Dakhla. . DR

En 1975, au moment où le Maroc a récupéré ses territoires sahariens, «l’existant était l’inexistant, tout était à faire et non pas à refaire», selon l’économiste français Henri-Louis Védie, qui vient de publier un ouvrage édifiant sur l’essor économique des provinces du sud.

Le 29/07/2019 à 15h58

L’économiste français Henri-Louis Védie, professeur de micro et macro-économie auprès du Groupe HEC de Paris, enseignant globe-trotter qui dispense des cours aussi bien à l'université de la Sorbonne, qu’aux universités de Moscou, Dubaï, Rabat, Varsovie, Belgrade, etc., vient de publier un ouvrage consacré à l’essor économique sans précédent qu’ont connu les provinces du sud du Maroc durant les 20 ans de règne du roi Mohammed VI.

Grand connaisseur du royaume et tout particulièrement de ses provinces du sud, il est l’auteur de nombreux ouvrages sur le pays: «Une volonté plus forte que les sables» (2008), «Maroc: l’épreuve des faits et des réalisations» (2009), «Maroc: émergence et développement global» (2014), et, plus récemment en cette année 2019, «OCP group: une entreprise aux multiples visages».

C’est fidèle à l’adoption méthodique dans ses écrits d’une vision guidée par le primat de l’économique sur le politique, qu’Henri-Louis Védie vient de publier un cinquième ouvrage sur le Maroc intitulé: «Le développement des provinces du sud (1999-2019)». Illustrée avec pas moins de 43 tableaux, 33 schémas, 18 cartes, en plus de nombreux plans et de photos aériennes, cette nouvelle publication sur le Sahara marocain a choisi un langage irréfutable. Celui des statistiques et des chiffres, adossés à des réalisations d’envergure que l’auteur a pu constater in situ et de visu, en visitant à plusieurs reprises, selon lui, la quasi-majorité des localités qu’englobent les trois régions du sud marocain.

L’auteur reconnaît que le développement de ces régions a été pris à bras-le-corps dès 1975, quand l’Etat marocain, sans l’appoint d’aucune aide extérieure, a financé l’émergence des services publics de première nécessité (santé, éducation, justice, etc.) et des infrastructures de base (ports, aéroports, routes, etc.), jusqu’ici inexistants. Mais il estime que la stratégie de développement des provinces du sud introduite sous l’impulsion du roi Mohammed VI, un volet devenu désormais partie intégrante des chantiers de règne aux niveaux national et régional, a complètement métamorphosé cette partie du royaume, qui s’est transformée en un chantier à ciel ouvert.

Continuité du développement au SaharaEn plus de la continuité des efforts budgétaires consentis directement par l’Etat centralisateur depuis 1975 en vue de mettre en place les prérequis du développement multiforme au Sahara, cette région a également bénéficié des programmes nationaux sectoriels que Mohammed VI a commencé à lancer successivement, dix-huit mois seulement après son accession au trône. Trois de ces nombreux plans sectoriels profiteront en particulier aux provinces du sud, comme la Vision 2010 puis 2020 pour le tourisme, la première lancée dès 2001, le Plan Maroc Vert pour l'agriculture, lancé en 2008, et le Plan Halieutis, pour la pêche, en 2009. Ces politiques sectorielles, en plus d’intégrer définitivement les régions du sud aux politiques nationales globales, ont surtout profité de façon déterminante et durable aux secteurs de la pêche et de l’agriculture, qui sont désormais devenus les deux locomotives du développement dans le Sahara marocain.

Dans cette étape de développement (1999-2015), menée sous l’impulsion d’un «Etat stratège», il s’agissait de déblayer le terrain devant le déploiement de nouveaux programmes de développement de plus grande envergure, à travers l’introduction stratégique de la régionalisation décentralisée. Ce nouveau découpage administratif, sous-bassement d’un nouveau modèle de développement, a été initié par le roi Mohammed VI en août 2010. A l’instar des neuf autres régions du royaume, les trois régions du sud ont vu leur gestion graduellement et directement confiée aux élus locaux, un pas décisif vers plus de décentralisation, en prévision de plus d’autonomie interne.

Pour rappel, le Sahara marocain, tel qu’institué par la régionalisation, gomme la différentiation instaurée par la colonisation, et englobe aussi bien le Sahara dit «espagnol» que celui dit «français», avec l’intégration du pôle Guelmim-Oued Noun, dont la capitale est connue sous le nom de «la porte du Sahara».

Ce territoire, qui constitue 60% de la superficie du pays et 2,5% de la population du royaume, est subdivisé en trois régions: Dakhla-Oued Eddahab (deux provinces et treize communes), Laâyoune-Sakia El Hamra (quatre provinces et 20 communes), et Guelmim-Oued Noun (quatre provinces et cinquante communes).

Plus de 80 MMDH pour le Nouveau modèle développement du SaharaSelon Henri-Louis Védie, c’est surtout le nouveau modèle de développement des provinces du sud (NMDPS), qui a été «le volet décisif de l’insertion définitive des régions du sud au Royaume», dans le cadre de ce qu’il appelle l’étape de l’Etat aménageur (2015-1999). Le point de départ de cette nouvelle stratégie de développement a été donné par le roi Mohammed VI lors de son discours du 6 novembre 2015 à Laâyoune, à l’occasion de la célébration du 40e anniversaire de la Marche verte. Une enveloppe de plus de 80 milliards de dirhams, couvrant une période de 6 ans, a été consacrée à des investissements tous azimuts dans les provinces du sud.

Ainsi en matière d’infrastructures, une voie express Tiznit-Dakhla a été construite en même temps que le nouveau port de Dakhla-Atlantique, qui a aussi été le point de départ d’une connexion au réseau électrique national. De même, le technopole de Foum El Oued (Laâyoune), un temple du savoir et de la technologie, avec une cité zéro déchet, zéro carbone et à la pointe de la technologie, constitue un projet phare. Dans le domaine de l’énergie, une enveloppe de 7 milliards de dirhams a été consacrée à la production d’énergie éolienne et solaire, largement disponible dans la région, en plus du renforcement de la capacité des usines de dessalement d’eau de mer, sachant que tout essor économique induit inévitablement une plus grande consommation d’eau et d’énergie.

Plus de 27 secteurs d’activité ont été ainsi répertoriés dans le cadre du NMDPS, allant de l’agriculture à la pêche, en passant par l’artisanat, l’enseignement supérieur, la santé, l’emploi, l’eau potable, etc., des activités couvrant les 83 communes des régions du sud, auxquelles ont été dédiés 279 projets, dont le taux d’avancement est de 65%, et celui de l'engagement financier dépasse les 50% à fin 2018.

Il faut être aveugle pour ne pas voir la métamorphose du SaharaJetant un regard sur le rétroviseur pour évaluer les réalisations au Sahara marocain durant ces 20 dernières années, Védié écrit: «que de chemin parcouru dans un environnement naturel parfois difficile, et dans un contexte international politique qui ne l’est pas moins! Habituellement, c’est le politique qui prime sur l’économique. Avec le discours de Laâyoune (2015), Mohammed VI a pris les politiques de court, donnant la priorité au développement inclusif des provinces du sud». Et de conclure que «le développement des provinces du sud est désormais une réalité, et pour ceux qui en doutaient, le temps est passé».

Henri-Louis Védie. Le développement des provinces du sud (1999-2019). Edition ESKA. Collection «Maroc contemporain». 250 pages. Juillet 2019.

Par Mohamed Deychillaoui
Le 29/07/2019 à 15h58