Poste à responsabilité: le machisme continue à faire obstacle aux femmes

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Revue de presseKiosque360. Le gouvernement de Saâd-Eddine El Othmani vient de nommer deux femmes à la tête des universités de Casablanca et de Settat. Une décision qui réjouit les mouvements féministes qui déplorent le peu de progrès réalisé dans le domaine de la parité, notamment au sein des partis politiques.

Le 23/06/2019 à 20h26

Le mouvement féministe s’est réjoui des nominations de femmes à des postes à responsabilité, notamment celle de Aawatif Hayar et de Khadija Essafi, désignées respectivement à la tête des universités Hassan II de Casablanca et Hassan 1er de Settat. Les deux professeurs universitaires sont les première femmes nommées présidentes de facultés sous la mandature de Saâd-Eddine El Othmani. Les militantes des droits de la femme continuent de se mobilier pour instaurer le principe de la parité entre homme et femme et lever les obstacles qui empêchent les femmes d’occuper les postes à responsabilité en dépit de leurs compétences.

Les organisations des droits de la femme considèrent que malgré les progrès au Parlement via le système de quotas et l’adoption de la liste féminine sur les listes des jeunes, sa représentation demeure faible dans les centres de décision en comparaison avec les pays voisins. Le gouvernement essaye, bien que timidement, de rattraper ce retard en nommant des femmes à des postes qui étaient monopolisés par les hommes. Mais si on exclut l’expérience de Rahma Bourkia en 2002 à la tête de la faculté de Mohammedia, toutes les universités et les hautes écoles marocaines étaient dirigées par des hommes.

Le quotidien Assabah rapporte, dans son édition du lundi 24 juin, que la chercheuse universitaire Latifa El Bouhsini considère que la présence de la femme dans les centres de décision continue à être entravée par des problématique profondes de la société marocaine. La militante féministe estime toutefois qu’un progrès a été réalisé dans ce domaine mais qu’il demeure insuffisant au niveau du gouvernement, au sein des partis politiques et des forces vives de la Nation. Autant dire, poursuit El Bouhsini, que le problème dépasse la marginalisation des femmes dans les postes à responsabilité.

Il est plus profond, précise-t-elle, car il est la conséquence du recul du processus démocratique. Le brin d’espoir auquel se sont accrochés les Marocains pendant quelques années s’est estompé face à l’avancée du conservatisme dans nos vies quotidiennes. Ce faisant, ajoute Latifa El Bouhsini, le climat général n’encourage pas les femmes à affronter la concurrence et à présenter leur candidature à des postes à responsabilité. D’autant que la médiocrité et le clientélisme caractérisent de plus en plus les nominations à de hautes fonctions aux dépens de la compétence et de l’expérience.

Une mentalité qui domine aussi la scène partisane malgré les dispositions de la loi qui exigent la représentativité de la femme dans les bureaux politique des partis. Malgré la discrimination positive du quota encourageant la participation politique des femmes, le taux de réalisation demeure loin du tiers auquel aspirent les militantes féministes en matière de parité. Une situation que les mouvements féministes imputent au machisme qui continue à dominer dans les centres de décision des partis politiques.

Par Hassan Benadad
Le 23/06/2019 à 20h26