Pour éviter une marche en Kabylie, le régime algérien déprogramme un match de football à Tizi Ouzou

فرحات مهني رئيس حركة الماك

Ferhat Mehenni, chef du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK) et président du Gouvernement provisoire kabyle en exil (ANAVAD). DR

Dimanche 16 avril, la Jeunesse sportive de Kabylie ne jouera pas, comme prévu, son match retard de Ligue 1 algérienne contre le Mouloudia d’Alger. Et pour cause, le régime algérien craint que le rassemblement des supporters kabyles ne serve de point de départ à une marche populaire en réponse à l’appel lancé par le leader indépendantiste kabyle en exil, Ferhat Mehenni.

Le 15/04/2023 à 16h18

Le wali de Tizi-Ouzou, ville-capitale de la Kabylie, vient de reporter à une date indéterminée le match de football qui devait opposer, dimanche 16 avril, la Jeunesse sportive de Kabylie au Mouloudia d’Alger.

Dans un communiqué publié ce samedi, la Ligue de football professionnel algérienne (LFP) annonce que «la rencontre de mise à jour de la 18ème journée du Championnat professionnel Mobilis, qui devait opposer la JS Kabylie à l’USM Alger, prévue initialement le dimanche 16 avril 2023 au stade 1er novembre 1954 à Tizi Ouzou, a été reportée à une date ultérieure, et ce, suite à la correspondance référencée N° 1666/2023 émanant de monsieur le wali de Tizi Ouzou relative au report de ladite rencontre».

Pourtant, cette même LFP a refusé, trois jours auparavant, une demande de report présentée par deux clubs algériens en lice dans les quarts de finale des coupes africaines, dont justement la JS Kabylie.

«Suite aux deux demandes reçues par la LFP relatives au report des rencontres de mise à jour de la 18ème journée du championnat JSK-USMA le dimanche 16 avril, et MCO-CRB le lundi 17 avril, la Ligue ne peut donner une suite favorable à ces demandes», a indiqué l’instance dirigeante du championnat algérien, jeudi dernier, sur son site officiel.

Finalement, c’est le wali de Tizi Ouzou qui a reporté le match de la JS Kabylie, alors que celui de Belouizdad-Oran est maintenu au 17 avril.

La raison de cette discrimination envers la JS Kabylie n’a rien à voir avec le sport: elle est d’ordre strictement politique. En effet, comme chaque année, et pour célébrer le 43ème anniversaire du déclenchement du Printemps berbère du 20 avril 1980, réclamant la reconnaissance de l’identité et de la langue amazighes en Algérie, le Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK), qui milite désormais pour l’indépendance de cette région peuplée de plus de 12 millions habitants, a appelé à organiser plusieurs marches à travers le monde et en Kabylie même.

Dans une vidéo diffusée en début de cette semaine, le président du MAK Ferhat Mehenni a lancé un appel à tous les Kabyles, en vue d’organiser, le dimanche 16 avril, des marches à travers le monde et en Kabylie.

Ces marches sont prévues à Paris et d’autres capitales européennes, à Montréal au Canada, à Philadelphie, Chicago et San Francisco aux États-Unis. En Kabylie, le régime algérien, en plus d’avoir reporté le match du club fanion de la Kabylie, va tout mettre en œuvre en vue d’empêcher les habitants de cette région rebelle de répondre à l’appel de leur leader en exil.

Les matchs de la JS Kabylie, club le plus titré d’Algérie, titulaire de deux Ligues des champions d’Afrique, d’une coupe d’Afrique des vainqueurs de coupes et de trois coupes de la CAF, ont toujours donné l’occasion à l’expression de slogans anti-régime algérien, fustigé en tant que colon. Lors du match aller contre le WAC, le 17 février dernier, des joueurs de JSK ont scandé au stade de Tizi Ouzou avec les supporters l’un des cris de ralliement du peuple kabyle: «Pouvoir, assassin».

En vue de mettre sous sa coupe ce bouillant club, le pouvoir algérien a décidé récemment de le faire racheter par l’opérateur public de téléphonie, Mobilis, après l’avoir longtemps asphyxié financièrement. Cette année, la JS Kabylie est soumise à un acharnement sans précédent de la part des arbitres locaux, qui font tout pour désavantager le club kabyle, aujourd’hui avant-dernier au classement général et donc relégable en seconde division.

La déprogrammation du match de la JSK témoigne de la peur panique du régime algérien face aux revendications indépendantistes du peuple kabyle. La journée du 16 avril est celle de tous les dangers pour la junte.

Par Mohammed Ould Boah
Le 15/04/2023 à 16h18