Quand les dirigeants du Polisario démentent la propagande algérienne

Le Polisario traverse une très mauvaise passe, selon son représentant à l'ONU.

Le Polisario traverse une très mauvaise passe, selon son représentant à l'ONU. . DR

Pour célébrer le 47e anniversaire de la création du Polisario, les organes de presse officiels algériens ont rivalisé en prétendus acquis réalisés par le mouvement séparatiste. Une propagande démentie par les dirigeants du Polisario eux-mêmes qui reconnaissent être, plus que jamais, dos au mur.

Le 11/05/2020 à 20h18

L’Agence de presse officielle algérienne, APS, vient d’être prise en flagrant délit de mensonge. Dimanche 10 mai, à l’occasion du 47e anniversaire de la création du Polisario, elle a osé écrire que la célébration de cet anniversaire intervenait dans «un contexte marqué par de nombreux acquis et réalisations, aussi bien sur le plan international que continental…».

Et quels sont ces acquis et réalisations que l’APS qualifie de «succès diplomatiques et victoires obtenues à la faveur de tant d’efforts et de sacrifices»? Ils se comptent sur la moitié des doigts d’une seule main d’après l’inventaire qu’elle en fait.

Sur le plan africain, le Polisario est certes encore présent au sein de l’Union africaine, mais ce que l’on oublie, c’est que désormais le mouvement séparatiste n’est pas loin de la porte de sortie de l’organisation panafricaine. En effet, cette dernière, en actant de façon quasi automatique le retour en son sein du Maroc, membre fondateur en 1963 de l’Organisation de l’unité africaine, ancêtre de l’UA, a décidé que le Conseil de sécurité de l’ONU aura l’exclusivité de la recherche d’une solution au conflit créé autour du Sahara marocain.

Entre le retour du Maroc au sein de l’UA en 2017 à Addis-Abeba et le retrait de l’UA du dossier du Sahara lors du sommet de Nouakchott de juillet 2018, il n’a fallu que 18 mois pour que le Maroc contrebalance l’hégémonie, jusqu’ici sans partage, de la diplomatie algérienne sur l’organisation continentale. A tel point que désormais, les diplomates algériens sont acculés, à chaque réunion de l’UA avec ses partenaires internationaux qui ne reconnaissent pas le Polisario (France, Japon, pays arabes…), à jouer des coudes et des bras pour trouver une chaise où caser Brahim Ghali.

L’autre victoire diplomatique attribuée au Polisario, cette fois-ci en Europe, serait «l’arrêt rendu le 21 décembre 2016» par la Cour de justice de l’UE qui a tenté, un moment sous la pression des lobbys algériens, de séparer le sud et le nord du Maroc en matière d’accords de pêche entre les deux partenaires. Néanmoins, le 12 février 2019, le Parlement européen a définitivement adopté l’accord de pêche entre l’UE et le Maroc (incluant ses provinces du sud) par une majorité écrasante (415 voix pour, 189 contre et 49 abstentions).

Enfin, en guise de troisième et dernier «acquis et succès» du Polisario, l’APS ressort un vieux nombre de pays ayant reconnu la pseudo-RASD. Mais elle ne revient ni sur le nombre de pays ayant retiré en cascade ces derniers mois leur reconnaissance du Polisario, ni sur les nombreux pays africains qui ont ouvertement renié toute existence au Polisario en décidant d’ouvrir des consulats dans les grandes villes du Sahara marocain.

Mais ce fiasco du Polisario que l’APS a tenté de gommer à travers une propagande d’un autre âge, prouvant qu’elle est un média sans la moindre crédibilité, a été, reconnu par le Polisario lui-même. Les dirigeants du Polisario ont désintoxé l’organe de propagande anti-marocain de l’Algérie.Cela a beau sembler cocasse, pourtant c’est la stricte vérité.

La preuve: un officiel de la bande de Brahim Ghali, qui s’octroie le titre de représentant du Polisario auprès de l’ONU, Sidi Mohamed Omar, croit savoir que le processus onusien au Sahara connaît actuellement un statu quo qu’il estime être favorable au Maroc et, qui, selon lui risque d’obliger le Polisario à se retirer des négociations pilotées par l’ONU. Mis à mal par l’adoption de la résolution 2494 du 30 octobre 2019 appelant à une solution réaliste et la prorogation du mandat de l’ONU d’un an, Sidi Mohamed Omar estime que le Polisario ne restera pas les bras croisés face cette «grave situation».

Il dénonce avec des accents désespérés «la tentative d’imposer la réalité du terrain».

Le même ton désespéré et menaçant a été également repris ce lundi 11 mai par Oubbi Bouchraya, représentant du Polisario en Europe. Selon ce dernier, «avec un processus en panne qui ne dispose plus de pilote depuis la démission de Horst Köhler en mai 2019, avec l’abandon par le Conseil de sécurité de la dynamique créée en 2018 et 2019 préférant revenir au principe du "business as usual", après l’adoption de la résolution 2494 d’octobre 2019, le Sahara occidental se trouve à la croisée des chemins».

Les dirigeants du Polisario seraient-ils devenus plus lucides que leurs parrains algériens? En tout cas, ils font preuve d’un constat réaliste qui dément formellement cet organe de désinformation d’un autre âge qu’est l’agence de presse officielle algérienne.

Par Mohammed Ould Boah
Le 11/05/2020 à 20h18