Rabat-Téhéran: nouvelle sortie "biaisée" du MAE iranien

Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Bahram Ghasemi.

Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Bahram Ghasemi. . DR

Le porte-parole du MAE iranien met les autorités marocaines au défi de produire les preuves de sa connivence avec le Polisario, via le Hezbollah, à l’origine de la rupture par Rabat de ses relations diplomatiques avec Téhéran. Détails.

Le 16/05/2018 à 16h05

Les propos tenus par Nasser Bourita samedi 12 mai, dans une interview à l’hebdomadaire parisien Jeune Afrique, mettant en cause encore une fois l’Iran dans le soutien du front Polisario, via le Hezbollah, n’ont pas laissé indifférentes les autorités iraniennes. Le ministère iranien des Affaires étrangères a réagi ce mercredi 16 mai, via son porte-parole, Bahram Ghasemi, à la charge du MAECI marocain et à la décision du Royaume de rompre ses relations diplomatiques avec la République islamique d’Iran.

Remarquons, en passant, que le porte-parole du MAE iranien n’a pas nié le déplacement du MAECI marocain, à la veille du 1er mai dernier, à Téhéran, pour demander des explications aux responsables iraniens sur leur implication, via le Hezbollah, dans le soutien militaire au front Polisario.

Simplement, relève Braham Ghasemi, «ni lors de cette rencontre avec le ministère des Affaires étrangères de notre pays ni dans leurs interviews avec différents médias, les autorités marocaines n’ont présenté de preuves concluantes pour étayer leurs accusations».

«Après avoir rompu les liens avec l'Iran pour des raisons injustifiées, les responsables marocains ont du mal à justifier leur action devant l'opinion publique locale et étrangère, et c'est pourquoi nous avons vu le ministre des Affaires étrangères (Nasser Bourita) et le porte-parole du gouvernement (Mustapha El Khalfi) donner des interviews rhétoriques contre l'Iran», croit savoir le porte-parole du MAE iranien.

«Les responsables de Rabat ont souligné dans leurs entretiens que le Maroc avait décidé de rompre ses relations avec l'Iran de manière indépendante et non sous la pression étrangère», met-il avec doute, rejoignant curieusement en cela l'«argumentaire» fourni par Alger, elle aussi mise en cause dans la facilitation de la livraison d’armes par le Hezbollah, à travers l’ambassade de Téhéran à Alger, au front séparatiste du Polisario.

«Les responsables de ce pays (du Maroc) n'ont présenté aucune preuve recevable pour prouver leurs revendications, c'est pourquoi ils n'ont pas été en mesure d'apporter une réponse convaincante aux questions et ambiguïtés entourant leur décision», suppute le porte-parole iranien.

«Les responsables marocains croient qu'ils peuvent convaincre le public de leurs affirmations infondées en les répétant au lieu de présenter des preuves crédibles», défie-t-il.

Quand l’Iran agite la fibre palestinienne et surfe sur la vague de l’unité islamique…

Encore une fois, le MAE iranien déplore la décision de Rabat qui, selon lui, «aiderait à faire progresser les objectifs de l’ennemi» et, par ricochet, impacterait négativement «le monde musulman» et le combat pro-palestinien. «Cette démarche inappropriée du Maroc, actuellement président du Comité Al Qods, à une époque où le monde de l'Islam a plus que jamais besoin de l'unité et de l'intégrité en ce moment délicat que traverse la région, surtout après la décision de Trump de transférer l'ambassade des Etats-Unis à Al Qods, contribuera à faire avancer les objectifs des ennemis du monde musulman et à détourner l'attention du problème le plus pressant du monde musulman, c'est-à-dire contrer l'agression contre Al-Qods», estime-t-il.

Autrement dit, le MAE iranien accuse le Maroc de faire le jeu des «ennemis», c'est-à-dire du "Grand Satan" américain, pour reprendre un terme cher aux Mollahs iraniens. Une accusation qui à l'évidence est sans fondement aucun, l’action du Maroc, en tant que président du Comité Al-Qods, en faveur de la cause palestinienne, dépassant de loin en efficacité la rhétorique verbeuse du front dit de «la résistance antisioniste», à la tête duquel se trouve la République islamique d’Iran.

Au lieu de réponde de son implication avérée dans le conflit saharien, avec la bénédiction d’Alger, avec ce que cela comporte de dangers pour les intérêts suprêmes du Royaume, Téhéran tente sans succès d'agiter la fibre palestinienne et l'unité musulmane qui n'ont strictement rien à voir avec la décision du Maroc. Le jeu de massacre auquel se livrent les Mollahs d'Iran dans le Moyen-Orient (Syrie, Liban, Yémen, etc.), avec ce que cela implique en termes de drames pour des innocents sans défense, peut-il être mis aussi sur le compte de la "résistance antisioniste"?

Par M'Hamed Hamrouch
Le 16/05/2018 à 16h05