Remaniement gouvernemental: panique à bord du cabinet El Othmani

Un conseil de gouvernement, sous la présidence de Saâd Eddine El Othmani.

Un conseil de gouvernement, sous la présidence de Saâd Eddine El Othmani. . DR

Revue de presseKiosque360. Au sein des partis, on ne parle plus que du prochain remaniement ministériel. Les formations de la majorité, le PJD en tête, se retrouvent dans une situation difficile puisque le choix des ministrables ne sera certainement pas sans risque.

Le 02/08/2019 à 20h36

Après quelques communiqués succincts dans lesquels ils approuvent le contenu du discours royal, notamment tout ce qui se rapporte au nouveau modèle économique, les états-majors des partis politiques sont déjà retournés à leurs menues affaires. Dans les salons politiques, on a vite oublié l’horizon de développement sur lequel ouvre ce modèle pour ne plus s’intéresser qu’aux coulisses et aux rumeurs sur le prochain remaniement gouvernemental, écrit le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son édition du week-end des 3 et 4 août. 

Dans les salons politiques, relève le quotidien, l’heure est aux pronostics et aux analyses se nourrissant le plus souvent de craintes et versant parfois dans le pessimisme. En même temps, certains se sont empressés de ressortir leur CV et de se tenir prêt à occuper un éventuel poste ministériel. Ceux-là ont écourté leurs vacances et consacre leur temps à rendre visite aux secrétaires généreux des partis pour «faire passer leur CV plus facilement».

Quant au chef du gouvernement, actuellement en déplacement en Mauritanie pour participer à la cérémonie d’investiture du nouveau président, il devra plancher dès son retour sur l’une des plus importantes missions annoncées par le discours royal. Il s’agit, en premier lieu, de préparer le prochain remaniement ministériel et, en deuxième lieu, de plancher sur le gigantesque chantier des nominations des directeurs dans les différents corps de l'Etat.

Saad-Eddine El Othmani doit agir au moment où son parti connaît une situation tendue. Les membres et dirigeants du PJD sont, en effet, divisés sur ce remaniement. Ils sont particulièrement sensibles aux écrits, notamment sur les réseaux sociaux, qui jugent les ministres du parti incompétents ou ceux visés par le discours royal. C’est notamment dans ce cadre que le secrétaire d’Etat au transport, Najib Boulif, s’est empressé de rejeter toute responsabilité de son département dans l’entrave à l’investissement.

Il faut dire, souligne le quotidien, que ce genre d’insinuation prend également origine dans la situation interne du PJD. C’est ainsi que l’un des deux clans du parti se réjouit de la perspective d’évincement de certains ministres PJD, surtout ceux qui ont soutenu et continuent de soutenir Saad-Eddine El Othmani contre son prédécesseur, Abdelilah Benkirane.

Quoi qu'il en soit, note Al Ahdath Al Maghribia, personne ne parle de la façon dont le chef du gouvernement cherche et sélectionne les profils ministrables sans que cela n’affecte son propre clan, ni ne donne au clan adverse l’occasion de se renforcer au sein du parti. De toutes les manières, relève le quotidien, le PJD n’est pas le seul à vivre cette situation. La gestion de cette étape met également certains chefs de partis politiques, dont les formations connaissent une situation interne fragile, dans une posture peu enviable.

En effet, le discours royal insiste clairement sur les compétences, poursuit le journal, ce qui réduit considérablement la marge de manœuvre de ces chefs de parti. Bien plus, ces derniers seront dans l’obligation de renoncer à l’occasion en or que constitue la phase de formation du gouvernement pendant laquelle ils peuvent décider de tout, monopolisant ainsi la prise de décision et mettant à l’écart les autres instances de leur parti.

C’est pour cela, écrit le journal citant une source gouvernementale, que la prochaine réunion des chefs de partis de la majorité devrait connaître un débat clair et franc sur les dysfonctionnements de la coalition gouvernementale. Ce sera également l’occasion de faire le diagnostic des départements ministériels, à l’abri des calculs politiques, pour mieux rechercher les profiles à même de les conduire après le prochain remaniement.

Par Amyne Asmlal
Le 02/08/2019 à 20h36