Réunion de crise de la coalition gouvernementale: El Othmani tente de rafistoler sa majorité

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Revue de presseKiosque360. Saâd-Eddine El Othmani a réuni, mercredi soir, les partis de la majorité pour essayer de retrouver une cohésion qui s’est d'ailleurs estompée depuis longtemps. Plusieurs dossiers chauds sont à l’ordre du jour, dont ceux de la loi-cadre sur l’enseignement et des enseignants contractuels.

Le 06/03/2019 à 20h21

Quatre mois après leur dernière rencontre, les leaders de la coalition gouvernementale devaient se réunir, mercredi soir, pour essayer d’accorder leurs violons. Une source de la majorité indique que tous les dossiers chauds devaient être traités au cours de cette réunion. Et d’ajouter que ces retrouvailles s’annoncent houleuses après la succession des sorties médiatiques des uns et des autres, ainsi que les divergences sur plusieurs dossiers qui menacent la cohésion gouvernementale.

Le projet de loi-cadre sur l’enseignement doit faire l’objet de concertations et de négociations entre les chefs du parti, notamment sur l’article relatif aux langues d’enseignement des matières scientifiques. Un sujet qui divise la majorité, entre ceux qui prônent l’adoption des langues étrangères pour les matières scientifiques et ceux qui préfèrent qu’elles continuent à être enseignées en arabe. Ces derniers consentent, toutefois, que quelques modules soient enseignés en langues étrangères. Il se référent, ainsi, à ce qui a été énoncé dans la vision stratégique du conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique.

Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte, dans son édition du jeudi 7 mars, que les présidents des groupes parlementaires souhaitent que les dirigeants de la coalition gouvernementale trouvent un consensus sur ce sujet. D’autant que la Chambre des représentants, à travers la commission parlementaire, n’a pas réussi, jusqu’à présent, à débloquer cette situation. Ce blocage qui retarde le vote de la loi-cadre sur l’enseignement a poussé les membres de la commission à confier la résolution de ce dossier aux dirigeants des partis de la majorité. Une source parlementaire révèle que les langues d’enseignement se sont taillé la part du lion dans les discussions au sein de cette commission, mais sans résultat probant. Finalement, les parlementaires se sont mis d’accord pour reporter les débats sur ce sujet en attendant que les choses se décantent au sein des partis de la majorité. Mais c’est le RNI qui s’avère un défenseur invétéré de l’enseignement des langues étrangères. Ses dirigeants sont même très critiques envers ceux qui défendent l’arabe: «Le RNI est surpris par le double discours de certains acteurs politiques qui défendent le statu quo à cause de leurs positions idéologiques et historiques. Pourtant, certains d’entre eux ne sont pas convaincus de l’orientation qu’ils parrainent. Pis encore, ils ne peuvent pas choisir l’enseignement des matières scientifiques en arabe pour leurs enfants et leurs proches».

De son côté, le quotidien Al Akhbar traite le même sujet, dans son édition du jeudi 7 mars, en mettant l’accent sur le dossier des enseignants contractuels et, surtout, sur la guéguerre entre le RNI et le PJD. Le RNI a demandé clairement au gouvernement d’ouvrir un dialogue avec cette catégorie d’enseignants et de trouver: «les formules administratives et juridiques pour des solutions qui ne s’opposent pas à la volonté du ministère de tutelle de garantir la couverture par les enseignants de toutes les régions du Maroc, particulièrement les plus lointaines».

Le RNI et le PJD se sont livrés, ces derniers temps, à une guerre de communiqués et de déclarations se rapportant à plusieurs sujet. Le dossier de l’adoption de la facturation électronique a été le plus chaud et a suscité des critiques acerbes de la part des deux partis. Le patron du RNI, Aziz Akhannouch, a déclaré que c’est le chef du gouvernement qui dirige les ministres et que le parti d’El Othmani est donc responsable du contenu de la loi de finances. Le PJD n’a pas tardé à répliquer au patron du RNI et a chargé le ministre des droits de l’Homme, Mustapha Ramid, de lui adresser une lettre ouverte.

Par Hassan Benadad
Le 06/03/2019 à 20h21