Sahara: cette voix de la sagesse qui s'exprime depuis les Emirats

Mohammed Bin Zayed Al Nahyan, prince héritier D'abou Dabi

Mohammed Bin Zayed Al Nahyan, prince héritier D'abou Dabi . Le360 : Adil Gadrouz

Revue de presseKiosque360. La décision d’Abu Dhabi d’ouvrir un consulat général à Laâyoune constitue une victoire pour le Maroc et une défaite cuisante pour les généraux algériens. Ce changement de cap va redéfinir les positions sur les dossiers sensibles de la région, comme ceux de la Libye et de la Mauritanie.

Le 28/10/2020 à 18h59

L’entretien téléphonique qu’a eu, mardi, le roi Mohammed VI avec le prince héritier d’Abu Dhabi, Mohamed Bin Zayed Al-Nahyan, constitue un événement diplomatique de taille porteur de plusieurs signaux. D’abord, la décision des Emirats d’ouvrir un consulat général à Laâyoune est une grande victoire de la diplomatie marocaine, surtout qu’elle survient après une longue période de froid dans les relations entre les deux pays. Ensuite les Emirats arabes unis ont tranché sur leurs alliances dans la région du Maghreb en faveur du Maroc, et ce aux dépens des généraux algériens qui avaient longtemps misé sur une rupture entre Rabat et Abu Dhabi. Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte, dans son édition du jeudi 29 octobre, qu’en prenant cette décision, Abou Dhabi apporte un soutien sans faille à la marocanité du Sahara, dans un contexte tendu, de surcroît, dans les provinces du Sud. 

Le professeur de droit constitutionnel et des sciences politiques à l’université Cadi Ayyad de Marrakech, Mohamed Zahraoui, analyse cet évènement sur les plans relationnel, géopolitique et géostratégique: «Ce qui frappant dans cette décision inattendue est qu’elle survient dans un contexte particulier au niveau des relations entre les deux pays qui ont connu de fortes tensions durant plus d’un an et demi. Ensuite, ce soutien qui dépasse la symbolique arrive au moment où les milices du Polisario, dirigées par le régime militaire, s’adonnent à de graves provocations dans le poste frontalier de Gueragart». Ce faisant, ajoute le professeur, les dirigeants d’Abu Dhabi ont tourné la page du désaccord ou du malentendu qui a failli provoquer la rupture entre les deux pays. Il ne faut pas oublier, poursuit-il, que pendant certaines périodes, ce malentendu s’est transformé en antagonisme intense au niveau des positions politiques des deux pays.

Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte que Mohamed Zahraoui a indiqué que, sur le plan géopolitique, Abu Dhabi avait tranché sur ses alliances stratégiques avec le Maghreb arabe en revenant dans le giron de ses alliés traditionnels. Il ne faut pas oublier, poursuit le professeur de droit, qu’à un certain moment, les Emirats ont tissé des relations étroites, voire des alliances avec des généraux algériens influents, notamment Caïd Saleh et Saïd Chengriha. Du coup, souligne le même intervenant, ce changement de cap des Emirats sera suivi par la redéfinition de leurs positions et politiques dans la région maghrébine, notamment en ce qui concerne les dossiers mauritanien et libyen.

C’est en tout cas l’argumentaire que développe le professeur Zahraoui: «le fait que les Emirats soutient l’intégrité territoriale du Maroc par l’ouverture d’un consulat à Laâyoune va contribuer à rapprocher et assouplir les positions des uns et des autres, concernant des dossiers sensibles dans la région comme ceux de la Libye et de la Mauritanie. Les deux parties seront à même de trouver un meilleur espace d’entente et de coordination et procéder à la révision des visions quant à la présence émiratie en Mauritanie, de manière à servir les intérêts de la sécurité nationale du Maroc». Sur le plan géostratégique, le professeur Mohamed Zahraoui considère que l’initiative des Emirats arabes unis va causer de l’embarras à certains pays du Golf. Ceux-là mêmes, conclut-il, qui usent d’un double discours -qui adhère et qui récuse à la fois- et utilisent la carte du Sahara marocain comme un moyen de pression, voire de chantage.

Par Hassan Benadad
Le 28/10/2020 à 18h59