Sahara: l’Algérie interpellée, à nouveau, par l’ONU pour reprendre les tables rondes

Le politologue Tajeddine El Husseini revient sur la résolution 2654 du Conseil de sécurité de l'ONU sur le Sahara.

Le politologue Tajeddine El Husseini revient sur la résolution 2654 du Conseil de sécurité de l'ONU sur le Sahara. . Brahim Moussaid / le 360

Le 29/10/2022 à 08h42

VidéoLa résolution 2654, adoptée le 27 octobre 2022, par le Conseil de sécurité de l’ONU à une majorité écrasante, est un nouvel appel adressé à l’Algérie en vue du règlement pacifique et définitif du conflit du Sahara marocain, que le régime algérien s’entête à imposer depuis un demi-siècle, a estimé le politologue Mohamed Tajeddine El Husseini.

«Ma première réaction à cette résolution, identique à celle des autres politologues, est que le Conseil de sécurité de l’ONU vient de relancer le processus de paix de 2007 initié par le Maroc à travers le plan d’autonomie, salué par de nombreux pays, y compris les grandes puissances. Ces dernières ont renouvelé leur adhésion à la solution marocaine», a affirmé Tajeddine El Husseini, expert en géopolitique dans un entretien avec Le360.

Pour Tajeddine El Husseini, la résolution 2654 du Conseil de sécurité de l’ONU, adoptée le 27 octobre 2022 par le Conseil de sécurité de l’ONU, à une majorité écrasante de 13 voix pour et 2 abstentions, met en lumière trois aspects fondamentaux. Le premier, a-t-il expliqué, confirme que le plan d’autonomie du Maroc est «sérieux, pragmatique car à même de régler pacifiquement le conflit».

Deuxièmement, poursuit Tajeddine El Husseini, le Conseil de sécurité des Nations Unies a dénoncé, via la résolution, le Polisario pour les diverses opérations militaires qu’il mène en toute illégalité dans les zones tampons. Cette condamnation a été claire puisque «les Nations Unies ont demandé la fin de ces violations qui entravent les actions de la Minurso».

La résolution 2654 a donc reçu, a-t-il souligné, une adhésion et un large consensus au sein du Conseil de sécurité, la plus haute instance décisionnelle gérant la communauté internationale.

Tajeddine El Husseini, est c’est le troisième point qu’il a soulevé, a expliqué que le vote abstentionniste de la Russie n’est pas un vote négatif à l’encontre du Maroc, mais plutôt une réaction motivée par les relations qu'elle entretient avec Etats-Unis et par la guerre en Ukraine.

«C’est une position systémique liée aux relations entre les deux pays, mais qui a des retombées», qui n’ont aucun rapport avec la réalité marocaine, selon l’expert. Pour étayer ses assertions, il a fait remarquer que «la Chine qui appartient au même camp que la Russie et qui fait face à des problèmes d’intégrité territoriale a voté favorablement pour la résolution 2654».

En revanche, Tajeddine El Husseini a estimé que l’Algérie et le Polisario ont été énormément déçues par cette résolution.

Tajeddine El Husseini a souligné un autre point important figurant dans la résolution. Il s’agit de «la confirmation par l’ONU de son appel pressant à Alger à rejoindre le processus des tables rondes afin de trouver une solution pacifique au problème qui n’a que trop duré».

«L'Algérie, qui n’a pas encore officiellement réagi à la résolution 2654, tout comme les séparatistes du Polisario, est sous la pression internationale pour rejoindre les pourparlers. C’est la seule et unique voie pour faire aboutir le dialogue», a martelé ce professeur de droit international. Ce dernier a, par ailleurs, dénoncé le «surarmement» de l’Algérie qui dépense des milliards de dollars pour l’achat du matériel russe.

Le Conseil de sécurité, rappelons-le, se compose de 15 membres, dont 5 permanents (Etats-Unis, Chine, Russie, Royaume-Uni, France) et 10 membres élus par l’Assemblée générale pour un mandat de deux ans.

Les 10 membres non permanents actuels du Conseil de sécurité sont l’Albanie, le Brésil, les Emirats arabes unis, le Ghana, l’Inde, l’Irlande, le Kenya, le Mexique, la Norvège, et le Gabon.

Par Mohamed Chakir Alaoui et Brahim Moussaaid
Le 29/10/2022 à 08h42