Sahara: le limogeage de John Bolton, désormais ex-conseiller de Trump, sert-il réellement le Maroc?

John Bolton, un "ami" très intéressé du polisario. Ici, avec le président Trump, dont il était Conseiller à la sécurité nationale. 

John Bolton, un ami très intéressé du polisario. Ici, avec le président Trump, dont il était Conseiller à la sécurité nationale.  . DR

Il est prévu qu’avec le départ de John Bolton, désormais ex-conseiller du président Trump à la sécurité nationale, la pression va s’accentuer sur le tandem Alger-Polisario, qui viennent de perdre un «ami» de longue date. Décryptage.

Le 11/09/2019 à 12h43

Le Maroc peut-il, finalement, pousser un «ouf» de soulagement, après le limogeage du «faucon» John Bolton par le président Trump, dont il était conseiller à la Sécurité nationale? Le départ de ce va-t-en-guerre impénitent annonce-t-il la fin de la pression que ce dernier n’a eu de cesse d’exercer sur «les parties» et le Maroc particulièrement depuis sa nomination, en mars 2018, au poste stratégique de la sécurité nationale américaine, à travers notamment l’écourtement de la durée de la Minurso à six mois seulement, au lieu d’une année?

Tout porte à penser que la controverse suscitée autour de «l’utilité», voire l’existence, de la Minurso porte bel et bien la signature de l'ex-bras droit de James Baker, partisan farouche de l’organisation du «référendum d’autodétermination» auquel Alger et le polisario continuent de se cramponner bec et ongles, malgré l’échec de cette option déclarée impraticable de l’aveu même de l’ONU, ou encore celui du Conseil de sécurité, qui a passé à la trappe cette option dans ses dernières résolutions.

Le départ imprévu de Horst Köhler, le 23 mai dernier, de son poste d’Envoyé personnel du SG de l’ONU pour le Sahara, serait aussi dû à la précipitation de l'impatient John Bolton, qui ne faisait d'ailleurs pas mystère de «sa frustration» quant à l’enlisement du conflit créé autour du Sahara, dont l’issue serait, à ses yeux, l’organisation dudit «référendum d’autodétermination»!

Il n’est ainsi pas curieux que la position de John Bolton converge avec celle du tandem Alger-polisario, qui s’étaient beaucoup réjoui de l’arrivée, en mars 2018, de leur ancien «ami» américain à la tête de la Sécurité nationale, à titre de Conseiller du président Donald Trump.

Le360 avait été on ne peut plus explicite en rapportant le 9 mai dernier, sur la base de révélations fracassantes faites par le président du Forum sahraoui-canarien, Miguel Ortiz, qu’Alger versait une mensualité de 26.000 euros (286.000 dirhams) au profit d’une firme-conseil américaine, nommée Keene Consulting, dirigée par David Keene, qui fait partie du cercle d’influence de John Bolton.

David Keene, ancien président de la très puissante National Rifle Association (NRA), le lobby des armes à feu, avait lui-même recruté J. Bolton en tant que chargé des Affaires internationales. Des accointances sur fond d’affairisme que l’un et l’autre ont mises au service du polisario et d’Alger, passée championne de «la diplomatie de la valise»!

Il suffit de consulter les billets publiés par David Keene dans la rubrique «Opinion» du Washington Times, dont il était responsable, pour se rendre à l'évidence de son parti-pris (et celui de John Bolton) flagrant et non moins intéressé en faveur de la pseudo-«cause sahraouie». En octobre 2013, il publiait en effet un appel pour «l’autodétermination du Sahara occidental». En mai 2015, suite au décès de l’ex-chef du polisario, Mohamed Abdelaziz, il rendait à ce dernier un hommage appuyé dans le même quotidien.

On pourrait en effet allonger davantage la liste des compromissions de ces deux-là, mais abrégeons: avec le départ de John Bolton, la pression va certainement changer de camp. Les prémices de ce changement ont d'ailleurs été traduits dernièrement par le prestigieux journal "The Wall Street Journal" quand il a affirmé l'opposition catégorique de l'Administration Trump à l'option de "l'indépendance" prônée par Alger et le polisario. 

Par M'Hamed Hamrouch
Le 11/09/2019 à 12h43