Sahara: pourquoi le Conseil de sécurité pointe de plus en plus le rôle central d'Alger

Les Etats-Unis, porte-plume du projet de résolution sur le Sahara. Ici, l'ambassadrice représentante permanente des USA auprès de l'ONU, Nikki Haley.

Les Etats-Unis, porte-plume du projet de résolution sur le Sahara. Ici, l'ambassadrice représentante permanente des USA auprès de l'ONU, Nikki Haley. . DR

Intervenant à l'issue du briefing de Horst Köhler hier mercredi, la présidence britannique du Conseil de sécurité a souligné la nécessité pour l'émissaire onusien de consulter "l'ensemble des parties concernées", y compris et surtout Alger, pour relancer les pourparlers. Décryptage.

Le 09/08/2018 à 11h50

Souvenez-vous: le 4 avril dernier, le Roi Mohammed VI, dans une lettre transmise par le MAECI Nasser Bourita au SG de l'ONU, Antonio Guterres, fustigeait clairement et fermement le rôle central d'Alger dans le différend régional créé autour du Sahara marocain. Dans ce message, le souverain pointait «la responsabilité flagrante» du voisin de l'est, qui "finance", "abrite", "arme", et "soutient diplomatiquement le Polisario". "Le Maroc a toujours appelé à ce que l’Algérie prenne une part importante dans le processus politique, que l’Algérie assume ses responsabilités dans la recherche de la solution, et que l’Algérie joue un rôle à la hauteur de sa responsabilité dans la genèse et l’évolution de ce différend régional", rappelait Mohammed VI.

Ce message de vérité n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd. Passons sur les termes de la résolution 2414, adoptée fin avril dernier à la majorité des membres du Conseil de sécurité, qui a été on ne peut plus ferme en appelant les pays du voisinage, et donc l'Algérie, à "s'impliquer plus profondément dans le processus politique" engagé en 2007 à Manhasset, en banlieue new-yorkaise, pour "progresser vers une solution politique juste, équitable et durable" au contentieux plus que quarantenaire créé autour du Sahara marocain.

Alger devait évidemment se reconnaître dans cette injonction de l'instance décisive de l'ONU, en prendre note et acte pour évoluer vers la "paix des braves". Ce qui n'a malheureusement pas été le cas tellement Alger veut se soustraire à sa responsabilité historique avérée dans la genèse et le maintien de ce conflit, en forçant le front polisario, qui en est le produit pur jus, à continuer de se cramponner à la thèse éculée, de surcroît irréaliste et irréalisable, du "référendum d'autodétermination", quand bien même cette option est "impraticable" de l'aveu même des Nations unies.

La sortie de la présidence britannique du Conseil de sécurité, hier mercredi au soir, pour souligner la nécessité impérieuse pour l'Envoyé personnel du SG de l'ONU, l'ancien président allemand Horst Köhler, de "consulter l'ensemble des parties concernées", y compris et surtout Alger, rappelle à nouveau le voisin de l'est à ses responsabilités, qui sont inéluctables pour solder ce conflit régional qui n'a que trop duré et dont le coût sécuritaire n'est pas à démontrer pour une région déjà minée par des jihadistes de tous bords, dont les suppôts du pseudo-calife de "l'Etat islamique", Abou Bakr al-Baghdadi, pour ne pas parler d'Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI), dont les figures de proue sont d'origine généralement algérienne, tels que Mokhtar Belmokhtar, né à Annaba, et qui est aujourd'hui l'un des terroristes les plus recherchés au monde.

Il n'est donc pas fortuit que le Conseil de sécurité en remette une couche en épinglant, même sans la nommer, Alger pour son rôle destructeur dans une région explosive. Il apparaît à l'évidence que la posture contreproductive d'Alger commence à mettre à très rude épreuve la patience de la communauté internationale, comme pourrait en témoigner la réduction à moitié, et pour la première fois, du mandat de la Minurso (fin avril à fin octobre 2018).

Hier mercredi, l'adjoint à l'ambassadeur représentant permanent de la Grande-Bretagne auprès de l'ONU, Jonathan Allen, annonçait une reprise des pourparlers vers fin décembre 2018.

Face à ce nouvel impératif onusien, Alger va-t-elle se faire une raison et assumer sa responsabilité en s'asseyant à la table des pourparlers initiés, faut-il le rappeler encore une fois, sur la base de l'Initiative du Maroc pour l'octroi d'un statut d'autonomie au Sahara?

C'est une exigence d'autant plus forte que le Conseil de sécurité n'a eu de cesse de souligner, au fil de ses résolutions, la nécessité de prendre fait et cause pour le plan d'autonomie jugé "sérieux, crédible et réaliste".

La sortie de l'impasse passe nécessairement par le renoncement d'Alger, principal protagoniste du conflit, à l'option référendaire qu'elle est d'ailleurs la seule à continuer de réclamer, au mépris des efforts déployés à l'international pour solder un conflit hérité de la Guerre froide et dont l'objectif essentiel est de nuire aux intérêts du royaume, à leur tête son intégrité territoriale.

Par M'Hamed Hamrouch
Le 09/08/2018 à 11h50