Sahara: quand la résolution onusienne 2602 devient une référence pour le régime algérien

De gauche à droite: Ramtane Lamamra, chef de la diplomatie algérienne, Saïd Chengriha, chef d'état-major de l'Armée nationale populaire, et le président algérien Abdelmadjid Tebboune.

De gauche à droite: Ramtane Lamamra, chef de la diplomatie algérienne, Saïd Chengriha, chef d'état-major de l'Armée nationale populaire, et le président algérien Abdelmadjid Tebboune. . Le360 (photomontage)

Dans le conflit factice qu’il a créé autour du Sahara marocain, le régime algérien semble dépassé par les évènements. A tel point que la résolution 2602 qu’il a rejetée il y a à peine six mois est devenue à ses yeux un référentiel incontournable de la légalité internationale. Décryptage.

Le 17/05/2022 à 12h12

La position de l’Union européenne sur la question du Sahara est claire, et elle conforte le Maroc dans sa position, même si le Royaume souhaite que son partenaire stratégique européen aille plus en avant, suivant en cela l’Espagne et l’Allemagne, entre autres.

Selon le Haut représentant de l'Union européenne pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell Fontelles, «la position de l’Union européenne sur le Sahara Occidental –qui reflète l’opinion commune existante parmi ses Etats membres– est de soutenir pleinement les efforts menés par les Nations unies en faveur d’un processus politique en vue de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable au problème… dans le strict respect des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU, et en particulier la résolution 2602 (2021)». Il convient de souligner le «en particulier la résolution 2602 (2021)».

Cette déclaration, tronquée de la phrase se référant à la résolution 2602, a été brandie comme un trophée pas plus tard qu'hier, lundi 16 mai 2022, par l’agence de presse officielle algérienne, APS, qui a tendu le crachoir au triste bouffon Amar Belani, pour que celui-ci déclare que cette position exprimée par Josep Borrell «contribue à réduire la campagne orchestrée par le Maroc pour ressusciter sa proposition de 2007 à une vaine tentative de contournement et occultation de la légalité internationale» (!). 

Et pourtant, quand, le 27 mars dernier, Josep Borrell a dit la même chose lors d’une interview accordée à l’agence de presse espagnole EFE, qui l’a questionné sur le tournant historique opéré par l’Espagne sur la question du Sahara marocain, il a été violemment pris à partie par ce même Amar Belani.

Borrell a, dans cette interview, catégoriquement «rejeté que le changement de politique du gouvernement espagnol sur le Sahara Occidental contrevient aux dispositions des Nations Unies» et de l’Union européenne.

Lui répondant à travers un article qu’il a anonymement signé en tant que «source diplomatique» dans les colonnes de TSA (Tout-sur-l’Algérie), le vrai scribouillard (et faux diplomate) écrit: «la crise est bilatérale et nous avons affaire à l’Espagne et non pas à l’Union Européenne… Il ne faut pas se tromper de registre. Ceux qui assument directement la responsabilité de cette crise sont ceux qui doivent s’impliquer et s’investir pour la surmonter… Il faut dire aussi que Madrid n’a pas frappé à la bonne porte. Josep Borrell, membre du parti socialiste espagnol de Pedro Sanchez, est disqualifié par les positions qu’il a eu à exprimer sur la question».

Hier disqualifié, Borrell est aujourd’hui porté aux nues… Pour avoir dit la même chose. Et nous ne sommes pas au bout de nos surprises, avec un régime qui tangue au gré des courants et montre une sidérante incapacité à tenir une même ligne.

En effet, dans cette même interview qui lui avait valu des insultes de l’aboyeur en fin de vie de la junte, Borrell avait exactement dit ce qu’il exprime aujourd’hui: «à l’UE, nous continuons à dire la même chose, c'est-à-dire que le conflit doit avoir une solution dans le cadre des résolutions des Nations Unies».

Dès lors, on ne comprend pas pourquoi la junte jubile en entendant Josep Borrell dire que l’UE respecte les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU sur le Sahara, alors que ces mêmes résolutions ont été rejetées par l’Algérie, car elles soutiennent la solution de règlement du conflit sur la base d’un compromis réaliste, inséparable du plan d’autonomie proposé par le Maroc.

On aurait cru que Josep Borrell a épousé les thèses algériennes sur le Sahara, alors qu’il n'y a, dans ses propos, aucune référence ni au référendum, ni à l'autodétermination. A ce sujet, le régime algérien semble avoir fait le deuil de ces deux «principes», du moins à l’international, et ne s’en sert que pour sa consommation interne.

Six mois à peine après l'avoir rejetée par un communiqué du ministère des Affaires étrangères, la résolution 2602 du Conseil de sécurité de l’ONU adoptée le 30 octobre dernier devient donc une référence pour le régime algérien. C’est bien là la marque d’un régime isolé, perdu dans ses repères, et qui recule. Cela donne une idée de la vitesse à laquelle le dossier du Sahara évolue et de la manière dont le régime algérien est complètement largué. A ce rythme, il ne faudrait pas s’étonner de voir l’Algérie citer, bientôt, comme référentiel au différend du Sahara occidental… Ni plus ni moins que le plan d’autonomie proposé par le Maroc!

Par Mohammed Ould Boah
Le 17/05/2022 à 12h12