Sahara. Réserves marocaines sur la nationalité du futur envoyé du S.G de l’ONU: ce qu’il en est vraiment

Le Conseil de sécurité de l'ONU.

Le Conseil de sécurité de l'ONU. . DR

Citant le représentant du Polisario à l'ONU, l’agence AFP émet la thèse d’un rejet de la part du Maroc de tout nouvel envoyé spécial du S.G de l’ONU de nationalité allemande ou issu d'un des cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité. Il n’en est rien. Explications.

Le 31/10/2019 à 15h51

«Nous exhortons le secrétaire général (Antonio Guterres) à nommer une nouvelle personne». C’est ainsi que le représentant du Polisario à New York, Sidi Omar, a réagi à la nouvelle résolution du Conseil de sécurité de l’ONU. Ne cachant pas sa «frustration», il dit regretter que «le Maroc ait posé des pré-conditions, comme le rejet de toute nouvelle personnalité allemande ou issue d'un pays membre permanent du Conseil de sécurité (Etats-Unis, Russie, Chine, Royaume-Uni et France)».

Qu’est ce qui pourrait donc justifier une telle position de la part du Maroc? «Rien, absolument rien», nous dit cette source autorisée, qualifiant la thèse d’infondée. «Il s’agit ni plus ni moins que d’un ballon d’essai pour faire réagir le Maroc. Et le Polisario n’en est pas à son premier coup d’essai en matière de propagande», nous dit-elle.

De source diplomatique, nous apprenons que «la nomination d’un envoyé personnel est un processus interne relevant des prérogatives du Secrétaire Général. Il doit choisir la personne idoine à laquelle il déléguera ses bons offices». Les envoyés spéciaux sont sélectionnés et nommés dans le cadre d’un processus de sélection rigoureux. «Aucun Etat membre des Nations Unies ne peut interférer dans cette sélection», ajoute la même source. «Il est fondamental que la personne choisie puisse s’inscrire dans la continuité pour bâtir sur le processus politique qui a été laissé par l’ancien envoyé personnel. A l’heure actuelle, le secrétaire poursuit ses consultations. Dans la pratique et dans le passé, il est arrivé que le secrétaire général prenne tout son temps de bien choisir le candidat idoine et il est dans son droit.Le plus important c’est le processus et ses acquis», nous dit-on.

Contacté par le360, cette source au sein du Corcas (Conseil royal pour les affaires sahariennes) ne dit pas autre chose. «C’est la guerre dans les coulisses et, agité, le Polisario cherche par tous les moyens à cacher sa déception. Il avait d’ailleurs émis des supposées fuites sur la nationalité du prochain envoyé spécial, affirmant que ce dernier serait issu d’un pays africain. Le but n’est autre que de provoquer le royaume dont la ligne de conduite est claire sur ce dossier», explique notre interlocuteur.

Le discours officiel marocain se limite à trois points cardinaux: l’affaire du Sahara doit rester du ressort exclusif de l’ONU, l’Algérie doit s’impliquer davantage dans la résolution du conflit et toute solution autre que l’autonomie sous souveraineté marocaine est nulle et non avenue. «Dans tout cela, la nationalité de l’envoyé spécial au Sahara importe peu. Le plus important, c’est la nomination d'une personnalité qui prendra ce dossier en charge. Le Maroc a d'ailleurs traité avec des envoyés spéciaux, tels l'Américain Christopher Ross, en sachant leurs positions proches du Polisario», affirme cet autre membre du Corcas.

Si aucune personnalité n’est officiellement sur la table de l’ONU pour prendre en main cette charge, tout porte à croire, et nos sources s’y accordent de manière unanime, que le prochain envoyé spécial du S.G de l’ONU sera ou américain ou un hispanique proche des Etats-Unis. «C’est l’Amérique qui tient ce dossier à l’ONU et c’est d’ailleurs les USA qui ont rédigé la dernière résolution», précise notre source. Laquelle résolution a recueilli 13 voix pour et 2 abstentions (Russie, Afrique du Sud).

Plus déstabilisé que jamais, le Polisario s’agite donc. En renouvelant mercredi pour un an la mission Minurso au Sahara, au lieu de six mois comme décidé ces dernières années, «L’ONU replace ce dossier dans sa vraie dimension, celle d’un conflit mineur. Au grand dam du front séparatiste qui a peur de se faire oublier et qui menace aujourd’hui de se retirer du processus onusien alors que le Maroc se dit disposé à revenir à la table des pourparlers dès demain», résume le membre du Corcas.

Par Tarik Qattab
Le 31/10/2019 à 15h51