Situation humanitaire à Tindouf: le Maroc ouvre la boîte de Pandore à Johannesburg

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Revue de presseKiosque360. Avec le vent en poupe dans le dossier de son intégrité territoriale, le Maroc passe à l’offensive au sein des institutions de l’Union africaine. Lundi dernier, devant le Parlement africain, il a dénoncé la répression et le blocus dont sont victimes les manifestants sahraouis à Tindouf.

Le 14/05/2019 à 21h02

Alors qu’ils avaient, depuis plusieurs années, les coudées franches au sein de l’Union africaine qu’ils ne se sont pas fait prier pour instrumentaliser à outrance contre le Maroc, les Algériens viennent d’apprendre à leurs dépens qu’il allait falloir désormais compter avec le retour du royaume au sein des institutions de l’organisation panafricaine. Même si le dossier du Sahara reste exclusivement entre les mains de l’ONU.

Lundi dernier, en Afrique du sud, les travées du Parlement africain ont été vivement animées par une confrontation entre députés marocains et algériens. Selon le quotidien Al Ahdath Al Maghribia de ce mercredi 15 mai, c’est au cœur même de l’Afrique du sud, Etat qui a choisi de défendre les thèses séparatistes portées par l’Algérie et le Polisario, que les parlementaires marocains ont dévoilé, devant leurs pairs africains, les graves violations des droits de l’Homme qui ont lieu actuellement dans les camps de Tindouf. «Disparitions forcées, arrestations et tortures, usage de chars pour disperser les manifestants qui réclament la liberté de se déplacer et de s’exprimer… sont devenus le lot quotidien des populations sahraouies, utilisées par l’Algérie comme fonds de commerce pour détourner l’aide internationale», ont affirmé les élus marocains. Mieux, ces derniers ont interpellé les parlementaires de l’Union africaine pour qu’ils demandent à l’Algérie les raisons qui l’ont empêchée de refuser un recensement des populations sahraouies de Tindouf, recensement exigé par la communauté internationale.

Cette passe d’armes était d’ailleurs bien à propos, puisque le Parlement africain débattait du thème: «Réfugiés, déplacés par la force, et rapatriés», un sujet qui sera également abordé dans les mois à venir par la Commission onusienne des droits de l’Homme (CDH) à Genève.

Alors que le parlementaire algérien, Hamid Boucharef, député FLN à l’Assemblée nationale populaire, ressassait la vieille litanie de «l’autodétermination du peuple sahraoui», il s’est entendu répondre par ses homologues marocains que toutes les preuves étaient disponibles, à l’ère des réseaux sociaux, pour prouver que les «populations des camps de Tindouf sont séquestrées par des milices armées qui les utilisent pour faire main basse sur l’aide internationale, revendue sous forme de contrebande dans les marchés voisins».

Après ce premier round d’échauffement au «Parlement de Johannesburg», qui a vu de nombreuses voix africaines exiger un recensement des populations sahraouies de Tindouf, une autre bataille maroco-algérienne aura lieu à Genève, devant la CDH, les 17 et 18 décembre prochain. D’ici là, beaucoup d’eau aura coulé sous les ponts, car à Alger comme dans les camps de Lahmada, les manifestations actuelles ne resteront pas vaines.

Par Mohamed Deychillaoui
Le 14/05/2019 à 21h02