Talarouak: l’hélicoptère du ministre de l’Intérieur immobilisé à cause d’un vieux contentieux

Abdelouafi Laftit, ministre de l'Intérieur.

Abdelouafi Laftit, ministre de l'Intérieur. . DR

Revue de presseKiosque360. Le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit a voulu dialoguer avec un groupe de contestataires à Issakken, dans le cercle de Ketama. Suite à un désaccord sur le lieu de la rencontre, l’hélicoptère du ministre a été empêché de décoller.

Le 24/05/2017 à 21h15

Le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, a connu des moments difficiles lors d’un récent déplacement dans la commune d’Issakken relevant du cercle de Ketama, dans la région d’Al Hoceima. Selon le quotidien Assabah, qui rapporte l’information dans son édition de ce jeudi 25 mai, le ministre a dû rentrer de sa visite en voiture après que des manifestants ont empêché son hélicoptère de décoller.

Le ministre voulait dialoguer, mardi, avec les manifestants qui observent un sit-in ouvert depuis plus d’une année. Les deux parties n'ont pas réussi à s'entendre à propos du lieu de la rencontre. Le ministre souhaitait une réunion au siège de la Caïda ou dans un hôtel alors que les contestataires voulaient dialoguer sur place. C’est au moment de repartir qu’Abdelouafi Laftit a été empêché de quitter les lieux à bord de l’appareil de la Gendarmerie royale. L’appareil a pu finalement décoller, tard dans la soirée, après plusieurs heures d’immobilisation.

Les intéressés, membres de la tribu de Talarouak, n’ont pas pu par conséquent remettre leur cahier revendicatif au ministre. C’est pour cela qu’ils ont décidé d’entamer, mercredi, une marche à pied vers la ville d’Al Hoceima. Leur affaire, explique le journal, remonte à plusieurs décennies. Elle porte sur un contentieux relatif à un terrain de 489 ha formant un espace de plaine doublé d'une petite forêt de pins, au sein de cette zone montagneuse. Les 6.000 habitants répartis sur 21 douars qui exploitaient autrefois ce terrain, en sont empêchés depuis 1975.

C’est à cette date qu’une coopérative, constituée par des notables de la région, a mis la main sur ces terres sous prétexte d’y développer un projet expérimental de cultures alternatives en y plantant des pommiers. Cette pommeraie n’a jamais vu le jour et les habitants n’ont jamais cessé de revendiquer ces terres. Bien plus, en 2007, on a commencé à évoquer un projet de ville verte qui pourrait être construite sur ces terres. Deux ans plus tard, en 2009, et suite à un séisme, suivi d’un éboulement de terrain ayant endommagé quelques habitations dans les environs, leurs propriétaires ont décidé d’occuper ces terres et de les exploiter. Ce dont ils ont, encore une fois, été empêchés.

En 2015, la coopérative qui détenait encore ces terrains a commencé à les céder à une entreprise de promotion touristique sise à Rabat. Cette dernière a commencé par acquérir 96 ha contre des sommes importantes. Le journal parle de 270 millions de DH. En réaction, les habitants ont entamé un sit-in ouvert sur place depuis le 8 mai 2016.

Selon le quotidien Al Ahdath Al Maghribia qui évoque également le sujet dans son édition du 25 mai, les habitants ont monté une tente sur place et se relaient sur les lieux. Pour ce faire, ils se sont constitués en plusieurs groupes. De même, affirme le journal, chaque lundi et vendredi, ils organisent avec leurs femmes et leurs enfants une marche vers le siège de l’autorité locale la commune d’Issakken.

Le quotidien rappelle que ces terres, appelées «Outa Issakken», étaient convoitées par deux tribus depuis des siècles. En 1907, elles sont revenues à la tribu de Talarouak. En 1934, la tribu a fait établir des documents attestant de sa propriété de ce terrain. Le journal assure que la coopérative en question s'est approprié ces terres sans l’aval des représentants légitimes de la tribu. L’affaire a même été portée devant la justice et, en 2011, le tribunal a émis un jugement en faveur de la coopérative.

Par Amyne Asmlal
Le 24/05/2017 à 21h15