Tétouan. El Othmani, cible d'un flot de critiques de la part des opérateurs économiques

Saad-Eddine El Othmani, chef du gouvernement.

Saad-Eddine El Othmani, chef du gouvernement. . DR

Revue de presseKiosque360. Lors d’une rencontre à la Chambre de commerce de Tétouan, le chef du gouvernement a été pris à partie par un flot de griefs émis par les opérateurs économiques. Décontenancé, El Othmani a tenté d'expliquer la coalition contre-nature PJD-PAM au Conseil régional. Bien mal lui en a pris.

Le 11/11/2019 à 20h55

Lors d’une rencontre récemment tenue à la Chambre de commerce et de services de Tétouan sur la régionalisation avancée, le chef du gouvernement a été pris à partie par un flot de griefs et de questionnements. Les intervenants ont notamment évoqué l’absence de projets alternatifs pouvant se substituer aux secteurs informels, et plus particulièrement à la contrebande dite de «Subsistance» avec le préside occupé de Sebta.

L'assemblée a aussi évoqué le gel des dossiers d’investissements dans la Zone industrielle et la hausse du taux de chômage auprès des jeunes, ce qui les pousse vers l’émigration clandestine. Une situation dramatique, ont ajouté les orateurs, qui démontre l’échec du gouvernement à traiter les dossiers sociaux brûlants. Du coup, le gouvernement renie ses promesses électorales en évoquant des contraintes qui ne changent rien à l'amère réalité des citoyens.

Les intervenants ont, par ailleurs, interpellé Saâd Eddine El Othmani sur la propagation du phénomène gravissime du suicide qui a débordé de la région de Chefchaouen pour toucher Tétouan et ses environs. Plusieurs contradicteurs du chef du gouvernement lui ont reproché de déborder du sujet de la rencontre, en essayant de justifier la coalition du PJD avec son adversaire, le PAM, pour constituer une majorité au Conseil de la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceima.

L’un des membres de l’auditoire a demandé à El Othmani de visiter le poste-frontière du préside occupé de Sebta pour constater de lui-même ce qu’endurent comme souffrances les gens qui s’adonnent à la contrebande dite de «subsistance». Une situation intenable, a ajouté ce même intervenant, qui perdure avec l’absence de création de zones de libre-échange, bien que ce sujet ait été, à maintes reprises, évoqué et discuté au Parlement.

Le quotidien Al Akhbar rapporte également, dans son édition de ce mardi 12 novembre, que les représentants de plusieurs secteurs vitaux de Tétouan ont mis en garde le chef du gouvernement contre la récession que connaît la région. Les opérateurs du marché au gros soulignent que la baisse des échanges commerciaux est palpable, quand on sait que le marché ne reçoit que 100 camions de fruits et légumes, alors qu’il en accueillait près de 200 il y a quelque temps encore.

Plusieurs responsables de petites et moyennes entreprises ont qualifié cette rencontre avec le chef du gouvernement de "décevante". Ils considèrent que cette réunion ne se distingue pas de celles qu’organise le PJD pour élargir sa base électorale. Sans oublier, ajoutent ces mêmes opérateurs économiques, que ce show d’El Othmani vise à sauver la présidence de la commune urbaine de Tétouan, qui patauge dans une gestion désastreuse.

La mairie est en effet actuellement aux prises avec un trou budgétaire conséquent, un cumul de créances impayées et un déficit énorme dans les investissements.

Devant la gravité des problèmes socio-économiques que connaît cette région qui lui ont été exposés, tels l'augmentation des suicides, l’encombrement des facultés et les problèmes liés aux crédits bancaires, El Othmani s’est contenté de faire des promesses. Le chef du gouvernement a indiqué qu’il avait enregistré toutes les observations et critiques, et qu’il soumettrait ces dossiers aux établissements concernés.

Par Hassan Benadad
Le 11/11/2019 à 20h55