Tindouf: les amis d’Ahmed Khalil ne croient pas aux promesses de Brahim Ghali

La photo du disparu arborée par l'un des manifestants.  

La photo du disparu arborée par l'un des manifestants.   . DR

Les membres de la «Coordination d’El Khalil Ahmed Brahim» ne font pas confiance aux promesses de Brahim Ghali, chef du polisario, quant au sort de ce célèbre disparu. Ils ont même décidé de maintenir leur sit-in à Rabouni. Explications.

Le 17/02/2019 à 13h39

«Brahim Ghali tergiverse, simplement pour gagner du temps, et on ne peut pas lui faire confiance quant au sort d’Ahmed Khalil», ancien conseiller de cet ex-chef du Polisario enlevé à Alger il y a dix ans. Voici, en substance, les dires des membres de la «Coordination d’El Khalil Ahmed Brahim».

Nos sources affirment que Brahim Ghali a pris contact avec Hafdallah, le fils du disparu, lequel, à son tour, a fait part aux membres de sa tribu (les Rguibat Souaad) que Ahmed Khalil était bel et bien vivant, et que son sort sera élucidé dans un délai de dix jours.

De ce fait, sous l’impulsion du fils du porté disparu, les membres de la tribu de Rguibat Souaad ont décidé de suspendre leurs manifestations, qui durent depuis plusieurs jours.

Sauf que voilà: les membres de la «Coordination d’El Khalil Ahmed Brahim» ont décidé d’aller à l’encontre de l’injonction du fils du porté disparu, car ils ont d'ores et déjà deviné la parade de Brahim Ghali.

Selon nos sources, le secrétaire général du front polisario ne cherche qu’à apaiser les esprits de la tribu d’Ahmed Khalil, et de gagner du temps, dans le but d’organiser plusieurs échéances qui lui tiennent davantage à coeur que la vie d’un ancien responsable et les sentiments de toute une tribu, éplorée depuis voici une décennie.

Il s’agit, de fait, de l’organisation du 8e congrès de «l'Union nationale de la femme sahraouie», qui doit avoir lieu à partir du 23 février, jusqu'au 25 de ce même mois, dans le camp dit de «Boujdour», juste après le «Sahara marathon» programmé ce 26 février, précisément tout juste au lendemain du 43e anniversaire de la proclamation de la prétendue "rasd".

Hier, samedi 16 février , près de 400 sahraouis des camps de Tindouf, pour la plupart issus de la tribu des Rguibat Souad, ont repris leur sit-in observé depuis le 11 février dernier devant le siège du «secrétariat national» du front séparatiste.

Embarqués à bord de quelque 160 véhicules, les manifestants étaient encadrés par les membres de la «Coordination El Khalil Ahmed Brahim» avec la même, sempiternelle, revendication: faire la lumière sur le sort du disparu dont ils avaient brandi les portraits aux côtés du prétendu «drapeau» du polisario.

Par la suite, les manifestants ont organisé une marche vers les locaux d'un soi-disant «ministère de la Justice» avant de revenir au lieu initial de leur sit-in puis de se disperser.

Nos sources indiquent cependant qu’une trentaine de personnes ont décidé de passer la nuit sur place, sous une tente dressée à cet effet.

Comme nous le rapportions dans la matinée de ce dimanche 17 février, les autorités algériennes ont informé la direction du Polisario que Ahmed Khalil, ancien conseiller de l’ex-chef des séparatistes, était bel et bien en vie.

Il serait, de fait, incarcéré dans des geôles d’Alger. 

Brahim Ghali, qui était de retour d’Addis-Abeba, a fait escale à Alger et s'est entretenu avec de hauts responsables algériens, qui lui ont confié que ce porté disparu était bien vivant.

Le patron du Polisario a donc demandé à la tribu d’Ahmed Khalil, les Rguibat Souaad, de suspendre leurs manifestations, à charge pour lui de trouver une solution dans un délai de dix jours, ajoutent nos sources.

Ahmed Khalil, conseiller du défunt Mohamed Abdelaziz, était également le chef de la sécurité des camps de Tindouf.

Visiblement, même si cette information selon laquelle le porté disparu est bien vivant, constitue une bonne nouvelle pour ses proches et sa tribu, le patron du Polisario cherche avant tout à contenir la colère dans les camps de la honte, sans avoir les moyens d’honorer sa promesse.

Mais cela, les membres de la «Coordination d’El Khalil Ahmed Brahim» l'ont déjà bien compris, en dépit de la bonne foi affichée par Hafdallah, le propre fils du disparu.

Par Mohammed Boudarham
Le 17/02/2019 à 13h39