Tiznit: un pacha contre «la corruption institutionnalisée»

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Revue de presseKiosque360. La campagne de libération de l’espace public menée par le pacha de la ville de Tiznit a révélé qu’un réseau, composé de notables, de commerçants sédentaires, d’agents et d’auxiliaires d’autorité, tirait profit du phénomène. Pis encore, certains y ont «investi».

Le 24/09/2019 à 01h21

Le pacha de la ville de Tiznit, Nejmeddine Abidi a volé la vedette aux responsables locaux, élus et acteurs de la société civile dans la ville de Tiznit et ses environs. C’est son intégrité et sa rigueur dans l’exercice de sa fonction qui lui ont valu cette «renommée», mais également des critiques de la part même de ses proches collaborateurs. Et pour cause. Le pacha a démoli les sentiers de la rente pour certains, tout en remettant de l’ordre dans l’espace public, bénéficiant ainsi à toute la population locale qui a salué cette initiative.

Selon le quotidien Al Ahdath Al Maghribia qui se penche sur ce sujet dans son édition de ce mardi 24 septembre, le pacha a mené une campagne rigoureuse contre l’occupation illégale de l’espace public dans les différentes zones de la ville. Dès le début de la campagne, des marchands ambulants ont protesté contre l’instauration de l’ordre, allant jusqu’à commettre des actes de vandalisme. Douze personnes ont ainsi été arrêtées et certaines d’entre elles ont été poursuivies en état de liberté provisoire.

Cet état de fait a été mis à profit par le pacha afin de passer au peigne fin tous les exploitants de l’espace public. C’est ainsi qu’il a découvert que certains «ferachas» exercent leurs activités sur les boulevards de la ville, en bénéficiant d’une couverture de notables, de commerçants sédentaires ou même des agents d’autorité. Pis encore, certains responsables, mettant à profit leur pouvoir, «recrutent» des jeunes et les équipent d’une charrette pour déambuler dans la ville en contrepartie du versement d'une "rente" mensuelle.

L’enquête, ouverte par la commission mixte mise en place à cet effet, a également révélé que certains commerçants exploitent illégalement l’espace public en faisant croire à tout le monde que leur situation était en règle, alors qu’ils n’ont pas payé les taxes afférentes depuis l’année 2009. D’autres ont fait appel à des personnes ayant des antécédents judiciaires pour les employer comme marchands ambulants dans le cadre d’un réseau dans la ville tout en leur assurant «la couverture» nécessaire. Le comble, poursuit le quotidien, est que des auxiliaires et des agents d’autorité exploitaient également l’espace public, soit directement ou en procédant à sa location à des marchands ambulants en contrepartie d’«enveloppes» à la fin de chaque mois.

Par Mohamed Younsi
Le 24/09/2019 à 01h21