Vidéo. Elections 2021: "l'électorat est devenu exigeant, attention au vote sanction à l'avenir", avertit un politologue

le360

Après la cinglante défaite du PJD via les urnes, le 8 septembre 2021, un politologue lance une mise en garde aux heureux vainqueurs, leur signalant que l'électorat marocain est devenu désormais plus exigeant avec "l'usage irréversible de son droit au vote-sanction".

Le 12/09/2021 à 18h25

"Le PJD a été écarté par les urnes et les partis politiques vainqueurs doivent désormais se méfier de l'exigence de l'électorat, constitué davantage par des jeunes", a estimé le politologue Adnan Debbarh dans un entretien pour Le360. Selon lui, les partis politiques vainqueurs (RNI, PAM, Istiqlal et USFP), s'ils participent au futur gouvernement, doivent mettre impérativement à exécution leurs programmes électoraux ainsi que les priorités socio-économiques. A défaut, selon le politologue, ils s'exposeront à l'avenir à un "vote-sanction et à une reddition des comptes".

Pour Adnan Debbarh, le parti de la Lampe a failli à sa mission "au pouvoir durant 10 ans environ". "Le PJD, a-t-il souligné, n'a pas réussi à déceler les attentes de la population jeune, plus matérialiste et plus moderne, car le référentiel religieux de ce parti lui a obstrué la vue concernant les attentes matériels de la population marocaine".

"Cette population ne se suffit plus à implorer le ciel. En plus, le PJD a été handicapé par une faiblesse en matière d'économie", selon ce chercheur. "La mauvaise communication a contribué à son échec et le chef du gouvernement sortant a été défaillant" en politique étrangère, a-t-il rappelé, citant le triste exemple de cette image montrant l'échange froid d'une poignée de main de Poutine, le président russe, avec Saâd Eddine El Othmani. "Les Marocains se sont vus mal représentés" à cet instant.

"Les élections du 8 septembre se sont déroulées sans anicroche avec un taux de 50%, a souligné le politologue, ajoutant que le Maroc est devenu le pays le plus démocratique dans le monde arabo-musulman en surclassant la Tunisie".

Pour lui, la victoire du RNI, n'a pas été une surprise. Et d'ajouter que "ce parti a mené une campagne assez offensive avec des moyens importants et une modernité dans la méthode". "Leur chef, a-t-il dit, dégage une certaine empathie, et c'est très important", a observé Adnan Debbarh.

Ce dernier a mis en exergue la nomination par le souverain de Aziz Akhannouch en tant que Chef de gouvernement conformément à l'article 47 de la constitution. "Vu la nouvelle carte électorale, Aziz Akhannouch peut former rapidement son gouvernement. Parce qu'il dispose de deux partis politiques derrière lui, qui adhèrent au même niveau que lui au nouveau modèle de développement et qui n'ont pas un problème de programme".

La deuxième question importante, selon Adnan Debbarh, est de savoir si le Chef de gouvernement va opter pour un gouvernement avec le PAM et l'Istiqlal et s'offrir une majorité confortable". Le politologue pense néanmoins que cette "démarche n'est pas appropriée pour la démocratie parlementaire": il vaut mieux avoir un gouvernement fort et ramassé, et à côté une opposition solide, a-t-il préconisé.

Par Chakir Alaoui et Mohammed Boukouyane
Le 12/09/2021 à 18h25