Vidéo. La CDT célèbre la fête du travail sous le signe des contestations

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La Confédération démocratique du travail (CDT) a connu une célébration du 1er mai particulièrement significative. La confédération a été la seule centrale à refuser de signer l'Accord social. Argument: certaines de ses revendications n'ont pas été prises en considération.

Le 01/05/2019 à 16h51

Ce mercredi 1er mai, rue Abdellah El Médiouni, dans le vieux quartier de Derb Omar au centre-ville de Casablanca, des militants, réunis par milliers, sont déjà en train de scander différents slogans contestataires de la CDT.

Au siège historique de la centrale syndicale, Khalid Houir Alami, le secrétaire général adjoint de cette formation syndicale est catégorique: la CDT a bien fait de ne pas signer le pacte social, conclusion d'un long et chaotique dialogue social, lequel est jugé "incomplet".

Pour ce syndicaliste, «il n’est pas question de limiter le rôle des formations syndicales au simple accord final, la constitution nous donne également un rôle consultatif, nous garantissant le droit de proposition, sans parler du rôle historique que nous devons jouer dans la conservation des droits acquis».

Pour la CDT, «après avoir retardé et détruit le dialogue social pendant 8 ans [soit depuis le avril 2011, Ndlr], le gouvernement a proposé un pacte social que la CDT a refusé de signé en se retirant lors de la dernière session du dialogue social».

Ce militant de longue date explique ainsi que «la CDT refuse d’être en accord avec un gouvernement qui ne respecte pas ses engagements», et insiste sur le fait que ce pacte, qui comprend «une relecture du code du travail, demandée par les chefs d’entreprises, vers une plus grande flexibilité» est à exclure compte tenu de la fragilité de l’emploi.

«Au moment où l’on milite pour l’emploi des jeunes, un nouveau projet concernant les contrats à durée déterminée (CDD) est en cours de proposition, et cela ne jouera pas en faveur de la pérennité de l’emploi», se désole Khalid Houir Alami.

Troisième élément de désaccord, la question fiscale. La CDT a proposé de «revoir le taux d’imposition sur le revenu ainsi que d’en exempter les personnes à la retraite», une proposition qui a été refusée par le gouvernement.

Pour Khalid Houir Alami, «il est amusant de voir les centrales syndicales parler, hier, d’une soi-disant étape historique, avant de dire qu’il est dommage de ne pas avoir inclus la question fiscale et l’engagement gouvernemental du 26 avril [2011]». Ce sont précisément ces revendications qui ont poussé la CDT à ne pas signer le Pacte social.

Retour dans la rue. Au coeur de Derb Omar, la foule des militants se fait de plus en plus dense, les retardataires rejoignant la place principale de ce quartier, où la Confédération démocratique du travail a décidé de rassembler sa base.

Rencontrée lors de la marche, M. jeune enseignante et ex-contractuelle, témoigne sur sa situation professionnelle: «le gouvernement nous [les enseignants-cadres, ex-contractuels, Ndlr] a invité à reprendre les cours pour relancer négociations. Nous avons donc repris les cours lundi [25 avril, Ndlr] pour démontrer notre bonne volonté, et travailler avec les élèves leurs examens avenir. Nous espérons que notre démarche ne sera pas vaine et que le gouvernement respectera son engagement à reprendre le dialogue». 

A la CDT, d'obédience de gauche, il n'est décidément pas question de se féliciter de l'Accord social social. 

Par Oussama El Bakkali et Khadija Sebbar
Le 01/05/2019 à 16h51