Vidéo. Marrakech. World policy center: pour Laurent Fabius, le Maroc joue un rôle pionnier dans le climat

Le360

Le 14/10/2019 à 12h34

VidéoA Marrakech, pour le World Policy Center, le débat en plénière «climat et environnement» a été animé par Laurent Fabius, président du Conseil constitutionnel français, ancien président de la COP21, et par Patrick Pouyanné, PDG du pétrolier Total. Les deux intervenants ont salué le rôle du Maroc.

Cette session en plénière du World Policy Center du Groupe OCP a été animée autour des thématiques de «l’Environnement et [du] climat» par Laurent Fabius, ancien Premier ministre, locataire de Matignon sous l'un des deux mandats de François Mitterrand. L'actuel président du Conseil constitutionnel français a aussi été l'ancien président de la COP 21, qui avait eu lieu à la fin de l'année 2015 à Paris. Laurent Fabius est longuement revenu sur l’objectif de baisse des émissions de CO2, ou de gaz à effet de serre, que les pays s'étaient fixés lors de la COP 21. 

Malheureusement, a-t-il souligné, s’il y a eu des avancées, «la courbe des émissions de CO2 ne s’inverse pas et la situation tend même à s’aggraver avec un réchauffement de la planète encore plus inquiétant».

«Il faut agir dans tous les domaines pour réduire les émissions de CO2», a affirmé Laurent Fabius, et pour cela, il faut la volonté des dirigeants politiques de la planète.

Cette volonté est aujourd'hui mise à mal avec la décision de retrait de l'accord scellé lors de la COP 21, par le président américain Donald Trump. Les dirigeants du Brésil, de l’Argentine et de la Russie ne sont pas, eu non plus, tenus par les engagements de la COP21.

Laurent Fabius a insisté sur le fait qu'il fallait utiliser les outils technologiques adéquats pour réduire les émissions du CO2. A ce titre, il a souhaité qu’on arrête la construction de centrales produisant de l'électricité grâce au charbon, dont la durée de vie varie entre 40 et 50 ans. 

Autre invité d'importance lors de cette session plénière: Patrick Pouyanné, PDG de Total, qui a souligné que «chaque Etat pens[ait] à l’énergie de manière égoïste du fait d'une volonté de sécurité énergétique».

De même, pour le PDG de Total, «les citoyens veulent un accès à l’électricité et ce, à des tarifs abordables». Pour les pays qui se développent, la priorité est la croissance et la réduction de la pauvreté. Et de fait, a expliqué Patrick Pouyanné, l’accent est souvent mis sur l’énergie la moins chère, le charbon. C'est pourquoi le charbon, tant décrié à cause de la pollution atmosphérique dont il est à l’origine, représente encore 27% du mix énergétique.

Concernant le rôle des compagnies pétrolières dans les émissions de gaz à effet de serre, principal responsable du réchauffement de la planète, pour Patrick Pouyanné, «80% de la production pétrolière mondiale est le fait d'entreprises publiques». Donc, les Etats ont les pouvoirs d’agir sur celles-ci, s’ils le souhaitent. 

Pour lui, si on veut réduire les émissions de CO2, il faut agir contre la déforestation, et mettre aussi l’accent sur les énergies renouvelables. Patrick Pouyanné a également souligné que ces dernières ne peuvent pas inverser la tendance de la courbe des émissions de gaz à effet de serre. «Il faut investir un trilliard de dollars pour y arriver», a-t-il souligné, ce qui pose évidemment un problème de financement. 

Par ailleurs, les nouvelles technologies de l’information ne sont pas également, comme certains le croient, non polluantes. Selon le PDG de Total, «le digital représente entre 3 et 4% des émissions du CO2, soit plus que l’aérien et le maritime».

Tout en soulignant que le pari de la COP21 en matière de réduction des émissions du CO2 est impossible à réaliser, Patrick Pouyanné a souligné que son groupe s'était engagé sur une baisse de 15% de ses émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2030, mais Total refuse tout engagement au-delà de ce seuil, que son PDG explique par le fait que des bouleversements pourraient intervenir d’ici là.

Par Moussa Diop et Abderrahim Et-Tahiry
Le 14/10/2019 à 12h34