Villes sans bidonvilles: l’aveu d’échec du gouvernement

En 16 ans, le programme "Villes sans bidonvilles" a permis a plus de 300.000 familles de bénéficier d'un logement salubre.

En 16 ans, le programme Villes sans bidonvilles a permis a plus de 300.000 familles de bénéficier d'un logement salubre. . DR

Revue de presseKiosque360. Lancé en 2004, le programme de lutte contre les bidonvilles n’arrive pas à atteindre ses objectifs. Pire, le nombre de familles logeant dans ces «habitats» continue d’augmenter, de l’aveu même du ministre de tutelle.

Le 28/06/2018 à 22h35

Les pouvoirs publics ont beau vanté le nombre de villes déclarées sans bidonvilles ces dernières années, il n’en demeure pas moins que la stratégie gouvernementale dans ce domaine est loin d’être une réussite. Et c’est le ministre de tutelle lui-même qui le reconnait cette fois-ci.

Dans son numéro du vendredi 29 juin, Al Ahdath Al Maghribia rapporte qu’Abdelahad Fassi Fihri, ministre de l’Aménagement du territoire, de l’urbanisme, de l’habitat et de la politique de la ville, reconnait que le programme de lutte contre les bidonvilles connait des difficultés qui entravent leur exécution. Cet aveu a été fait lundi dernier, selon la publication, devant les membres de la commission de l’Intérieur, des collectivités locales, de l’habitat et de la politique de la ville du Parlement.

Parmi les difficultés majeures figure, selon le ministre, l’augmentation continue du nombre de familles concernées par le programme lancé par l’Etat dans ce cadre, la difficulté de répondre favorablement à leurs doléances ainsi que le refus de plusieurs d’entre elles de déménager. Ceci sans parler, bien entendu, de la nécessité de mobiliser le foncier destiné au relogement des familles et qu’il est souvent compliqué à mobiliser. C’est d’ailleurs par cet argument que le ministre a justifié la persistance des bidonvilles dans les grandes villes comme Casablanca et Rabat où le foncier libre se fait justement de plus en plus rare.

Al Ahdath Al Maghribia ajoute que dans l’argumentaire présenté par Abdelahad Fassi Fihri devant les parlementaires figure également l’accès difficile au financement. Les familles, qui doivent généralement faire des apports ou financer une partie du coût du bien dans lequel elles doivent être relogées, accèdent difficilement au crédit bancaire. De plus, il semblerait, selon le ministre, que certains partenaires du programme de lutte contre les bidonvilles n’aient pas respecté leurs engagements.

A noter que selon les chiffres dévoilés par le responsable gouvernemental, il y avait à fin mai dernier 419.699 familles concernées par le programme, soit une hausse de 55% comparativement à 2004, année durant laquelle il a été lancé. A ce jour, 277.583 familles ont bénéficié du relogement, tandis que plus de 144.000 attendent toujours.

Par Fayza Senhaji
Le 28/06/2018 à 22h35