1.495 mineurs sous les verrous: le Maroc à la recherche de solutions alternatives

Mohammed Abdennabaoui.

Mohammed Abdennabaoui. . DR

Revue de presseKiosque360. Le ministère public plaide pour des solutions alternatives à l’incarcération des mineurs, confrontés à la loi. L’idéal serait de les garder dans leur famille ou sous un contrôle judiciaire, en attendant l’arrivée des peines alternatives.

Le 13/11/2019 à 22h43

Au Maroc, 1.495 enfants mineurs sont actuellement en détention, selon des chiffres révélés en 2018. 3.300 autres, qui sont en situation difficile, ont été confiés à des centres de protection pour l'enfance.

Des chiffres alarmants, qui contrastent avec les progrès réalisés par le Maroc dans le domaine de la protection de l’enfance, indique le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son édition de ce jeudi 14 novembre. C’est pour cette raison que les services concernés examinent actuellement des alternatives au placement en détention de ces «enfants en contact avec la loi».

Il est en effet question de trouver des solutions à la situation de ces enfants, en dehors du ressort classique de la justice, basée sur la répression et des sanctions, conduisant à une privation de liberté, affirme le quotidien.

Ainsi, d’après le président du ministère public, Mohamed Abdennabaoui, qui intervenait lors d’une rencontre organisée sur ce sujet, les mécanismes de la justice devraient, au contraire, rechercher l'intérêt supérieur de tous les enfants en contact avec la loi, qu'ils soient des victimes, en conflit avec la loi ou en situation difficile ou de négligence de la part de leurs parents. Et ce, estime-t-il, afin de réaliser ce qu'on appelle une "justice amie des enfants, dans laquelle les systèmes de justice interagissent avec les besoins des enfants", explique le quotidien arabophone.

Le président du Parquet général, qui intervenait en présence notamment de l’ambassadrice de l’Union Européenne à Rabat et de la représentante de l’Unicef au Maroc, a souligné qu’il était nécessaire d’adapter la procédure judiciaire aux circonstances particulières de l’enfant et à son intérêt supérieur. Une situation qui implique le maintien de cet enfant dans sa famille, ainsi que dans un environnement qui le protégerait naturellement.

Ces mesures permettraient d'éviter le placement de cet enfant dans les centres de protection, de réforme ou de privation de liberté. C’est que, estime Mohamed Abdennabaoui, chaque séparation du milieu familial exposerait cet enfant à de multiples préjudices et menacerait son avenir.

Le président du ministère public, toujours cité par Al Ahdath Al Maghribia, a également souligné que, dans certains cas, les circonstances font que l’enfant s'éloigne de sa famille pour des raisons en lien direct avec ses relations avec sa famille, si celle-ci n’est pas en mesure de défendre l'intérêt supérieur de cet enfant, ou lorsque cette famille est inexistante pour de multiples raisons.

Ce sont ces situations, d'ordre divers, qui amènent les autorités à rechercher des solutions alternatives, "amies de l'enfant", selon les dires de Mohamed Abdennabaouiet, des solutions qui respecteraient sa vie privée. Cette démarche, a-t-il affirmé, entrent dans le cadre d'une "justice réparatrice".

Mohamed Abdennabaoui a également estimé que le placement des enfants en "contact avec la loi", dans des institutions, ainsi que dans les établissements pénitentiaires, devrait intervenir en dernier recours.

Aussi, souligne le quotidien, est-il nécessaire d'examiner les différentes alternatives aux peines privatives de liberté. On pourrait ainsi envisager des mesures de contrôle des mineurs délinquants, en attendant que le législateur fournisse d'autres mécanismes, tels que des travaux d'intérêt général... Vaste programme...

Par Amyne Asmlal
Le 13/11/2019 à 22h43