Archéologie: 62 outils en os pour fabriquer des vêtements, vieux de 90.000 ans, découverts dans une grotte au Maroc

Fouilles archéologiques dans une grotte de la plage des Contrebandiers, à Témara, au Maroc, en 2009.

Fouilles archéologiques dans une grotte de la plage des Contrebandiers, à Témara, au Maroc, en 2009. . CNN

Des archéologues de l'Institut allemand Max Planck ont découvert, dans une grotte de la plage des Contrebandiers, à Témara, 62 outils en os, datés entre 90.000 et 120.000 ans. Ils étaient utilisés dans la production de cuir et de fourrure et semblent être les premières traces connues de vêtements fabriqués par les hommes.

Le 17/09/2021 à 12h32

Selon une étude publiée dans la revue iScience, des archéologues de l'Institut germanique Max Planck pour la science de l'histoire humaine, ont annoncé hier, jeudi 16 septembre, avoir découvert dans une grotte de la plage des Contrebandiers à Témara, 62 outils fabriqués en os, qu'ils ont pu dater entre 90.000 et 120.000 ans.

Ces outils, expliquent les scientifiques, étaient utilisés dans ces temps préhistoriques dans le traitement de peaux animales pour les transformer en cuir et en fourrure.

Selon cette même équipe d'archéologues, les outils qui ont été découverts dans cette grotte paraissent être la plus ancienne preuve connue que des hommes préhistoriques fabriquaient des vêtements.

Toujours selon cette même étude, «Homo sapiens est apparu pour la première fois il y a plus de 300.000 ans en Afrique, puis s'est propagé dans le monde entier. L'avènement du vêtement a été une étape importante pour l'humanité, reflétant une évolution culturelle et cognitive».

Ces 62 outils fabriqués à partir d’ossements d'animaux ont permis aux archéologues d’identifier certains animaux du biotope de ces temps reculés: renards de sable, chacals dorés et chats sauvages. Les hommes préhistoriques qui vivaient dans cette grotte procédaient à l’enlèvement de la peau de ces trois espèces de carnivores afin de les traiter pour en faire de la fourrure, et non une viande comestible. 

D’après ces mêmes chercheurs, ces artefacts laissent à penser que d'autres peaux animales ont été utilisées pour fabriquer du cuir, alors que dans cette même grotte, des os d'animaux ressemblant à des bovins présentaient des marques différentes, suggérant par là que ces hommes préhistoriques chassaient ces bêtes pour leur viande.

Pour l'archéologue Emily Hallett de l'Institut Max Planck, principale auteure de cette étude publiée iScience, «les vêtements et la fourrure étaient probablement nécessaires à l'expansion d'Homo sapiens dans les habitats froids au cours du Pléistocène», c'est à dire entre 2 580 000 années et 11 700 années avant notre ère. 

Aujourd’hui, d’autres preuves de l’expansion d’Homo Sapiens à travers le monde apparaissent dans différents sites archéologiques de la planète.

«98 outils, datant de 40.000 ans, fabriqués à partir d'os d’éléphant, ont récemment été découverts en Italie et pourraient avoir été utilisés pour lisser le cuir», a précisé Emily Hallett.

Selon cette archéologue, «les outils en os du Maroc ont la forme d’une spatule, et étaient exploités pour retirer le tissu conjonctif, d’autant plus qu’aujourd’hui, des outils en os similaires sont encore utilisés par certains artisans du cuir». 

Enfin, il faut savoir qu'au-delà de 100 000 ans, la fourrure, le cuir et d'autres matières organiques ne sont généralement pas préservés. C'est ce qui explique qu’aucun vêtement préhistorique n’a été retrouvé dans cette grotte de la plage des Contrebandiers, et donc que la nature des vêtements confectionnés reste inconnue.

Par Yousra Adli
Le 17/09/2021 à 12h32