Arme de séduction massive

Fouad Laroui. 

Fouad Laroui.  . DR

Le djihadisme comme arme de séduction massive ? On se frotte les yeux. Et pourtant, l’affaire est parfaitement authentique.

Le 22/04/2015 à 12h48

En général, les avocats ne manquent pas d’aplomb. On se souvient de ce baveux parisien qui, ayant à défendre un homme qui avait tué son père et sa mère, essaya d’amadouer les jurés en soulignant que son client était désormais orphelin…

J’ai pensé à cette histoire en lisant le compte-rendu d’audience du procès d’un Marocain accusé, au Pays-Bas, d’avoir fait allégeance au pseudo-calife Iznogoud, d’avoir menacé le monde entier et d’avoir préparé des attentats.

Son avocat a eu le front de proposer l’explication suivante : son client, appelons-le Abdelmoula, réside de façon illégale aux Pays-Bas, où il exerce des petits boulots, à droite et à gauche. Il est timide, scrofuleux et laid comme un pou (la cour peut constater cela de visu), il bégaie ou peut-être zozote-t-il. Bref, mesdames-messieurs, soyez honnêtes : quelle chance a-t-il d’emballer une vertueuse jeune femme avec qui faire sa vie – et accessoirement obtenir une carte de séjour et, dans un jour lointain, un beau passeport couleur grenat aux armes du royaume batave ? Aucune chance, mesdames-messieurs, aucune !

« Donc mon client, le pauvre Abdelmoula, a eu l’idée de se confectionner une image de valeureux guerrier pour se faire remarquer sur Internet par une Daouia ou une Ibtissam des polders, pour l’impressionner par ses déclarations martiales, pour la séduire par son intransigeance de djihadiste voué à la destruction de l’Occident pervers. Il y aurait eu échange de messages, le romantisme aurait petit à petit pris la place des décapitations et des lapidations, et, le moment venu, un rendez-vous dans un café d’Amsterdam aurait scellé l’amour éternel entre Abdelmoula et Daouia (ou Ibtissam ou Boulboula, on se fiche bien des prénoms tant que la marchandise est conforme). »

Le djihadisme comme arme de séduction massive ? On se frotte les yeux. Et pourtant, l’affaire est parfaitement authentique. Un type nous terrorise pour régler ses problèmes personnels et l’avocat y voit des circonstances atténuantes. Moi, j’y vois plutôt des circonstances aggravantes. Pour la peine, Abdelmoula devrait être envoyé chez Iznogoud pour y chercher l’âme-sœur, et nous laisser vivre en paix...

Par Fouad Laroui
Le 22/04/2015 à 12h48