Bab Sebta ou le calvaire à deux facettes

DR

Revue de presseKiosque360. A Bab Sebta, la classe ouvrière réclame aux autorités la réouverture des frontières. En attendant, plusieurs ressortissants marocains attendant, depuis 5 mois, de pouvoir enfin fouler le sol national.

Le 18/08/2020 à 20h18

Dans le lot des mesures préventives adoptées par les autorités marocaines pour freiner la propagation du coronavirus, la fermeture des frontières avec Sebta est l’une des plus controversées. Selon le quotidien arabophone Al Ahdath Al Maghribia dans son édition du mercredi 19 août, cette décision a notamment eu pour effet la mise au chômage forcé de milliers de travailleurs, en plus du blocage de Marocains qui attendent depuis 5 mois de fouler à nouveau le sol national. 

En dépit du rapatriement massif des citoyens marocains bloqués dans le conclave espagnol durant le mois de ramadan, de nombreux ressortissants se trouvent toujours immobilisés à Sebta. Le journal explique qu’aucune initiative n’a été prise, depuis près de 5 mois, pour tenter de les rapatrier. 

Des témoignages recoupés auprès de diverses sources, à Sebta, relèvent qu’environ 40 personnes, dont une écrasante majorité de femmes, squattent désormais chez des amis et proches après avoir occupé un terrain de sport de la ville, avec l'aval des associations caritatives et banques alimentaires.

Le journal rapporte que les autorités marocaines basées à Fnidq, censées en principe rapatrier sans exception les ressortissants marocains bloqués à Sebta, sont loin d’avoir accompli leur mission. Le choix parfois non justifié des personnes rapatriées se pose toujours avec acuité. «Plusieurs candidats au rapatriement ne remplissaient pas les conditions, tandis que d’autres ont été privilégiés et sont passés devant les femmes âgées et des personnes souffrant de maladies chroniques graves», s’indigne le journal.

Les travailleurs exigent, pour leur part, un laissez-passer pour pouvoir rejoindre leur lieu de travail de l’autre côté de la frontière. Issus pour la plupart de la classe ouvrière (auxiliaires à domicile, serveurs…), ils réclament aux autorités la réouverture de la frontière pour récupérer leur seule source de revenus. Les principaux concernés expliquent comment leur vie a basculé du jour au lendemain depuis la fermeture des frontières, d'autant que la plupart soutiennent financièrement leur entourage. 

Al Ahdath note également que cette catégorie de travailleurs n’a bénéficié d’aucune aide étatique pour faire face à la crise sanitaire. Ce qui a poussé un certain nombre d’entre eux à manifester leur colère pour attirer l’attention sur leur situation socioéconomique. Or, il y a à peine quelques mois, ils assuraient une rentrée importante de devises. 

Par Khalil Ibrahimi
Le 18/08/2020 à 20h18