Casablanca: bus déglingués, mauvaise gouvernance et des millions de dirhams partis en fumée

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Revue de presseKiosque360. L’option de gestion déléguée dans le secteur du transport urbain à Casablanca, sans contrôle et sans respect des cahiers de charges, a conduit la ville droit dans le mur. Des dégâts matériels, d’énormes budgets engloutis et une calamité pour l’environnement.

Le 21/07/2019 à 21h22

La gouvernance adoptée par la mairie de Casablanca dans le secteur du transport urbain est aujourd’hui sur la sellette. Selon une étude, dont les résultats ont été présentés à Casablanca, ce modèle de gouvernance, lancé en 2004, a occasionné des dépenses faramineuses sans pour autant offrir à la métropole des services de transport urbain à la hauteur des ambitions de ses habitants et de ses visiteurs.

Dès le démarrage du chantier, il s’est avéré que le cahier des charges n’a pas été respecté et que l’entreprise délégataire n’a pas honoré ses engagements, mettant en circulation des bus déglingués d'occasion, et révisant chaque fois à la hausse les prix des tickets, rapporte le quotidien Assabah dans son édition de ce lundi 22 juillet.

C’est ainsi que la situation s’est dégradée au fil des années, fait remarquer le quotidien, en dépit des subventions, (700 millions de dirhams), accordées par le ministère de tutelle. Ce constat hallucinant, dressé par l’étude en question, a imputé la responsabilité à la commune urbaine de Casablanca et les autres communes ayant signé les conventions relatives à cette formule de gestion déléguée sans accompagner le processus par des mécanismes de contrôle et de suivi.

Même la révision du contrat qui devait avoir lieu au bout de trois ans n’a pu être concrétisée puisque la commission compétente ne s’est réunie qu’une seule fois en 2008. C’est dire que l’autorité délégante n’a pas assumé ses responsabilités. La même étude, poursuit le quotidien, a révélé que l’entreprise «M’dina Bus», délégataire de ce secteur, a démarré en 2004 avec 320 bus, dont 110 déjà utilisés, pour couvrir 42 lignes. Au bout de quatre ans, la situation financière de l’entreprise était au bord de la faillite, menaçant la suspension de ce service public. Ce qui a poussé les décideurs à intervenir en opérant une augmentation du capital de l’entreprise avec l’entrée de la Caisse de dépôt et de gestion (CDG).

En dépit de cette formule de sauvetage, l’entreprise n’a pas assuré la couverture du réseau. Sur les 154 lignes inscrites dans le cahier des charges, M’dina Bus ne couvrait que 75 lignes. Et c’étaient les plus rentables, a précisé l’étude. La flotte n’était que de 866 bus dont 770 déjà utilisés. En termes d’investissement, l’entreprise n’a pas également respecté ses engagements, puisqu’elle n’a investi que 660 millions de dirhams, alors que le cahier des charges indiquait 1 616 millions de dirhams. Autant dire que la différence est de taille. Ce qui fait dire au quotidien qu’il s’agit d’un cas d’échec qui interpelle à plus d’un titre.

Par Mohamed Younsi
Le 21/07/2019 à 21h22