Casablanca: un dimanche comme les autre au CHU Ibn Rochd

Porte d'entrée principale du CHU Ibn Rochd, à Casablanca.

Porte d'entrée principale du CHU Ibn Rochd, à Casablanca. . DR

Revue de presseKiosque360. Le service des urgences offre un spectacle des plus habituels, un nombre impressionnant de patients, des agents de sécurité débordés, mais qui font néanmoins la pluie et le beau temps, et des salles de soin quasi désertes.

Le 28/07/2019 à 21h46

Tout change, les visages et les saisons, sauf la réalité de l’hôpital universitaire Ibn Rochd de Casablanca. Le brouhaha de la foule dans les couloirs contraste avec le silence dans les services, en raison de l’absence des cadres et du personnel médical.

Dans ce CHU, ce sont les agents de sécurité qui font la loi, constate le quotidien Assabah qui a publié un reportage sur le service des urgences de cet établissement hospitalier dans son édition du lundi 29 juillet. Ce sont eux qui ont le premier et le dernier mot, précise le quotidien.

En effet, en l’absence d’un staff administratif et médical censé recevoir et orienter les malades, ce sont les agents de sécurité qui assument cette mission hautement délicate au sein des urgences. Ce faisant, tantôt ils crient et vocifèrent, tantôt ils essaient de calmer les patients, inventant le plus souvent des excuses bidon pour éviter des tensions. Dans pareille situation, les patients n’ont d’autres alternatives que de prendre leur mal en patience, en tentant tant bien que mal, non pas d’exiger leur droit à l’hospitalisation, mais de gagner la sympathie de ces vigiles et éventuellement un droit d’accès aux soins. 

Ces derniers n’ont d’ailleurs qu’une seule question au bout de la langue: «Qu’avez-vous?». C’est en fonction de la réponse du patient qu’ils décident soit de l’orienter vers d’autres services ou de l’envoyer poireauter parmi la foule, dans une salle d’attente archicomble. L’attente peut s’éterniser, en effet, le seul médecin de service étant de facto débordé.

Ainsi, souligne le quotidien, seuls ceux qui hurlent plus fort que les autres peuvent avoir droit à une consultation. C’est d’ailleurs ce qu’a confirmé au journal une femme qui a accompagné un proche blessé dans une rixe du quartier. « Il a fallu que je crie fort pour que l’une des infirmière daigne apporter les premiers soins au blessé qui risquait, sinon, de se vider de son sang», a-t-elle déclaré au reporter du journal. «J’ai fait de même pour obtenir une promesse de l’agent de sécurité de nous faire entrer en premier chez le médecin», a-t-elle ajouté.

Mais il semble que ce dernier ait oublié sa promesse, ce qui lui valu un rappel à l’ordre assourdissant. D’autres cas sans doute recommandés par des membres du personnel de l’hôpital ont, en effet, pu avoir accès avant elle à la salle de consultation. Cela étant, poursuit le quotidien, le service des urgences n’est pas le seul à se retrouver dans cette situation. Celui de la radiologie, par exemple, est tout aussi fortement sollicité, mais là l’atmosphère est un peu moins crispée. Le comportement des agents reste toutefois le même, mépris et indifférence, souligne le quotidien.

Cependant, relève Assabah, dans le bureau de l’infirmier en chef, la seule personne en charge du service de radiologie en ce jour, c’est le calme total. Les salles d’examen sont en effet désertes, les médecins et le personnel médical sont absents. Il faut dire, insiste le quotidien, que leur présence ne serait d’aucune utilité puisque la plupart des appareils ne fonctionnent pas. En fait, précise un agent de sécurité, l’un de ces appareils, le plus important, n’est simplement pas branché. Et ce, pour faire des économies dans le cadre d’une politique d’austérité menée par la direction de l’hôpital.

Par Amyne Asmlal
Le 28/07/2019 à 21h46