Coronavirus: voici pourquoi 705 personnes seulement ont été testées au Maroc

Sur un site administré par le ministère de la Santé, le décompte de la situation épidémiologique du coronavirus au Maroc est régulièrement mis à jour (Capture d'écran, au 23 mars 2020). 

Sur un site administré par le ministère de la Santé, le décompte de la situation épidémiologique du coronavirus au Maroc est régulièrement mis à jour (Capture d'écran, au 23 mars 2020).  . DR

Le ministère de la Santé affiche, ce lundi, sur le portail dédié au Covid-19 un dernier bilan faisant état de 571 personnes testées négatives. Si on les additionne aux 135 cas confirmés pour l’heure, cela donne un total inférieur à 1000 tests de Covid-19 effectués au Maroc. Faut-il en avoir peur?

Le 24/03/2020 à 08h00

Ce site, administré par le ministère de la Santé, à l'adresse suivante: http://www.covidmaroc.ma, est sans doute l’un des plus consultés, en ce moment, au Maroc. Sur la page d’accueil, une infographie affiche, en ce lundi 23 mars à 14h30, le nombre de cas positifs (134), de patients guéris (3), de malades décédés (4) et aussi de personnes testées négatives au Covid-19 (571). Ce dernier nombre interpelle tout particulièrement certains internautes qui ont pu s'aventurer sur cette page.

Cela signifie en effet que si l’on additionne les cas avérés et ceux qui ne sont pas malades du Covid-19, on obtient un total de seulement 705 personnes qui ont fait jusqu’à présent l’objet d’un test de dépistage à une éventuelle contamination au coronavirus au Maroc. Un nombre très peu élevé, si on le compare au nombre de tests du Covid-19 qui sont quotidiennement effectués dans d’autres pays.

«Ce chiffre est bas parce qu’il ne s’agit, à ce stade, que de prélèvements auprès de contacts ayant été en relation avec des personnes déjà contaminées par le virus, qui ont ramené la maladie de l’étranger», explique cette source gouvernementale, interrogée par Le360. Cette source rappelle que «la procédure mise en œuvre n’a pas jusqu’ici adopté un dépistage général» de l’ensemble des personnes présentant des symptômes apparentés au Covid-19.

A une question posée par Le360, soulignant que certains patients contaminés au cours du week-end dernier sont établis au Maroc et n’étaient pas de retour de l’étranger, cette source reconnaît l'existence de cas d'origine locale, mais écarte la possibilité de la mise en place de tests de dépistage à plus large échelle.

La raison, estime cette source, réside dans le fait que «les moyens et les structures de la santé sont limités», et ajoute que beaucoup de patients qui ne présentent pas des symptômes alarmants, tels une détresse respiratoire, ne sont pas pris en charge dans les hôpitaux. Ces patients sont placés à l’isolement à leur domicile «avec la consigne qu’ils seront pris en charge si leur état nécessite une hospitalisation et que les analyses confirment la contamination», explique cette source. 

«Le nombre des cas négatifs devrait en principe augmenter lorsque la contamination se propage à partir de foyers {d’épidémie de coronavirus, Ndlr}, or la situation n’a pas encore atteint ce stade», conclut cette source.

Une source médicale, qui a requis l’anonymat, salue les mesures draconiennes qui ont été prises par l’Etat de façon anticipée. Cette source s’inquiète toutefois du très petit nombre de tests effectués jusqu’à présent au Maroc, et n’écarte pas l’existence de «foyers dormants».

«Il est tout de même surprenant que la région de Beni Mellal-Khenifra, qui abrite des villes et villages d’où sont originaires de nombreux MRE vivant en Italie, soit épargnée {3 cas seulement y ont été déclarés positifs au Covid-19, Ndlr}».

Cette source médicale précise que si des tests venaient à être effectués de façon généralisée dans l’ensemble des communes urbaines de cette région, «davantage de cas positifs seraient déclarés». Et d'ajouter: «le confinement va certes réduire la propagation du virus, mais il n’agira pas à rebours sur les personnes déjà contaminées».

Ce professionnel de la santé n’écarte pas une recrudescence de décès au Maroc dus à l’épidémie de coronavirus, même si la présence du virus, le SARS-CoV-2, ne pourra être détectée par un médecin légiste que post-mortem.

Ce soignant insiste sur la nécessité d’observer une distanciation sociale, «unique mesure qui immunise, jusqu’ici, contre le Covid-19».

Par Mohamed Chakir Alaoui
Le 24/03/2020 à 08h00