Covid-19 au Maroc: les contaminations sont en hausse, mais la situation reste maîtrisée

Une infirmière s'apprête à administrer un vaccin contre le Covid-19, à Salé.

Une infirmière s'apprête à administrer un vaccin contre le Covid-19, à Salé. . Fadel Senna / AFP

Les indicateurs de circulation du Covid-19 sont en hausse. Rien qu’hier, vendredi 10 juin 2022, le Maroc a recensé 1.090 cas sur un total de 8.200 tests effectués, soit un taux de positivité de 13,29%. Le taux d’incidence a également augmenté. Faut-il s'inquiéter? Trois experts répondent.

Le 11/06/2022 à 14h03

Au Maroc, la situation épidémiologique se caractérise par un passage de la circulation communautaire du Covid-19 du niveau de vigilance «vert faible» au niveau «orange intermédiaire», notamment dans les grandes villes. Les indicateurs de circulation du Covid-19 ont augmenté cette semaine, dépassant même le seuil des 1.000 cas de contaminations vendredi 10 juin.

Joint par Le360, le Dr Saïd Afif, membre du Comité national technique et scientifique consultatif de vaccination, a mis en garde contre la montée des cas de Covid-19, précisant que cette hausse récente du nombre d'infections est principalement liée au relâchement constaté dernièrement, mais aussi à la propagation de l’Omicron, et de ses sous-variants, notamment le BA.5, qui est plus contagieux.

Le Dr Afif insiste, par ailleurs, sur le respect des mesures barrières, notamment le port du masque dans les milieux clos. Il fait également savoir qu’il est aujourd’hui essentiel de compléter son schéma de vaccination, notant que pour les plus de 60 ans, plus de 2 millions de personnes n'ont pas encore reçu la troisième dose (booster).

Il ajoute que jusqu’à présent, la situation sanitaire est maîtrisée, précisant que seulement 0,4% des lits de réanimation sont occupés en raison du Covid-19, soit 23 cas pris en charge, mais que d’un autre côté, le taux de positivité a augmenté à plus de 13% après avoir été situé à moins de 1%, il y a quelques semaines. La vigilance est donc de mise, notamment à l’approche de l'Aïd al-Adha, qui se caractérise par la multiplication des rassemblements.

Un avis partagé par le Dr Tayeb Hamdi, médecin généraliste et chercheur en systèmes et politiques de santé, qui fait observer que les indicateurs de la propagation du virus s’inscrivent en hausse, notamment pour ce qui est du taux de positivité, du nombre de cas déclarés et du R0. Les indicateurs de gravité sont, de leur côté, stables (décès, personnes prises en charge en réanimation).

Il fait observer que cette hausse des cas était prévisible, tout en alertant sur le fait que la population à risque, soit les personnes âgées de plus de 60 ans ou celles ayant des maladies chroniques, et pas triplement vaccinées, doit être plus vigilante, notamment dans les espaces clos, où la circulation du virus est derrière 80% des contaminations, contre 15% dans les espaces clos aérés et 5% à l’extérieur.

De son côté, Jaâfar Heikel, épidémiologiste, spécialiste en maladies infectieuses, signale que cette hausse du taux de positivité doit être interprétée avec prudence. Il faut donc l’analyser en fonction du nombre de tests effectués, mais aussi en termes du profil de ceux ayant effectué ces tests.

Il explique qu’il y a beaucoup d’entrées et de sorties du Maroc (mouvements de population), mais qu’il s’agit également de la période des fêtes et des rassemblements. Le profil de ceux qui se font tester a changé.

Il ajoute que cette hausse s’explique également par l’immunité vaccinale qui a baissé chez les personnes ayant précédemment reçu leur dose booster, qui sont désormais plus exposées au virus, ainsi que par la circulation de l’Omicron qui est plus transmissible. Il ne faut pas trop s'inquiéter, mais en revanche, il faut rester vigilant et prudent.

Ce médecin relève aussi que nous sommes passés à une phase d’endémie, soit une persistance d’un phénomène de santé à long terme. Il signale également que les indicateurs de létalité, d’hospitalisations, de cas graves et de taux d’occupation des lits de réanimation n’ont pas connu de hausse. La plupart des cas détectés sont donc soignés à domicile et en ambulatoire. Ce qui est rassurant...

Par Hajar Kharroubi
Le 11/06/2022 à 14h03