État d’urgence: des comportements "honteux" qui interpellent la conscience juridique, sociale et sanitaire

Les forces de l'ordre veillent au respect du confinement.

Les forces de l'ordre veillent au respect du confinement. . DR

C'est à une guerre sans merci que se livre l'humanité toute entière, contre un ennemi invisible mais commun en ces temps: le nouveau coronavirus (SARS-CoV-2).

Le 16/04/2020 à 13h54

Cet "invité" indésirable a pris pied dans presque toutes les parties du monde, sans "discrimination" aucune, provoquant au passage le déploiement d'une myriade de mesures à l'échelle mondiale dans l'ultime objectif de contre-carrer l'avancée d’un ennemi redoutable.

Face à cet adversaire, qui a mis à rude épreuve les équipes médicales et des Etats à la pointe du progrès, les pays du monde ont sorti la grosse artillerie et brandi "leurs armes" préventives, le but étant de circonscrire le nombre de décès qui ne cesse de s’accroître.

Dans une approche avant-gardiste et proactive, le royaume a pris une série de mesures de précaution, notamment la fermeture de l'espace aérien, des écoles et mosquées, l'annulation des manifestations culturelles et sportives, et la déclaration d’un état d'urgence sanitaire qui exige du citoyen de faire preuve de citoyenneté, de responsabilité et de discipline.

Cependant, un partie des citoyens n’ont pas pris au sérieux la gravité de la situation, faisant fi de la mise en application de ces mesures, qui pourtant visent à préserver l'intérêt individuel et commun et à éviter le mal.

Comme en une journée normale, loin de cette situation exceptionnelle, un grand nombre de personnes investissent toujours des marchés, des quartiers et des routes, sans précaution aucune, tout en exposant leur vie et celle des autres à un danger réel, et sans tenir compte que ce comportement est passible de prison et d'amendes.

A ce sujet, les chiffres sont révélateurs. Selon la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN), quelques 30.898 personnes ont été controlées sur la voie publique, dont 16.791 déférées par la suite devant les parquets compétents après la procédure de la garde à vue, et ce, depuis la déclaration de l'état d'urgence sanitaire par les pouvoirs publics.

Parmi les mesures de prévention adoptées, les autorités publiques avaient décidé de l'obligation du port de masques de protection sous peine de sanctions prévues par la loi. Sur ce volet aussi, des comportements provocateurs et irresponsables ont été observés. Des individus placent le masque de protection sous leur menton ou sur leur front, au lieu de bien le placer pour se protéger et protéger les autres.

De même, d'autres personnes, dépourvu d'un sens du civisme, et cachées derrière leurs écrans, se sont enfoncées dans le “marécage” de la propagation d'allégatioons et de fake news, faisant fi des efforts déployés par le pays, et préférant semer la confusion dans l'esprit des citoyens. D’autres ont également voulu profiter de cette situation particulière, tels des “marchands de la misère”. Par leur égoïsme, ils veulent à tout prix empocher encore plus de gains et s’enrichir, sans éprouver un quelconque sentiment de citoyenneté, ou de solidarité humaine pour le moins.

Pour M. Abdelhafid Idmino, professeur de droit public à l’université Mohammed V de Rabat, le non-respect du confinement par certaines personnes s’explique notamment par l’ignorance du danger que pose le Covid-19, et ses répercussions psychologiques et sociales sur le malade et son entourage.

Cette insouciance, qui reste isolée, nécessite un effort supplémentaire en matière de sensibilisation, particulièrement dans les milieux ayant enregistré un taux élevé de violation de la loi, a expliqué M. Idmino.

L’implication des médias régionaux, notamment les radios et certaines chaînes de télévision privées est importante, a-t-il estimé, ajoutant que ces acteurs peuvent mettre en exergue les vertus du confinement et du respect des procédures en vigueur aussi bien sur l'individu que sur la société.

Pour M. Idmino, le soutien financier direct reversé aux familles "ramedistes" et "non-ramedistes", opérant dans le secteur informel, est une occasion importante, pour une meilleure cohésion sociale et l'égalité à l'accès à des services essentiels, dont celui de la santé.

De son côté, M. Abderrahman Skatch, théologien et chercheur en sciences de la Charia, a rappelé que l’Islam a toujours protégé l'être humain dans de telles situations. Il a même priorisé la vie humaine à la religion, en cas de menace mortelle.

Les directives de l'Islam, en cas de propagation d'épidémies, appellent à l'adoption de la mesure dite de la "quarantaine", qui consiste à isoler les personnes atteintes de celles qui ont été épargnées, a affirmé M. Skatch, ajoutant que le non respect des mesures de l’état d’urgence est une menace à la vie, qui est, en soi, interdite par la religion.

Pour ce chercheur en sciences de la Chariâ, ces mesures qui ont accompagné l’état d’urgence, dont la quarantaine et l'interdiction des déplacements inter-urbains pour endiguer la propagation du virus, sont autorisées par l’Islam en ce genre de situation.

Vu que la religion a préservé la vie humaine à travers des mesures de quarantaine lors de précédentes épidémies de l'histoire humaine, l'Islam a réaffirmé l’importance de la propreté et de se laver constamment, a encore indiqué M. Skatch.

Par Abdelhakim Khirane (MAP)
Le 16/04/2020 à 13h54