Étude aux États-Unis: un think tank analyse le cas du Maroc, dans sa gestion réussie de la pandémie du Covid-19

Un praticien de santé tient une dose d'un vaccin anti-Covid-19, au cours d'une opération de vaccination des troupes et des officiers de la Marine royale.

Un praticien de santé tient une dose d'un vaccin anti-Covid-19, au cours d'une opération de vaccination des troupes et des officiers de la Marine royale. . Saad Zouhri / Le360

La Brookings Institution, un think tank à Washington, a examiné, dans une récente étude, la gestion de la pandémie depuis un an, qui a été faite par trois pays: le Maroc, la Tunisie et la Jordanie. En voici les grandes lignes.

Le 24/03/2021 à 15h35

Le think tank américain, dont la mission est de mener des recherches approfondies qui débouchent sur de nouvelles idées pour résoudre les problèmes auxquels la société est confrontée aux niveaux local, national et mondial, rappelle dans cette nouvelle étude, qu’un an après la déclaration de l’urgence sanitaire à travers le monde, certains pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient s'en tirent relativement bien.

En effet, ils sont en effet six parmi les 20 pays qui ont administré le plus de vaccins anti-Covid-19 pour 100 habitants: «Israël, avec 103,6 doses pour 100 habitants; les Émirats arabes unis, avec 66,9 doses; Bahreïn, avec 33,6; le Maroc, avec 15,6; Qatar, avec 13,4 et la Turquie, avec 13,2», énumère cette étude.

Un examen plus attentif du cas du Maroc révèle que celui-ci s’inscrit parmi «les premiers pays les plus performants de la région MENA [qui] ont bénéficié dès le début de mesures fortes et proactives», soulignent les auteurs de cette étude, en rappelant toutefois que ces pays ont ensuite eu du mal à contrôler l'épidémie au cours de la deuxième vague et ce, en raison d’assouplissements des restrictions, afin de relancer leur économie. 

Une réponse initiale forte, la clé du succèsEt si le Maroc est aujourd'hui confronté au défi de sécuriser et d'administrer des doses de vaccin à une majorité de sa population pour limiter la propagation de l'épidémie et les pertes en vies humaines, le think tank rappelle que le premier challenge relevé par le Royaume a été d’apporter une réponse adéquate à un système de santé publique et une économie qui ne pouvaient pas supporter les pressions d'une épidémie prolongée.

«Pendant la période initiale de la pandémie, entre mars et septembre 2020», estime Brookings, le Maroc a «bien géré l'urgence médicale, grâce à des réponses sécuritaires et de santé publique fortes et proactives».

En conséquence, par rapport à bon nombre de ses voisins régionaux, le Maroc, a «maintenu un nombre relativement faible de cas et de décès pendant la phase initiale de l'épidémie», indique l'étude, s’inscrivant ainsi, avec la Tunisie et la Jordanie, parmi «les trois des pays les plus performants de la région MENA en termes d'infections et de décès, se comparant favorablement aux leaders mondiaux tels que l'Australie et la Corée du Sud», avec des «nouvelles infections quotidiennes au Maroc pour un million d'habitants [qui] ont également été contrôlées et n'ont jamais dépassé 40 [cas] avant septembre 2020».

Et d’attribuer ce succès marocain à une forte réponse initiale en matière de sécurité et de santé publique, l’une des plus strictes de tous les pays de la région avec la déclaration d’un état d'urgence national dès mars 2020, la fermeture des frontières et la suspension des vols, la fermeture des écoles, l’imposition d’un couvre-feu, l’interdiction des rassemblements publics, la mise en œuvre d’un verrouillage général obligatoire et l’imposition d’une distanciation sociale stricte. 

Ce que Brookings qualifie de «force majeure», c’est bien la «coordination institutionnelle efficace» mise en oeuvre au Maroc dans sa réponse au Covid-19 avec la création en mars 2020 de deux comités dont le but était de traiter respectivement les dimensions sanitaire et économique de la pandémie. Ces comités sont parvenus «à conseiller le régime sur la politique économique et sanitaire, y compris sur l'obtention précoce des doses de vaccin», expliquent les auteurs de cette étude.

Les défis de taille à venir S’agissant de la campagne de vaccination, le think tank américain rappelle qu’à ce jour, «193 pays ont commandé plus de 20 milliards de doses de vaccins à livrer d'ici la fin de 2021», or, «en comparaison, la capacité de production de tous les vaccins sur cette période s'établit à 9,2 milliards de doses».

L’étude explique ainsi que «cela signifie que de nombreux pays devront attendre un à deux ans pour vacciner la majorité de leur population et contrôler la propagation de l'épidémie».

Dans l'intervalle, il est donc à prévoir que «la hausse des infections et des décès va étirer les systèmes de santé publique de ces pays au-delà de leurs capacités et mettre à mal leurs économies déjà fragiles», préviennent les rédacteurs de cette étude. 

Dans le cas du Maroc, «qui a sécurisé de manière préventive les stocks de vaccins et a déjà vacciné 5,7 millions de personnes (sur un objectif de 25 millions) en six semaines environ», expliquent-ils, le risque est donc d’être «confronté au problème de l'épuisement des stocks de vaccins et de la difficulté à accéder à de nouveaux stocks». 

En conclusion, l’étude de Brookings prévoit qu’une fois l’épidémie maîtrisée, le gouvernement marocain, au même titre que ceux de la Tunisie et de la Jordanie devront «allouer davantage de ressources à la santé publique, investir dans la formation de plus de personnel médical, agrandir les services d'urgence et les unités de soins intensifs, augmenter le nombre de lits d'hôpitaux, améliorer les données et la surveillance, mettre davantage l'accent sur la prévention, et adopter des réformes qui s'attaqueront aux inégalités régionales en matière de soins de santé». 

Par Zineb Ibnouzahir
Le 24/03/2021 à 15h35