Farid Belkahia s'en est allé, le monde de l'art endeuillé

Brahim Taougar - Le360

L’un des grands précurseurs de l’art contemporain marocain vient de nous quitter en cette nuit du jeudi 25 septembre. Le Maroc vient ainsi de perdre, avec le départ du grand artiste plasticien Farid Belkahia, l’un des plus prestigieux représentants de la scène artistique nationale.

Le 26/09/2014 à 06h53

L’un des grands précurseurs de l’art contemporain marocain vient de nous quitter en cette nuit du jeudi 25 septembre. Farid Belkahia est décédé, à Marrakech, à l'âge de 80 ans des suites d'une longue maladie. Le Maroc vient ainsi de perdre, avec le départ du grand artiste plasticien Farid Belkahia, l’un des plus prestigieux représentants de la scène artistique nationale. Né le 15 novembre 1934 à Marrakech, Farid Belkahia s’en est allé, laissant le pays endeuillé et le monde de l’art, auquel il a largement contribué à donner ses lettres de noblesse, cruellement orphelin. Ses confrères manifestent déjà, en cette nuit de jeudi à vendredi, sur les réseaux sociaux, leur profonde tristesse. 

Ce grand passionné d’art, qui a commencé à peindre à l’âge de 15 ans à peine, a exposé très tôt, dès 1953, années où ses œuvres ont été présentées pour la première fois, dans sa ville natale. Farid Belkahia se rendra ensuite à Paris, de 1954 à 1959, pour poursuivre ses études à l’école des Beaux-Arts de Paris. De retour au Maroc en 1962, l’artiste dirigera, jusqu’en 1974, l'école des Beaux-Arts de Casablanca, avant de se consacrer pleinement à son art. Et cet artiste au talent et à l’originalité incomparables se distinguera très vite par sa griffe unique. Travaillant le cuivre, la peau, le bois, privilégiant les pigments naturels sur des toiles où symboles berbères se mêlent à d’autres signes graphiques universels, Farid Belkahia insuffle à l’art une âme furieusement neuve et rebelle, réinventant sans cesse le langage où il semble mettre en scène sa propre peau, la mémoire, les parfums d’humus, les tatous de henné qui y sont restés gravés, indélébiles.Une grande perte, oui, que celle de ce grand homme qui militait déjà, en 1966, avec la Revue Souffles, pour un art nouveau dédouané de l’héritage colonial et organisera en 1969, avec d’autres artistes de sa génération, sur la place Jamaâ El Fna, une grande exposition ou, plutôt, contre-exposition, visant à contrecarrer l’exposition de Printemps qui se déroulait au même moment dans la ville rouge. Un grand défenseur de l’art. Un grand artiste qui marquera l’histoire à jamais tant il a interpellé et émerveillé, par-delà les frontières. Farid Belkahia restera éternel. 

Farid Belkahia est considéré comme l’une des grandes figures des arts plastiques en Afrique et dans le monde arabe. Le prestigieux musée national d’art moderne (Paris), dit musée du Centre Pompidou, vient d’acquérir une des œuvres de l’artiste qui a été révélée au public dans l’exposition "Modernités plurielles". Le musée Al Mathaf à Doha lui consacre une salle. Connu également pour son intérêt aux espaces publics, Belkahia a réalisé plusieurs sculptures monumentales. La dernière est dressée sur la bifurcation de l'autororoute qui conduit à Marrakech et l'entrée du périphérique de Casablanca. La dernière exposition-événement de Farid Belkahia a été organisée par la galerie l'Atelier 21 en décembre 2013 à Casablanca.

Par Bouthaina Azami
Le 26/09/2014 à 06h53