La crise a du bon

Fouad Laroui. 

Fouad Laroui.  . DR

Finalement, ça a du bon, cette histoire d’afflux de migrants. Le Hollandais moyen s’aperçoit que les Marocains sont bien plus proches de lui qu’il ne l’imaginait. Encore quelques vagues migratoires et on sera les meilleurs copains du monde, les Bataves et nous…

Le 14/10/2015 à 11h00

Avec ce soudain afflux de migrants en Europe, depuis quelques mois, voilà que les immigrés de longue date font maintenant figure de voisins familiers qu’on ne remarque plus ou qu’on commence à regarder autrement, à apprécier même. Autrement dit, ces Syriens et ces Érythréens qui apparaissent soudain à la gare centrale d’Amsterdam, hagards, demandant leur chemin en mauvais anglais, jetant à droite et à gauche des regards étonnés, sont en train de promouvoir l’intégration des Marocains au pays des tulipes. Étonnant, non ?

Voici quelques exemples qu’on a rapportés ici et là ou dont j’ai personnellement été témoin.

Un Érythréen boit sa bouteille de Coca-Cola au goulot, sur un boulevard de Rotterdam, puis la jette par terre et s’éloigne tranquillement. Ce sont peut-être des choses qu’on fait là-bas mais pas ici ! Trois jeunes Marocains ramassent la bouteille en rigolant, rattrapent le gars et la lui fourrent dans la main en lui montrant une poubelle à quelques pas. Éberlué, un peu honteux, l’enfant d’Asmara va jeter l’objet dans la poubelle sous le regard de quelques autochtones blonds et blancs qui n’ont rien perdu de la scène.

Une famille syrienne monte dans le tram, s’emmêle collectivement les pinceaux, encombre le passage, ne comprend rien aux questions du conducteur qui veut leur vendre les billets idoines mais ne sait comment se faire comprendre. Pas de panique! Une Naïma maroco-hollandaise, au foulard coloré et à la langue bien pendue, s’interpose, traduit dans tous les sens, fait des gestes, explique, apaise. Problème réglé. Sous le regard de quelques autochtones blonds et blancs qui n’ont rien perdu de la scène (bis).

Deux marlous des Balkans embêtent une jeune fille qui tente de passe en vélo entre eux, sur la voie cyclable (sur laquelle ils n’ont rien à faire, d’ailleurs). Deux forts du Rif, eux aussi en vélo, poussent une gueulante en direction des balkanais qui, après avoir jaugé les deux Rifains, s’en vont, penauds. Tout cela sous le regard de quelques autochtones blonds et blancs, etc. (vous voyez maintenant le tableau).

Finalement, ça a du bon, cette histoire d’afflux de migrants. Le Hollandais moyen s’aperçoit que les Marocains sont bien plus proches de lui qu’il ne l’imaginait. Encore quelques vagues migratoires et on sera les meilleurs copains du monde, les Bataves et nous…

Par Fouad Laroui
Le 14/10/2015 à 11h00