La vérité sur le présumé enlèvement de Ouafae Charaf

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Le parquet a décidé de poursuivre en état d'arrestation, Ouafae Charaf, activiste du Mouvement du 20 Février et SG adjointe de l'AMDH de Tanger, pour avoir dénoncé un enlèvement qui n'a pas eu lieu. Le360 met la lumière sur une affaire sortie d'une fertile imagination.

Le 17/08/2014 à 23h36

Ouafae Charaf, activiste du Mouvement du 20 février et SG adjoint de l'Association marocaine des droits de l'homme (AMDH) à Tanger, a monté de toute pièce le scénario de son enlèvement et de sa séquestration. Les enquêteurs ont pu démonter ses allégations en examinant l'historique de son téléphone et la géolocalisation de l'appareil au moment où elle a prétendu être entre les mains de ses ravisseurs, mais aussi en se basant sur les multiples contradictions entre ses déclarations et celles des membres de sa famille, a appris Le360 de sources judiciaires.

Le procureur du roi à Tanger, Mohamed Faris, a décidé, vendredi 11 juillet, de poursuivre en état d'arrestation Ouafae Charaf, qui a prétendu avoir été enlevée et séquestrée, devant le tribunal de première instance de Tanger, pour dénonciation d'un crime qui n'a pas eu lieu. Cette décision a été prise suite aux conclusions de l'enquête menée par la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ) qui a battu en brèche les allégations de l'activiste en se basant sur les données de ses deux lignes téléphoniques et les contradictions relevées entre sa déposition et les déclarations des membres de sa famille, selon nos sources. Le scénario était d'apparence bien ficelé: Ouafae Charaf en déposant sa plainte a déclaré avoir été surprise et maitrisée par derrière par ses deux ravisseurs, que ses yeux ont été bandés par un troisième et qu'un quatrième était au volant. Selon nos sources, c'était une parade pour ne donner aucun détail sur la physionomie des assaillants, ni sur le véhicule à bord duquel elle dit avoir été embarquée et encore moins fournir des informations sur l’itinéraire emprunté par ce véhicule. Les mêmes sources ajoutent qu'elle a pris soin de se faire des ecchymoses sur les bras, mais nulle part ailleurs. Des ecchymoses qu'elle a affirmé avoir eu en essayant de se protéger des gifles de ses kidnappeurs.

Charaf a déclaré qu'après le sit-in ouvrier, du 27 avril, elle s'est dirigée vers la station de taxis de Béni Makada où elle a été enlevée. Nos sources affirment qu'à cet endroit massivement fréquenté, un enlèvement n'aurait laissé personne indifférent. Un courtier de grands taxis et un vendeur de sandwichs, qui se trouvaient sur le lieu du présumé enlèvement, ont déclaré n'avoir rien vu et aucune information n'a circulé sur la place à propos d'une opération pareille. L'activiste a déclaré que ses ravisseurs, après l'avoir rouée de coups, couverte d'insultes et menacée de mort, l'ont débarquée à Gzenaya d'où elle a pris un petit taxi que sa mère a payé à son arrivée à la maison. Il s'avère, selon nos sources, que les petits taxis ne desservent pas la région de Gzenaya et que la mère a effectivement payé un petit taxi mais qui a transporté sa fille de Béni-Makada, a reconnu la mère de l’intéressée.

L'activiste a aussi affirmé que son téléphone a été jeté par ses ravisseurs par terre et qu'il s'est cassé mais l'examen de l'historique de son téléphone a révélé qu'elle a utilisé ce même téléphone et qu'il a été localisé ailleurs qu'a Gzenaya où elle se disait séquestrée. Elle a prétendu que son père l'a réparé quand elle est rentrée à la maison mais le père a signalé par la suite qu'il n'est rentré qu'à une heure tardive de la nuit et que sa fille était déjà couchée. Toujours à propos de téléphone, les enquêteurs ont pu établir que l'activiste surfait sur internet via un autre téléphone, qu'elle avait déclaré auparavant avoir laissé à la maison et dont personne ne connait le code PIN au moment même elle prétendait avoir été séquestrée. L’enquête a démontré que Ouafae Charaf a publié un appel de détresse sur Facebook en se faisant passer pour sa soeur Zahra Charaf. Cette dernière demandait à ses amis des nouvelles sur sa soeur Ouafae, alors que celle-ci avait déclaré aux enquêteurs que personne n'était au courant de son enlèvement et de sa séquestration.

Ce n'est pas la première fois que des militants de l'AMDH se trouvent impliquées dans ce genre d'affaires. Si cette ONG bénéficie d'une certaine crédibilité au niveau national et international, les récentes affaires remettent sévèrement en cause cette aura. L’AMDH est en train de cumuler les approximations et les erreurs. Il est temps que cette association non gouvernementale fasse un travail d’autocritique si elle veut conserver le peu de crédibilité qui lui reste.

Par Fatima Moho
Le 17/08/2014 à 23h36