Laftit veut traquer les pharmaciens fantômes

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Revue de presseKiosque360. C’est un secret de polichinelle, un grand nombre de pharmaciens n’exercent pas dans leurs officines. Des rapports parvenus au ministre de l’Intérieur dénoncent les pharmaciens fantômes qui se sont convertis dans l’immobilier ou dirigent leur pharmacie de l’étranger.

Le 05/04/2019 à 22h13

Les autorités locales dans les provinces et préfectures ont adressé des rapports au ministre de l’Intérieur, Abdelali Laftit, dans lesquels elles dénoncent les pharmaciens qui ont déserté leurs officines. Ces derniers se sont adonnés à d’autres métiers et ont cédé leurs pharmacies à des proches qui n’ont aucune relation avec cette profession.

Le président du conseil national de l’ordre des pharmaciens, Hamza Guedira, a déclaré que cette instance a envoyé une lettre au ministère de l’Intérieur dans laquelle elle lui demande des renseignements et des statistiques sur ces pharmaciens fantômes. Certains s’activent dans la promotion immobilière tandis que d’autres dirigent leur pharmacie à partir de l’étranger.

Pourtant, le cadre législatif de cette profession oblige le pharmacien à être présent dans son officine, faute de quoi il peut faire l’objet de poursuites judiciaires. Des promoteurs immobiliers évoquent une concurrence déloyale d’un pharmacien à Kenitra qui s’est transformé en un magnat dans ce métier. Selon eux, il s’accapare les meilleurs terrains et bénéficie du soutien des autorités de la préfecture et du conseil municipal. Pourtant, ajoutent les mêmes promoteurs, il garde sa pharmacie qui est dirigée par sa femme qui n’a aucune formation dans le domaine.

Le quotidien Assabah rapporte les propos de Hamza Guedira, dans son édition du samedi 6 avril. Ce dernier révèle que «des cas pareils existent malheureusement et nuisent fortement à ce secteur. Pourtant, la loi 17/04 oblige le pharmacien à exercer personnellement sa fonction dans son officine. En cas d’absence, il doit avertir la direction du médicament et de la pharmacie au ministère de la Santé ainsi que les autorités locales». Guedira, qui était pressenti pour devenir ministre de la Santé (USFP), a souligné que l’absence du pharmacien ne doit pas durer longtemps et doit être encadrée par la loi. Et s’il s’absente, il doit être remplacé par un pharmacien diplômé.

Le président de l’ordre des pharmaciens souhaite que les décideurs au sein du ministère de la Santé diligentent des enquêtes sérieuses pour prendre les sanctions nécessaires contre les pharmaciens fantômes. Certains d’entre eux, ajoute Guedira, sont devenus des promoteurs immobiliers ou des vendeurs de voitures, voire des éleveurs d’abeilles.

Les professionnels du secteur sont intrigués par l’attitude de la direction de la pharmacie et du médicament qui garde un silence déconcertant face aux «pharmaciens promoteurs immobiliers». Ils dénoncent aussi leurs collègues qui dirigent leurs pharmacies de l’étranger et précisément de France, des Pays Bas, de Belgique et d’Espagne.

Les professionnels souhaitent que les autorités compétentes ferment les officines de ces pharmaciens fantômes et leur retirent les autorisations d’exercer ce métier. Des décisions qui mettront fin aux dysfonctionnements que connaît cette profession qui affronte des violations juridiques récurrentes, sans oublier l’impact de la réduction des médicaments. Les statistiques montrent, en effet, qu’il existe 12 000 pharmacies réparties à travers le royaume, dont 3 500 sont en passe de déclarer faillite.

Par Hassan Benadad
Le 05/04/2019 à 22h13