Le budget 2022 de la police algérienne est près de deux fois supérieur à celui de la DGSN marocaine

Abdellatif Hammouchi, directeur général de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN).

Abdellatif Hammouchi, directeur général de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN). . DR

En Algérie, la DGSN va engloutir 2,1 milliards de dollars en 2022. La DGSN marocaine, qui bénéficie d’un budget nettement inférieur, estimé à moins de 13 milliards de dirhams (1,4 milliard de dollars), réalise pourtant des exploits et fait figure aujourd’hui de modèle, que ce soit en termes de modernisation de ses services ou d’efficacité.

Le 12/01/2022 à 14h16

La loi de finances algérienne 2022 a accordé un budget faramineux de 295 milliards de dinars à la Direction générale de la sureté nationale (DGSN), soit plus de 2,1 milliards de dollars, constituant ainsi l’une des dépenses publiques les plus importantes de l’exécutif conduit par Aïmene Benabderrahmane.

Ce budget «colossal» est accordé à la police algérienne en dépit d’une conjoncture financière de plus en plus difficile et compliquée, souligne le site d’informations Algérie Part Plus dans un récent article.

D’après cette même source, rien que les salaires des policiers algériens, les prestations familiales et les cotisations à la sécurité sociale, l’entretien du parc automobile, l’acquisition de divers matériels, l’habillement, l’alimentation, le mobilier, ou encore le dressage des animaux et la contribution aux œuvres sociales vont coûter à la DGSN pas moins de 282 milliards de dinars, soit l’équivalent de 2,1 milliards de dollars.

Selon les dispositions de ce budget, 7,2 millions de dollars seront consacrés en 2022 par la DGSN aux frais de formation à l’étranger des policiers algériens. Le parc automobile coûtera, à lui seul, pas moins de 23 millions de dollars. De plus, les tenues et les repas des policiers algériens vont coûter plus de 81 millions de dollars.

Pour rappel, toutes ces dépenses sont à la charge du ministère de l’Intérieur, qui va bénéficier à son tour d’un budget de 4,2 milliards de dollars, ce qui en fait le troisième budget de l’Etat algérien, après ceux de la Défense et de l’Education nationale.

La DGSN au Maroc: plus moderne et moins dépensière…Au Maroc, le budget total alloué au ministère de l'Intérieur s'élève à 41,1 milliards de dirhams, soit l’équivalent de 4,44 milliards de dollars. Cette somme est répartie entre 7,6 milliards de dirhams alloués à l'investissement et 33,4 milliards de dirhams pour le fonctionnement.

Selon nos sources, le budget réservé à la DGSN ne dépasse par les 13 milliards de dirhams. Un montant inférieur de près de la moitié à celui de la DGSN algérienne.

Pourtant, malgré des ressources moindres, la DGSN au Maroc, sous l’impulsion de son patron Abdellatif Hammouchi qui en a pris les rênes en mai 2015, fait aujourd’hui figure de modèle, que ce soit en termes de gestion, de modernisation de ces structures ou d’efficacité en matière de lutte contre toutes les formes de criminalité.

Le nombre impressionnant de projets structurants lancés par la DGSN en 2021 en témoigne: ouverture d'un nouveau siège du laboratoire national de la police scientifique à Casablanca, inauguration de l'école de cavalerie de la police à Kénitra, démarrage du nouveau siège de la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ), construction du nouveau siège de la DGSN sur une superficie de 20 hectares, numérisation du service public de police, généralisation du système d'information dans la gestion des arrondissements de police «GESTARR», ou encore la modernisation globale de l'infrastructure des arrondissements de police.

La DGSN adapte, de manière régulière, la formation de ses femmes et de ses hommes à l’évolution de la criminalité, et des défis sécuritaires en général, pour une meilleure protection des personnes et des biens.

Dans un contexte de ressources limitées, la DGSN donne aussi l’exemple en termes de rationalisation des dépenses. Ainsi, les services de la Sûreté nationale ont enregistré une baisse de 20% en 2021 en matière de dépenses de téléphone, suite à l'adoption de technologies et des techniques de communication numériques à faible coût. Un taux stable de consommation d'eau et d'électricité a également été maintenu, malgré l'entrée en service de plusieurs nouvelles structures, équipées de technologies respectueuses de l'environnement et d’économie en énergie.

La même tendance a été enregistrée en ce qui concerne la consommation du carburant et les dépenses d'entretien du parc automobile, malgré l'équipement des services centraux et décentralisés de la police de 587 nouveaux véhicules au cours de l'année 2021.

… Et plus efficaceSur le plan de l’efficacité des services, le bilan présenté par la DGSN en fin d’année 2021 est tout aussi éloquent. Le taux d’élucidation des crimes et les saisies de cocaïne et de comprimés d’ecstasy ont enregistré des niveaux record au Maroc l’année dernière, grâce à la vigilance et au professionnalisme des hommes d’Abdellatif Hammouchi.

Les saisies de cocaïne ont enregistré des niveaux jamais atteints auparavant avec plus d’1,4 tonne, contre 132 kg saisis en 2020. Les opérations conjointes menées par les services de la Sûreté nationale et de la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST) se sont, elles, soldées par l'avortement du trafic et de la commercialisation de 1.437.362 comprimés psychotropes, dont 53.756 comprimés de type ecstasy, soit une évolution record de plus de 201% par rapport à 2020.

Concernant les autres drogues, 191 tonnes et 158 kg de haschich ont été saisies en 2021, en recul de 12% en comparaison avec l'année précédente, alors que les quantités d’héroïne saisies ont atteint 3 kg, en baisse de 64%.

Une autre prouesse des services de la DGSN réside dans le «taux de réprimande», ou taux de résolution des crimes. Cet indicateur clé pour mesurer l’efficacité de la police, a atteint cette année des niveaux record, dépassant 95% dans l’apparence générale du crime, et 80% dans les crimes associés à la violence.

Au total, les services de la Sureté nationale ont traité, au cours de l’année 2021, 1.153.741 affaires ayant abouti à l'arrestation et la présentation de 1.425.102 individus devant les différents parquets généraux, soit une augmentation d'environ 43% du nombre de personnes déférées devant la justice. Le nombre de personnes recherchées et interpellées a, lui, connu une hausse de 36%, en comparaison avec 2020.

Autres chiffres rassurants: ceux de la criminalité violente, dont les indicateurs sont sur un trend résolument baissier au cours des six dernières années, et qui n'ont pas dépassé la barre de 4% de l'apparence générale du crime en 2021.

La DGSN s’est aussi illustrée en matière de lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale: 38 personnes suspectées d'être impliquées dans des affaires de terrorisme et d’extrémisme ont été déférées au parquet général chargé des affaires de terrorisme.

Les services de Sureté nationale ont également réussi à démanteler 150 réseaux criminels s'activant dans l'organisation de l'immigration clandestine et à interpeller 415 organisateurs et médiateurs et 12.231 candidats à l'immigration clandestine. 752 documents de voyage falsifiés ont été saisis, ainsi que 67 bateaux pneumatiques et 47 moteurs.

Toutes ces réalisations montrent que la performance d’une administration, quelle qu’elle soit, ne dépend pas des seules ressources qui lui sont allouées, mais plutôt de la bonne gouvernance et de l’élaboration d’une vision stratégique, en phase avec les attentes des citoyens. Mais à voir le budget de la DGSN algérienne, l’on ne peut s’empêcher de penser que les 78.146 fonctionnaires de la DGSN marocaine méritent plus de moyens que ce leur octroie la loi de finances. Leurs missions au service des citoyens n’en seront que davantage performantes.

Par Amine El Kadiri
Le 12/01/2022 à 14h16