Le juteux business des plages

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Revue de presseKiosque360. Les concessionnaires des plages privées se plaignent des conditions draconiennes qui leur ont été imposées par les communes. Pire encore, ils accusent les élus d’avoir exigé des dessous-de-table.

Le 15/07/2018 à 22h23

La concession des plages privées par les communes a toujours suscité des polémiques et des accusations de clientélisme, corruption et autres. La saison estivale qui vient de commencer n’échappe pas à la règle, bien au contraire, puisqu’il semblerait que les élus aient été plus gourmands que d’habitude. C’est ce qui ressort des plaintes émises par les concessionnaires qui dénoncent l’ambiguïté des termes des contrats et des conditions très contraignantes, rapporte Assabah qui, dans son édition du lundi 16 juillet, s’appuie sur des documents officiels mis à sa disposition. Le quotidien relève, notamment, que la qualité des offres des candidats et l’arrêt du monopole dont bénéficiaient, depuis des années, certains privilégiés, ont poussé les dirigeants des communes à interdire (oralement) les parasols à quatre pieds et à n'autoriser que l’utilisation des ombrelles semblables à celles des estivants.

Bien plus, les cahiers de charges permettent aux présidents des communes d’annuler les marchés à tout moment et interdisent au locataire d’effectuer des travaux dans l’enclos loué, sauf autorisation préalable. Mais, même en cas d’approbation du président de la commune, il doit céder tout ce qu’il a construit et aménagé à la fin de la période de location sans prétendre à aucune compensation. Pourtant, il est de notoriété publique que les équipements existants sont insuffisants pour accueillir les estivants, surtout pendant le week-end.

Parmi les documents dont dispose notre confrère Assabah, figure un contrat de location de vestiaires, de douches, de toilettes et de parasols à Sidi Bouzid. Le concessionnaire, qui doit exploiter ces équipements du 1er juillet jusqu’à fin décembre, a déboursé 650.000 dirhams. Un montant qui a été approuvé par la commission chargée de l’ouverture des plis et a été consigné dans la trésorerie régionale d’El Jadida sous le numéro 11/18.

Or, malgré le versement de cette somme conséquente par le contractant, le président de la commune l’a obligé à payer les taxes et impôts pour l’exploitation de ce domaine sur une année, bien que la durée de location ne s’étale que sur six mois. Dans le cas d’un conflit entre les deux parties, le gestionnaire délégué ne peut saisir la justice qu’après avoir demandé l’arbitrage des autorités provinciales pour une solution à l’amiable. L’exploitant ne peut en aucun demander la réduction du prix de la location ni cesser de gérer une partie de ce domaine. Il est même contraint d’engager d’autres dépenses en assurant l’entretien de la plage, le paiement des factures d’eau et d’électricité, ainsi que le respect de ce qui a trait à l’hygiène et à la sécurité des lieux.

Le président de la commune peut résilier le contrat sans préavis si l’exploitant s’avère incapable de gérer la plage, s’il procède à une sous-location, ou encore s’il ne respecte pas un ou plusieurs termes du contrat. En cas de résiliation, toutes les cautions déposées par le concessionnaire seront saisies par la commune et aucune compensation ne lui sera accordée.

Par Samir Hilmi
Le 15/07/2018 à 22h23