L’immobilier miné par la corruption et la pratique du noir

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Revue de presseKiosque360. Une étude réalisée par le ministère de l’aménagement du territoire et de l’habitat révèle l’ampleur de la corruption dans le secteur de l’urbanisme et de l’immobilier. Les conclusions de ce rapport épinglent les mécanismes de la gouvernance, du contrôle et du suivi.

Le 15/05/2019 à 19h08

Une étude réalisée par le ministère de l’aménagement du territoire, de l’urbanisme et de l’habitat révèle les «dangers de la corruption dans le secteur de l’urbanisme et de l’immobilier». Un phénomène qui prend plusieurs formes telles «la corruption, le chantage, la fraude, le clientélisme, le transfert des biens et des services publics ». Les résultats de cette étude ont été présentés ce mercredi à Rabat et démontrent que la corruption et le prix de vente non déclaré sont les agissements les plus répandus, selon les 78% des cas recensés. Si le diagnostic montre que la corruption est très répandue dans le secteur de l’urbanisme et de l’immobilier, la recherche sur le terrain révèle une autre donne puisqu’on enregistre un fossé entre le stéréotype et la réalité. Il s’avère ainsi que «la corruption dans ce secteur est un phénomène complexe, dans ses multiples formes et dimensions, selon le contexte et les motivations qui la conditionnent». Les citoyens ne dénoncent pas les cas de corruption qu’ils ont subis, soit parce qu’ils craignent d’être confrontés à d’autres problèmes, soit parce qu’ils croient que la dénonciation ne change rien à leur situation.

Le quotidien Al Massae rapporte, dans son édition du jeudi 16 mai, que 50% des personnes interviewées estiment que les efforts déployés ont permis de circonscrire ce phénomène. D’autre part, plus de 30% des personnes sondées considèrent que les campagnes de sensibilisation sur les dangers de la corruption commencent à donner des résultats. L’étude s’est penchée sur l’identification des dangers dans le domaine de la panification et de la gestion urbaines en procédant à l’élaboration et à l’approbation des documents d’urbanisation, des autorisations et des procédures de dérogation, ainsi qu’à l’exécution et la commercialisation des projets immobiliers. Parmi les conclusions de cette étude, les causes de la corruption dans ce secteur seraient notamment liées à la faiblesse des mécanismes de gouvernance, de suivi et de contrôle.

L’étude relève aussi des carences et des lacunes dans le cadre juridique et organisationnel du secteur de l’urbanisation et de l’immobilier. Sans oublier que les citoyens ignorent, dans la plupart des cas, les procédures, qui ne sont pas respectées lors des opérations d’exécution. D’autres facteurs contribuent à la propagation de ce fléau, notamment l’environnement social et économique des victimes de corruption. Un environnement caractérisé par la précarité et la perte de confiance des citoyens dans les services de l’Etat. Afin de circonscrire ce phénomène, le ministère de l’Habitat et de l’urbanisme a élaboré un plan de travail qui va de pair avec la stratégie nationale de lutte contre la corruption. Ce plan comprend notamment l’amélioration de l’accès à l’information, la consolidation des mécanismes de la gouvernance et la condamnation des corrompus.

Par Hassan Benadad
Le 15/05/2019 à 19h08