Marocains expatriés au Qatar: vous avez dit Eldorado?

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Revue de presseKiosque360. Les Marocains qui travaillent au Qatar vivent dans des conditions certes moins exécrables qu’avant, mais toujours pénibles. Outre l’arnaque des agences d’immigration fictives, ils habitent dans des taudis et sont privés de la couverture médicale et sociale, ainsi que de la retraite.

Le 02/10/2019 à 18h59

Qatar, «l’Eldorado arabe», attire depuis des années les travailleurs du monde entier parmi lesquels on recense des ressortissants asiatiques et arabes, dont des Marocains. Il est vrai que ce petit pays, dont la superficie est deux fois moins grande que celle de la région Casablanca-Settat, a connu un boom économique digne des plus riches nations de la planète. Mais, malgré cette croissance phénoménale, ce pays a connu quelques désagréments, notamment en matière de respect des droits des travailleurs. Outre les conditions de travail précaires, plusieurs migrants ont été victimes d’escroquerie par de fausses agences d’immigration. C’est ce qui est arrivé au Marocain A. Hassan, qui a vendu un lot de terrain issu de l’héritage de ses parents pour s’offrir un visa de travail… au Qatar.

Arrivé à Doha, il a découvert qu’il avait été victime d’une arnaque de la part d’une agence d’immigration fictive qui lui avait délivré un visa de tourisme moyennant 60.000 dirhams. Il a dû errer pendant trois jours et trois nuits dans les rues de la capitale qatarie avant d’être pris en charge par des ressortissants marocains. Hassan n’est pas le seul Marocain à avoir être dupé par ce réseau de faux visas et de faux contrats de travail, nombre de ses compatriotes ayant connu le même sort que lui. D’ailleurs, ces agissements ont fait tant de bruit à Doha que la police qatarie a diligenté des enquêtes qui ont mené à l’arrestation du cerveau de cette bande, un Asiatique secondé par ses acolytes de différentes nationalités arabes.

Le quotidien Al Akhbar rapporte, dans son édition du jeudi 3 octobre, qu’outre l’escroquerie et la fraude, d’autres ressortissants marocains ont été privés de la couverture médicale et sociale, ainsi que de la retraite et autres droits de travail, y compris les enseignants et les agents de police. Des ressortissants ont confié au journaliste d’Al Akhbar qu’ils affrontaient beaucoup de problèmes, voire d’agissements discriminatoires, faute d’une reconnaissance juridique du conseil de la communauté marocaine à Qatar. Ils révèlent notamment que leurs enfants sont scolarisés dans une école tunisienne où ils chantent l’hymne national de ce pays, faute d’écoles marocaines. Mais l’afflux ininterrompu d’étrangers, dans ce petit pays, a créé un autre problème encore plus endémique. Les prix du loyer dans la capitale qatarie ont connu une hausse exponentielle jamais égalée, même dans les plus grandes métropoles mondiales. Du coup, il devient de plus en plus difficile pour les ouvriers et les petits fonctionnaires de trouver un logement décent qui convienne à leurs bourses.

Ils sont, ainsi, obligés de vivre dans une petite chambre ressemblant à une «prison ou à une tombe», ou de renvoyer les membres de leurs familles au Maroc. Une ressortissante marocaine révèle toutefois que, depuis quelque temps, la crise du logement est devenue moins aiguë suite à l’accélération du rythme de construction des logements. L’intervention du Comité national des droits de l’Homme dans la défense des ouvriers a permis d’améliorer les conditions de leur travail. Le comité a notamment édité et distribué un livret en huit langues dans lequel les travailleurs pourront trouver toutes les données concernant les réglementations du travail en vigueur dans ce pays.

Par Hassan Benadad
Le 02/10/2019 à 18h59