Nouveau modèle pédagogique: un enjeu majeur pour l’amélioration de la qualité de notre système éducatif

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Rénover le modèle pédagogique demeure l’un des grands enjeux pour réformer le système éducatif marocain. L’école de demain nécessite une adaptation continue des curricula à l’aune des grands changements que connaît le monde.

Le 01/06/2021 à 13h56

Le "projet 8", qui fait partie du portefeuille des projets de mise en œuvre de la loi-cadre 51.17, s’avère un levier majeur pour renforcer la qualité de notre système éducatif, à travers un modèle pédagogique ouvert, diversifié, performant et novateur.

Qu’entend-on d’abord par modèle pédagogique ?Il s’agit d’un système de pensées qui sous-tendent l’origine logique du choix des méthodes. C’est donc une interaction entre le «pourquoi» et le «comment».

Au Maroc, la rénovation du modèle pédagogique passe par la mise en place d’une nouvelle structuration des composantes de l’école marocaine, à travers l’intégration du préscolaire dans le cycle primaire obligatoire et la mise en place de passerelles entre l’enseignement public et la formation professionnelle, via les parcours professionnels dans le second cycle et la mise en place d’un développement progressif et continu des cursus scolaires et des approches pédagogiques.

Il s’agit également de renforcer les langues officielles et d’augmenter le nombre d’élèves bénéficiaires de l’alternance linguistique ainsi que de renforcer la maîtrise des langues étrangères et ce, conformément aux dispositions de la loi-cadre.

Il s’avère aussi primordial d’augmenter le nombre d’élèves bénéficiaires de la formation technologique et entrepreneuriale ainsi que le nombre d’élèves distingués lors des compétitions internationales (Olympiades), en plus de la rénovation de l’apprentissage des sciences, de la technologie et des mathématiques (STEM).

Plusieurs autres objectifs sont tracés: en l’occurrence l’intégration effective de la culture au sein de l’école marocaine et le renforcement des valeurs de la citoyenneté, de la démocratie, de l’égalité entre les deux sexes au sein du système éducatif ainsi que le renforcement de l’insertion professionnelle avec tout ce que cela requiert en termes de promotion de l’enseignement technique et de la recherche pédagogique ainsi que la stimulation de l’excellence.

Un nouveau modèle pédagogique pour une nouvelle école...Lors d’un entretien, Monsieur Fouad Chafiqi, Directeur des curricula au sein du département de l’éducation nationale (DEN), nous a assuré que ce projet ambitionne la rénovation de l’école publique conformément aux dispositions de la vision stratégique 2015-2030, qui a été déclinée dans la loi-cadre 51.17.

Fouad Chafiqi a expliqué que l’approche adoptée pour élaborer ce modèle pédagogique est conforme aux grands choix sociétaux comme il subvient aux attentes de toute une société vis-à-vis de l’école publique, soulignant par la même occasion, que le débat sociétal soulevé à ce propos s’articule essentiellement autour de questions majeures comme: quel est le modèle d’école auquel nous aspirons? Quel est son rôle dans la société? Et pour quelles résultantes? Seules des réponses tangibles à ces questions, souligne le Directeur des curricula, permettront de définir le modèle pédagogique requis.

Il serait ensuite plus aisé de se pencher sur les matières, les connaissances et les valeurs à y enseigner et à développer au cours de tous les cycles scolaires, ainsi que les curricula et approches et les mécanismes à adopter dans l’acte d’enseignement-apprentissage. Tout compte fait, assure-t-il, ces composantes toutes confondues demeurent sujettes à la rénovation, le développement et l’évolution.

En ce qui concerne le travail d’équipe, en tant que mécanisme cultivant l’esprit d’échange et d’interactivité chez les apprenants, Fouad Chafiqi a souligné qu’il ne s’agissait pas là de la seule option moderne possible à même de développer les compétences personnelles des apprenants et de les adapter aux besoins des acteurs économiques et du marché d’emploi, mais qu'il existait aussi des projets personnels ou collectifs à développer durant quatre semaines ou plus, par exemple, pour les présenter devant ses camarades de classe.

En effet, les démarches pédagogiques nouvelles s’orientent vers la rupture avec les styles et démarches obsolètes. De surcroît, le problème aujourd’hui n’est pas d’avoir l’information mais le plus important est la manière de la traiter et ce que l’on compte en faire, a-t-il affirmé.

A une question relative à la manière suivie pour tirer profit des résultats des recherches scientifiques dans le domaine éducatif notamment celles relatives aux langues, le directeur des curricula au DEN a précisé que l’enseignement des langues conformément aux termes explicites de la loi-cadre 51.17 s’appuyait d’abord sur la nécessité pour l’apprenant de maîtriser de la première année jusqu’au bac les deux langues officielles du pays, l’arabe et l’amazigh, en tant que patrimoine immatériel de tous les Marocains.

Abordant le sujet des langues étrangères, Fouad Chafiqi a indiqué que la langue française jouissait depuis des années d’un «statut avancé», c’est pourquoi elle est enseignée aujourd’hui dans les deux cycles préscolaire et primaire. Toutefois, l’ambition du secteur à moyen terme est de généraliser la langue anglaise au niveau du collège, pour pouvoir par la suite l’introduireau niveau du cycle primaire, notamment dès la quatrième ou la cinquième année.

Ainsi, selon le Directeur des curricula, ces mesures sont en parfaite alignement avec l’architecture linguistique stipulée par la loi-cadre 51.17 et qui prévoit la maîtrise des deux langues officielles, l’arabe et l’amazigh, ainsi que la maîtrise de langues étrangères dont le français et l’anglais ou le français et l’espagnol, sans oublier l’ouverture sur d’autres langues étrangères, au choix, pour les élèves du secondaire qualifiant, telles que le chinois ou l’italien ou encore l’allemand.

Pour conclure, Fouad Chafiqi a insisté sur l’importance de l’adhésion des acteurs éducatifs dans ce grand chantier de réforme pédagogique et sur la nécessité de la compréhension de leur rôle crucial dans la mise en œuvre des changements souhaités. Ne dit-on pas que l’école, c’est l’affaire de tous?

Sur la voie de la digitalisation de l’école !Sans nul doute, le numérique constitue désormais un véritable vecteur pédagogique à la disposition des nouvelles pédagogies d’acquisition de connaissances et de développement des compétences.

Un bref aperçu sur les projets de la loi cadre 51.17, notamment le projet 14, nous permet d’appréhender l’un des projets les plus prometteurs de notre système éducatif, à savoir la promotion de l’usage des Technologies d’Information et de communication dans l’éducation (TICE).

Réussir un tel chantier, à savoir l'intégration des TICE dans tout système éducatif nécessite de manière incontournable l’élaboration d’une ingénierie de formation appropriée, en faveur de l'ensemble des acteurs à même de prendre part à cette opération.

La vision stratégique 2015-2030 évoque avec abondance l’importance d’une stratégie numérique pour venir à bout de tous les défis de l’avenir, non uniquement pour l’école publique marocaine, mais également pour tout un pays qui doit intégrer la société du savoir.

Pour en savoir plus, il a été nécessaire de nous entretenir avec Madame Ilham Laaziz, Directrice du programme GENIE au sein du Département de l’Education Nationale qui d’emblée précise que l’objectif de ce projet reste on ne peut plus clair: l’intégration de notre système éducatif dans l’économie et la société du savoir.

Selon elle, deux objectifs spécifiques sont visés dans le cadre de ce projet, à savoir l’intégration efficiente et préalable des TICE dans les curricula, alors que le second objectif réside dans le développement des compétences des élèves en la matière. Ceci nécessite bien évidemment le déploiement d’un grand effort pour élaborer des ressources numériques appropriées qui couvrent tous les cycles de l’enseignement scolaire.

La tâche est lourde et la volonté est ferme, le DEN entend traduire dans les faits les termes conséquents de la loi-cadre qui stipule l’intégration des laboratoires régionaux et provinciaux de ressources numériques dans la structure des AREF et des directions provinciales. L’objectif étant d’offrir un cadre favorable aux acteurs éducatifs mobilises dans la production et la validation des ressources numériques, dans le déploiement des plans de formation, dans le suivi des équipements et de la connexion des établissements scolaires.

Digitaliser l’école ne peut se réaliser sans un programme scolaire à même d’enrichir les connaissances numériques des élèves. Ceci passe nécessairement, selon la Directrice du programme GENIE, par la diffusion à grande échelle d’une culture numérique et la généralisation de l’enseignement de l’informatique et du multimédia et la sensibilisation des élèves sur l’utilisation saine d’Internet ainsi que l’organisation de caravanes au niveau de toutes les AREF, organisées au début de chaque mois de février, à l’occasion du Safer Internet day.

Il est aussi question d’encourager les élèves bénéficiaires d’ateliers de développement de compétences en matière de TICE, ajoute-t-elle, à plus d’autonomie en la matière, à travers les différents ateliers de programmation et de robotique ainsi que le développement des soft skills.

Les contraintes observées lors de la mise en place de l’enseignement à distance ne doivent pas nous empêcher de considérer cette période comme une opportunité à saisir.

Selon Ilham Laaziz, le passage à l’utilisation des outils numériques requiert obligatoirement de nouvelles compétences qui aident de manière majeure l’élève à maîtriser l’outil et la pédagogie. L’apprenant s’érige en acteur de son apprentissage dans la mesure où il est appelé à s’impliquer davantage dans l’auto-apprentissage, mais le Ministère ne cesse toutefois de consolider l’offre de la formation des enseignants afin de développer ces nouvelles compétences à travers la plateforme de formation à distance e-takwine et dans le cadre des formations offertes par le centre maroco-coréen de formation en TICE (CMCF-TICE).

Pour davantage d’efficience, le DEN entend diffuser sur le portail national de l’intégration des TICE «taalimtice.ma»,les ressources numériques acquises ainsi que celles qui sont libres d’accès mais homologuées par le Ministère en plus de la mise à profit des élèves d’une plateforme numérique «telmidtice.ma», réservée à l’enseignement à distance, enrichie de cours, d’exercices interactifs.

Cette stratégie prometteuse, explique la Directrice du programme GENIE, encourage aussi la réalisation de projets éducatifs numériques de la part des acteurs éducatifs à travers le concours «INNOVATICE» et l’institutionnalisation des produits éducatifs numériques conçus par les enseignants et autres acteurs éducatifs en leur offrant le label VAREN à tous les produits homologués en plus du développement d’un système de gestion de l’apprentissage (LMS) tout en le liant avec le système MASSAR TICE.

Conscient de l’importance des équipements pour réussir ce chantier de l’avenir, le DEN, précise Ilham Laaziz, continuera son programme d’action consistant à doter tous les lycées et collèges de salles multimédias (SMM) et de valises multimédias. Pas moins de 7.000 écoles rurales seront équipées de VMM et connectées à Internet, indique la Directrice du programme GENIE, avant d’ajouter que 12 établissements scolaires primaires et 24 lycées seront également équipés d’un ordinateur et d’un data-show dans chaque salle.

Le projet est colossal et les défis sont énormes mais il est possible de les relever grâce à la mobilisation de tous (acteurs éducatifs, familles, institutionnels, société civile, etc.) car le progrès et l’avenir de notre pays en dépendent largement.

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Le 01/06/2021 à 13h56