Pastèques de Zagora: comment Al Mokri Abou Zaid a encore mis les pieds dans le plat

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Revue de presseKiosque360. Ses propos sur la qualité douteuse de ce fruit ont suscité une polémique. Les producteurs, affolés à l’idée que le labeur de toute une saison pourrait tomber à l’eau, décident de lui intenter un procès. Quant à la pastèque, les analyses ont montré qu’elle ne contient aucun contaminant.

Le 09/05/2021 à 22h26

Quand un fkih se mêle d’un domaine auquel il ne comprend rien, cela peut conduire à une catastrophe. Le député du PJD, Al Mokri Abou Zaid Al Idrissi, vient de nous en donner l’exemple en créant une polémique autour des pastèques de Zagora, rapporte le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son numéro du lundi 10 mai. Abou Zaid, qui n’est pas spécialiste en la matière, a affirmé sans broncher que ce fruit, cultivé dans la région de Zagora, était génétiquement modifié. Ces pastèques auraient même subi des injections d’hormones et c’est de là, d’après lui, que viennent sa couleur rouge vif et son goût sucré prononcé.

Ces propos qui ne reposent sur aucune donnée scientifique ont d’abord suscité l’amusement, puis la polémique et, ensuite, une frayeur aussi bien chez ceux qui vivent de cette culture que chez les consommateurs. Les premiers voient ainsi l’effort d’une saison, avec tous les investissements que cela a nécessité, tomber à l’eau. Quant aux consommateurs, de plus en plus alarmés pour tout ce qui est de la qualité des produits alimentaires, craignent pour leur santé. D’autant, relève le quotidien, que les propos du député et prédicateur islamiste coïncident avec le décès d’une petite fille, à Agadir, pour cause d’intoxication alimentaire. Elle avait consommé, justement, de la pastèque.

Autant dire, souligne le quotidien, que l’impact des divagations du prédicateur est dévastateur. D’après le quotidien, les producteurs -la région de Zagora compte de nombreuses fermes spécialisées dans la culture de la pastèque- ont décidé d’intenter une action en justice. Ils exigent désormais l’ouverture d’une enquête sur cette affaire. Le quotidien souligne que, certes, le fkih du PJD a eu tort de se mêler d’un domaine qu’il ne maîtrise pas mais, d’après une association locale de protection de l’environnement, les cultivateurs de pastèque pourraient bien avoir eu, souvent, la main un peu trop lourd au moment d’utiliser les fertilisants et autres produits phytosanitaires. Mais c’est sans doute par manque d’information et de formation sur l’utilisation de ces produits, précise le quotidien.

Selon les producteurs cités par le quotidien, non seulement Abou Zaid ne sait pas de quoi il parle, mais ses propos pourraient être repris par les concurrents étrangers, ce qui nuirait gravement à cette activité. La région de Zagora, de par la nature de son sol et son climat, a, en effet, cet avantage de permettre la production des pastèques, un fruit estival, à partir du mois de mars. Et la qualité du fruit n’est nullement liée à une quelconque injection d’hormones ou à une hypothétique modification génétique. Par ailleurs, souligne-t-il, l’importation des semences est soumise à un contrôle très strict, notamment de la part de l’ONSSA.

Ce dernier organisme est d’ailleurs catégorique à ce sujet, note le quotidien. La pastèque marocaine est conforme aux normes de sécurité sanitaire des aliments et ne contient pas de contaminants, assure l'Office. Les analyses de laboratoire effectuées, récemment, par ses services le confirment. En effet, les résultats des échantillons analysés, dans le cadre du plan de surveillance et de contrôle de la pastèque durant la campagne en cours (année 2021), ont révélé l'absence de contaminants dans ce fruit, à savoir de résidus de pesticides, de métaux lourds (plomb et cadmium) et de bactéries (salmonelles et coliformes).

Par Amyne Asmlal
Le 09/05/2021 à 22h26