Plus de 93% des femmes violentées ne portent pas plainte, selon Bassima Hakkaoui

DR

Un total de 93,4% des femmes violentées ne portent pas plainte contre leur agresseur, indique ce mardi à Rabat la ministre de la Famille, de la solidarité, de l'égalité et du développement social, Bassima Hakkaoui.

Le 09/07/2019 à 15h06

Seulement 6,6% des femmes victimes de violence ont déposé plainte. Il s'agit, dans leur majorité, de femmes divorcées ou veuves, a expliqué la ministre qui était l'invitée du Forum de la MAP, sous le thème de la "lutte contre la violence à l'égard des femmes: quelle approche?".

Se référant aux résultats de la deuxième enquête nationale sur la prévalence de la violence à l'égard des femmes, Bassima Hakkaoui a souligné que la prévalence de la violence au cours des 12 derniers mois à partir de la date de réalisation de l'enquête (2 janvier - 10 mars 2019) a atteint 54,4%.

Le taux de prévalence des violences est plus élevé dans les zones urbaines, avec un pourcentage de 55,8% des femmes, alors qu'il s'élève à 51,6% dans les zones rurales, a précisé la ministre, relevant que les groupes d'âge les plus vulnérables sont les femmes âgées de 25 à 29 ans (59,8%).

Par formes de violence, la ministre a noté que le taux de prévalence de la violence psychologique a atteint 49,1%, alors que la violence économique est de 16,7 %, la violence physique 15,9% et la violence sexuelle 14,3%.

Cette enquête révèle en outre que 3,2% des femmes adultes âgées de 18 à 64 ans, soit 349.688 femmes au total ont subi toutes les formes de violence, tandis que 12,4% de femmes marocaines ont subi des actes de violence dans l'espace public avec un taux de 66,5% pour la violence sexuelle, 49,1% pour la violence psychique et 33,2% pour la violence physique.

En milieu familial, a poursuivi la ministre, 17,9% des femmes marocaines ont été exposées à la violence, avec une prévalence de 92,2% de violence psychique, 21,5% de violence physique et 2,2% de violence sexuelle.

D'après les premières conclusions de cette enquête, 24,3% des femmes employées ont été violentées en milieu professionnel, alors que 30,9 des femmes divorcées et veuves sont victimes de violences.

L'enquête fait également état de 52,2% de violence conjugale et 54,4% de violence parmi les fiancées, avant leur mariage.

Pour ce qui est de la violence électronique, force est de constater que 13,4% femmes ont déclaré avoir été victimes de cette forme de violence, a-t-elle précisé. Les données obtenues montrent que les jeunes filles qui ont un niveau élevé d'enseignement sont plus vulnérables à ce type de violence.

Dans le même ordre d'idées, la ministre a relevé qu'une nouvelle dynamique a été imprimée à la lutte contre la violence faite aux femmes avec un accent particulier sur l'autonomisation économique des femmes pour leur émergence en tant qu'actrices du processus du développement du royaume.

A cet égard, la ministre a insisté sur la nécessité d'une action de sensibilisation, qui fait d'ores et déjà l'objet d'un partenariat entre le ministère et la société civile, particulièrement les associations œuvrant à la protection des femmes.

Bassima Hakkaoui a affirmé que loin d'être fragmentaire, la vision adoptée dans le traitement de la question de la violence faite aux femmes se veut globale, et cible ce phénomène sous ses différentes variantes et dimensions.

Concerant le travail accompli par son département, la ministre a ainsi souligné que l'accent a particulièment été mis sur une approche conforme aux droits humains fondamentaux, ainsi que sur les nécessaires exigences liées à la cohésion sociale et familiale, à la prévention, la protection et la prise en charge des femmes victimes de violences, sans pour autant laisser pour compte l'aspect juridique et celui de la répression.

Le 09/07/2019 à 15h06