Portrait. De dealer de shit à producteur de vin en Californie, voici l’incroyable histoire de Malek Amrani

Malek Amrani, président et fondateur de "The vice wine company".

Malek Amrani, président et fondateur de The vice wine company. . DR

A 12 ans, il établit un record en devenant le plus jeune Africain à obtenir une ceinture noire en Taekwondo (et deale du shit). A 17 ans, il abandonne ses études de médecine et part aux Etats-Unis. Aujourd’hui, à 33 ans, il est à la tête d’une entreprise vinicole florissante. Voici Malek Amrani.

Le 08/08/2020 à 15h22

Peu de fabricants de vin peuvent se vanter d’avoir une carrière ou un parcours aussi prolifique que Malek Amrani. C’est ainsi que débute un article publié sur le site du prestigieux Forbes Magazine, consacré à ce jeune et brillant Marocain, au parcours atypique.

Très jeune, à l’âge de 11 ans, Malek Amrani perd sa maman. Un drame qui le pousse à grandir précipitamment et à gagner rapidement en maturité: «c’est comme si j’avais dû passer de 11 à 16 ans», explique le jeune Marocain au journaliste de Forbes.

«A 12 ans, je suis devenu le plus jeune Africain à décrocher la ceinture noire en Taekwondo, et je vendais du shit à côté. A l’école, j’étais un peu le «perturbateur», mais j’étais quand même un bon élève, du coup j’ai pu m’en sortir», raconte-t-il.

A tout juste 16 ans, il décroche son baccalauréat et, poussé par son père, pilote de ligne de son métier, choisis d'entamer des études de médecine au Sénégal.

«J’avais de bons résultats, mais c’était pas fait pour moi. J’ai donc élaboré un plan pour partir aux Etats-Unis», explique Malek.

Il a alors 17 ans, et il réussit à obtenir un visa pour les Etats-Unis. «La plupart de mes amis ne m’ont pas pris au sérieux, ils se moquaient en me disant: "tu vas passer un superbe été là-bas, et tu vas revenir pour devenir le plus jeune médecin à 24 ans"», se souvient-il.

Le début de son aventure aux Etats-Unis n’est pas des plus faciles, explique le jeune Marocain. Alors encore adolescent, il a «débarqué à New York avec 150 dollars en poche». Et d'avouer: «j’ai été SDF pendant 6 mois».

Grâce à de faux papiers, qui l'affirmaient plus âgé, il décroche un petit boulot dans l’hôtellerie. Il débute derrière le comptoir, en tant qu’assistant barman, avant de devenir barman. Puis devient serveur, enfin sommelier.

«Avant mes 21 ans j’achetais déjà du vin pour un restaurant haut de gamme franco-japonais situé sur Park avenue», explique Malek.

Cette expérience en tant que sommelier le mène naturellement vers une carrière de commercial dans l’industrie des boissons alcoolisées.

Avant ses 30 ans, le jeune Marocain s'était déjà constitué un portefeuille de clientèle qui générait 35.000 dollars de chiffre d’affaires: «j’ai payé plus d’un million de dollars de taxes avant mes 30 ans», indique-t-il.

En plus de son emploi de commercial, l'ambitieux Malek Amrani lance alors une petite boutique, spécialisée dans l’importation de vins.

En 2012, une idée lumineuse lui vient à l'esprit: fabriquer son propre vin, au lieu de l’importer.

Habitant à New York, il décide de se rendre de l’autre côté des Etats-Unis, sur la côte Ouest, dans la Nappa Valley, en Californie, connue comme étant la région qui produit les meilleurs vins américains. Il se rendait à Nappa vingt week-ends par an: «je décollais de New York le vendredi, à 7 heures du matin, à 11 heure j’étais à Nappa. La plupart du temps, je ne savais pas trop quoi faire. Je suis un "gars" de la rue, je me baladais, je fréquentais les endroits fréquentés par les viticulteurs, pour discuter et construire mon réseau».

A l’époque, Malek Amrani tient encore à rester très discret concernant son projet. Dans l’entreprise où il travaillait, personne ne savait ce qu’il faisait de ses week-ends: «quand on me posait une question sur mon week-end, je répondais Netflix and chill. Je n’étais pas guidé par une science exacte, mais plutôt par la foi, je croyais en mon projet. Chaque pas était un pas vers l’inconnu», explique-t-il.

En 2013, tout en étant basé à New York, Malek avait déjà produit son premier millésime, un Chardonnay qu’il sortira finalement en 2016. Sur l’ensemble de la période où il a habité à New York, le jeune Marocain a produit, en tout, une vingtaine de vins différents.

En 2016, il lance son entreprise, «The Vice Wine company». Dès la première année, il produit 500 caisses de vins. A ce jour, l’entreprise a fabriqué plus de 20.000 caisses de vins, et produit plus de 16 vins différents.

Interrogé par Forbes sur le choix du nom de sa compagnie, Malek répond, non sans humour: «100% de ce qui me rend heureux provient de mes vices».

Sa compagnie est aujourd'hui en pleine expansion, et Malek ambitionne d’ouvrir une salle de dégustation, et de s’ouvrir à de nouveaux marchés, comme la République dominicaine ou encore la Corée du Sud.

Toujours très féru de sport, il s’entraîne actuellement avec l’équipe américaine de triathlon.

Malek Amrani a aujourd'hui quitté New York, la ville qui a marqué le début de son «American Dream». Il vit à Los Angeles, en Californie. Quand il n’est pas sur les routes pour promouvoir ses vins, il se rend dans la Nappa Valley pour travailler avec les viticulteurs à la production de vins, signés "The Vice".

Par Mehdi Heurteloup
Le 08/08/2020 à 15h22